10/09/2025 dav8119.substack.com  8min #289999

L'année des doublons

 Dav

Pendant longtemps j'ai constaté dans ma vie que je devais refaire deux fois les mêmes choses. Et quand je devais en faire deux, ça en faisait quatre, et parfois elles se combinaient, ce qui me plongeait dans un abime de perplexité.

En fait c'est ce qui se passe quand on est coincés dans une boucle. Il y a un malheur dont on on essaie de s'extraire mais de telle manière que cela amène encore le même malheur. Parfois on parle de malédiction familiale quand le même phénomène se reproduit entre les générations, par exemple d'abandonner ses parents ou de maltraiter ses enfants. Ou parfois on voit revenir toujours les mêmes schémas dans les relations.

Tant que la cause réelle d'un problème n'a pas été identifiée et nommée, elle ne cesse de se présenter sous un jour nouveau. Et les moyens d'y réchapper restent ceux qui sont suggérés par ce-même problème.

Cela donne l'occasion de se trouver aux deux pôles successifs d'une contradiction, dans un camp et puis dans l'autre. La nature est ainsi faite.

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Ce qui permet d'échapper aux malédictions est de rompre le cycle. Il s'agit d'abandonner quelque chose de grande valeur ; ce que notamment la malédiction s'acharne à nous arracher en permanence.

Pour autant cet "abandon" n'est pas une résignation, ou une perte de sa foi. Il s'agit de comprendre que ce qu'on abandonne n'est qu'une illusion. L'erreur est d'attacher des sentiments et des émotions à des objets, mais ils peuvent vivre sans eux. On abandonne l'objet, car on sait que nos sentiments peuvent vivre libres, et illuminer n'importe quel autre objet, au quotidien. Donc l'abandon est petit, mais la trouvaille est immense.

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Depuis quelques temps l'histoire se répète, bégaie, et à un si court terme que dans une même année on voit les mêmes choses se reproduire, bêtement, alors qu'on en avait fini avec cette histoire. C'est assez énervant.

On peut prendre l'exemple du "nucléaire iranien", qui n'existe pas parce que les personnes concernées disent bien qu'elles n'en ont rien à carrer d'avoir des armes nucléaires, elles le répètent, le clament sur tous les toits, mais sans cesse on leur tombe dessus en les soupçonnant de vouloir fabriquer des armes nucléaires.

Alors le monstre sanguinaire nommé Trump leur tombe dessus en disant qu'il voit bien leur petit jeu et qu'il va leur péter la gueule. Il les menace, lance des ultimatums, organise des sanctions économiques, et réclame qu'on se soumette. Et tant qu'à faire que soient exterminés ceux qui mentent, selon son opinion du moment.

Cela a conduit à une guerre-éclair de onze jour où Israël s'est fait botter les miches d'une façon telle que si la guerre avait durée onze jours de plus, il n'y aurait plus d'Israël du tout aujourd'hui. Alors du coup ça a calmé tout le monde. Aucune arme nucléaire n'a eu besoin d'être utilisée. La démonstration a été probante.

Et une fois l'affaire tassée, rebelote, le monstre sanguinaire remet ça, en tenant exactement le même discours une deuxième fois, enfin une quatrième fois si on compte son mandat précédent. C'est insupportable !

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De même un président aussi arrogant qu'incompétent, qui confond sa fonction représentative avec une fonction décideuse, où son avis fait loi, a été élu par mégarde, et quand même, malgré qu'il ait empoisonné les gens volontairement, et les a incarcérés chez eux tout en les insultant, il a été réélu. On se demande pourquoi. Et les gens s'étonnent qu'il se soit fâché avec l'intégralité des pays du monde, sauf ceux d'obédience nazie, avec lesquels il est en plein-accord.

Il est clair que les deux pôles du même problème, que sont les partis politiques rangés sur une échelle binaire, ne font que dégoûter les gens pour les pousser dans le camp adverse tout en faisant perdre à chaque élection de nouveaux droits et de nouvelles libertés. C'est un schéma d'érosion permanent, de chute gravitationnelle vers la dictature hallucinée.

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Il est clair que le problème n'est pas là où on regarde, et que d'ailleurs tout est fait pour ne pas laisser aux gens le loisir de regarder ailleurs que vers la scène hypnotique d'un monde en train de s'écrouler.

Le fait-même que le sujet d'actualité principal soit les politiciens eux-mêmes est déjà plus que largement suffisant pour décrire une époque sombre. On ne devrait même pas faire attention à eux, car plus on les critique, plus ils renforcent leur pouvoir auprès des imbéciles et des arriérés mentaux qui voient en eux un moyen de se venger du clan adverse.

Très probablement, après la zone-franche anti-wokisme que nous traversons, la prochaine sera celle d'un wokisme ultra-renforcé, avec l'appui de la loi qui obligera les gens à se travestir, par exemple (mais ce n'est qu'un exemple).

De toutes façons on peut s'attendre à tout, étant donné qu'on est déjà dans l'Absurdistan et que de nombreux sketches comiques sont vite rattrapés par la réalité. Rien n'empêche qu'il devienne obligatoire de tirer sa voiture avec une corde pour réduire la pollution ou d'interdire les claviers pour éviter les choses qu'on n'a pas envie d'entendre. Au point où on est.

