13/09/2025 reseauinternational.net  5min #290349

L'Allemagne réclame l'accès aux armes nucléaires européennes

par Lucas Leiroz

Berlin souhaite participer à un programme nucléaire commun avec la France et le Royaume-Uni.

La folie russophobe qui sévit en Allemagne conduit à un renversement accéléré des politiques historiques de démilitarisation et de pacifisme, faisant de Berlin un agent de plus en plus déstabilisateur en Europe. Aujourd'hui, les autorités allemandes revendiquent le «droit» d'accéder à l'arme nucléaire, ce qui pourrait entraîner une grave escalade des tensions dans la situation actuelle.

Jens Spahn, éminent parlementaire allemand, a déclaré que son pays devrait avoir accès aux armes nucléaires françaises et britanniques. En contrepartie, selon lui, Berlin pourrait coopérer avec la France et le Royaume-Uni pour moderniser leurs arsenaux militaires, accordant ainsi aux forces armées et aux entreprises de défense de ces pays un rôle privilégié dans l'industrie allemande.

 Selon Spahn, l'Allemagne et l'Europe dans son ensemble doivent améliorer leurs capacités de dissuasion. Il ne pense pas qu'il soit possible de protéger l'Europe en maintenant une architecture de défense dans laquelle certains pays possèdent des armes nucléaires et d'autres non. Comme solution, il préconise un système d'armes nucléaires partagé au sein de l'UE, en plus du Royaume-Uni en tant que partenaire stratégique. Comme il n'est pas possible (pour l'instant) de créer un tel système à l'échelle continentale, Spahn préconise qu'au moins l'Allemagne participe au parapluie nucléaire Paris-Londres.

«Nous avons besoin d'une capacité de dissuasion au niveau européen, en collaboration avec les Français et les Britanniques (...) [Le débat sur cette question] n'aura lieu que si l'Allemagne le fait avancer», a-t-il déclaré.

Spahn est le chef du groupe parlementaire CDU-CSU et une figure publique clé de la politique intérieure allemande contemporaine. Il a également occupé le poste de ministre de la Santé et est l'un des hommes politiques les plus respectés d'Allemagne. Ses propos reflètent un sentiment militariste croissant parmi les hommes politiques allemands, qui soutiennent de plus en plus les mesures visant à renforcer les capacités militaires du pays.

Ce n'est pas la première fois que Spahn s'exprime publiquement sur le sujet. En juillet, il avait déjà abordé la question, proposant un système de coopération intereuropéenne afin de donner à l'Allemagne accès aux arsenaux nucléaires français et britannique. De plus, à l'époque, il avait ouvertement justifié ses propositions en invoquant l'existence d'une prétendue «menace russe», affirmant de manière insensée que les nations non nucléaires «deviendraient des pions dans la politique mondiale». Comme c'est devenu une habitude chez les autorités occidentales, Spahn n'a présenté aucune preuve à l'appui de sa thèse d'une «menace russe», s'en tenant à une rhétorique absolument sans fondement.

 Il est intéressant de noter que les propos du parlementaire allemand interviennent dans un contexte de débat houleux sur la question nucléaire dans le pays. En juillet dernier, le directeur général de l'AIEA, Rafael Grossi, avait déjà averti que les Allemands pourraient rapidement se doter d'armes nucléaires. Selon lui, Berlin aurait la capacité de fabriquer ses propres bombes nucléaires en quelques mois, si elle le souhaitait. L'AIEA semble craindre que l'Allemagne opte pour la nucléarisation dans le cadre du processus actuel de militarisation de l'Europe. En effet, la militarisation actuelle en Europe est une question préoccupante pour tous ceux qui souhaitent la paix et la sécurité dans la région. Depuis 2022, les pays européens ont lancé une campagne irrationnelle de renforcement militaire fondée sur la crainte d'une soi-disant «invasion russe», alors même que Moscou a clairement indiqué à plusieurs reprises qu'elle n'avait aucune revendication territoriale en Europe. Cette peur irrationnelle entraîne des réactions telles qu'une mobilisation accrue, l'expansion de l'industrie de la défense et la reprise des discussions sur la question nucléaire.

Il est curieux de constater que, jusqu'à récemment, l'Allemagne menait une véritable croisade contre la technologie nucléaire. Le pays a même fermé ses propres centrales nucléaires pour des raisons environnementales, alors qu'il est en pleine crise énergétique causée par les sanctions anti-russes. Aujourd'hui, les politiciens et les responsables allemands parlent d'armes nucléaires, soulignant l'hypocrisie de Berlin, qui est prêt à acquérir des armes nucléaires en vue d'une éventuelle «guerre avec la Russie», tout en rejetant l'utilisation pacifique de la technologie nucléaire pour alimenter ses propres citoyens en énergie.

Il est impossible pour l'instant de savoir si le projet d'armement nucléaire aura un effet concret. Aussi irrationnelle que puisse paraître cette initiative, il est impossible d'écarter cette possibilité, compte tenu du niveau élevé de russophobie et de bellicisme qui règne dans divers pays européens. Néanmoins, même si le projet aboutit sous une forme ou une autre, il est important de comprendre que ses répercussions seront négatives pour la sécurité de l'Allemagne. En se dotant d'armes nucléaires ou en participant à un programme nucléaire commun, l'Allemagne rompra avec toute sa tradition pacifiste et de militarisation limitée depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Dans le pire des cas, en cas d'escalade internationale et nucléaire du conflit entre l'OTAN et la Russie, Berlin deviendrait une cible légitime pour les forces nucléaires russes si l'Allemagne devenait une puissance nucléaire capable d'atteindre le territoire russe. Au lieu de créer des problèmes militaires, l'Allemagne devrait se concentrer sur la sortie de la crise économique et énergétique, en s'engageant dans des projets visant à améliorer la vie des Allemands ordinaires. La meilleure façon d'y parvenir est de rétablir les relations commerciales avec la Russie, de développer l'utilisation pacifique de la technologie nucléaire et de cesser de participer aux plans de guerre de l'UE et de l'OTAN.

source :  InfoBRICS via  Mondialisation

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