Ils n'ont aucune limite, et surtout ils ne mesurent rien des conséquences de leurs actes. Ils n'ont aucun besoin de faire preuve de précaution, puisqu'ils ont tous les droits. Ils n'ont jamais expérimenté la souffrance ou la stupidité, puisqu'il y en a toujours un autre qui paye pour eux.

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La "guerre" à Gaza, qui n'est pas une guerre mais une noyade du faible par le fort, a démarré sur un prétexte fallacieux, et connu comme le dès le premier jour. Puis six mois après on en a fait un grand événement, puis un an après une grande révélation. Un an et demie après, c'était "un fait avéré".

On a tranquillement attendu qu'ils se passent les nerfs et que cela se calme, jusqu'à l'échange de prisonniers, en décembre 2024. Et là, ô surprise, les témoignages des prisonniers. Ceux qui sortaient d'Israël étaient affamés, blessés, exténués, malades, et visiblement torturés, alors que ceux qui sortaient de Palestine étaient en pleine forme, bien habillés, propres, en pleine santé, souriants, et ils remerciaient leurs geôliers pour leur compréhension et leur humanité.

ET DONC la guerre a repris de plus belle. On croyait que c'était fini, il y avait même des gens qui sortaient dans la rue pour fêter cela, et ils se sont pris des bombes. Rebelote, mais cette-fois, il n'était plus la peine de s'encombrer d'excuses dont tout le monde savait qu'elles étaient fausses.

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Et avec la Russie ? Ô quelle surprise, c'est le même schéma. Les motifs de "guerre" s'effacent, on organise de jolies pourparlers de paix, et dès qu'ils rentrent chez eux ça repart comme en quarante. Ils n'arrivent même pas à communiquer. Pourtant il avait fallu une réunion spéciale avec l'animateur-télé Trump pour lui expliquer en face ce que tout le monde même dans les plus lointains recoins a déjà compris avec clarté. Il a dit Ok, mais il n'a rien compris. Il a envoyé son sbire aberrant, qui n'a rien compris non plus. Pourquoi des esclaves voudraient-ils la sécurité ? C'est nouveau, ça !

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Tout ce qui se passe est possible à résumer par la poursuite de buts confus. À l'échelle historique nous voyons la résurgence du nazisme, certains disent du colonialisme, le premier étant un reflet du second, et on est passés délicatement d'une condamnation du nazisme à une réitération de ses erreurs.

L'acte de pardonner est de se mettre à la place du fautif. Cela n'a jamais été fait avec le nazisme, qui n'a suscité que de la haine par principe, c'est à dire exactement ce qu'il est. ET DONC du coup, puisqu'on refuse de le faire consciemment, on y est poussés par l'inconscient de l'histoire. De toutes façons c'est un chemin obligé. Le but est de pardonner pour avancer. D'abandonner sa charge et de voir plus loin.

Les gens vont-ils se remettre en cause ? Est-ce que les exemples ne sont pas déjà suffisants pour être éclairants ? Le nazisme a existé grâce à l'incapacité organisée des gens à lutter contre lui, de sorte que ces imbéciles prétentieux aient tous les droits. Et que, sans limite pour les cadrer, ils deviennent hyper-susceptibles et se fâchent dès qu'un truc n'est pas à leur goût.

Ce que cherchent le magouilleur, le vaniteux, ou le noyeur des grands lacs, autant que le nazisme et le wokisme, ce sont des objectifs confus, indéterminés, approximatifs, psychologiques, pourvu qu'eux-seuls aient la capacité d'évaluer les situations comme satisfaisantes. Mais ils n'ont pas les moyens intellectuels de le faire. Et le problème qu'ils fuient changera toujours d'aspect pour pointer du doigt une autre chose à zigouiller.

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Et ce qu'on voit c'est se réduire la taille du cycle censé éclairer la conscience sur l'inanité des buts poursuivis, à l'échelle d'une simple année. Et pourtant, ils réessayent, ils réessayent, et cela ne marche toujours pas.

Pourquoi les buts sont-ils confus ? Parce que les mots sont confus. Si les mêmes mots engendre des réactions diamétralement opposées, le problème n'est pas dans le mot, et cela ne sert à rien de se le balancer à la figure. Le problème est dans les sentiments qu'on a arbitrairement rattachés à ces mots.

Il faut se délester de ces mots, et garder ses sentiments pour en faire des potentiels évolutifs. Il ne faut pas préjuger de la façon dans la réalité va s'aligner avec ces sentiments, car cela ne relève pas d'une volonté individuelle au détriment des autres. Cela relève d'une volonté collective pourvu que ces sentiments soient partagés.

Je discutais avec ma grand-mère juive qui bénissait Israël comme un ilot de bonheur et de paix qu'elle n'a jamais connu. Je lui demandais : "Ce que tu veux, c'est la paix ?". Elle a répondu "Oui".

Ce ne sont pas les choses qui font du mal, mais le poids insupportable qu'on leur met sur les épaules.

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