14/09/2025 ssofidelis.substack.com  6min #290412

 États-Unis : assassinat d'un conservateur qui critiquait Zelensky

Le meurtre d'un fasciste américain

Par  Nate Bear, le 12 septembre 2025

Vous en avez probablement assez des prises de position sur Charlie Kirk. Eh bien, tant pis. En effet, en tant que membre de Substack, je suis par nature un "vendeur d'opinions", et je n'ai jamais prétendu le contraire.

Voici donc ma vision des choses.

Charlie Kirk est un petit fasciste odieux, et rien ne justifie que les petits fascistes odieux se sentent en sécurité dans une société respectueuse des droits humains. Les exhortations à éprouver de la sympathie pour lui et sa famille sont fondamentalement dérisoires, politiquement correctes et pro-israéliennes.

On s'attendait à ce que la droite américaine réagisse de la sorte. Mais nous avons entendu des déclarations du meilleur et du pire du centrisme occidental, de Starmer à Carney en passant par Albanese, sur la mort d'un podcasteur et propagandiste néonazi.

Nous avons également eu droit aux déclarations de Netanyahou et Ben Gvir, car Kirk était un islamophobe partisan du génocide israélien. Je ne crois pas une seconde à la théorie du complot selon laquelle il s'agirait d'une manœuvre du Mossad.

Les médias ont également qualifié cet événement de l'un des plus graves de ces dernières années. Les journaux télévisés américains, australiens et britanniques ont rapidement diffusé des émissions et des reportages détaillés sur Charlie Kirk.

BBC News a diffusé une émission spéciale sur Charlie Kirk.

Mais bordel, que se passe-t-il ?

J'ai vécu aux États-Unis, j'ai des amis et de la famille là-bas, mais en tant que non-Américain, j'aurais eu du mal à reconnaître Charlie Kirk parmi tant d'autres, car les informations à son sujet étaient très vagues. Si vous m'aviez bombardé de questions, j'aurais probablement répondu que c'était l'un de ces connards du MAGA constituant la jeunesse néofasciste américaine. Et j'aurais eu raison.

Mais la plupart des gens ne sont pas aussi connectés que moi. La plupart des gens, en dehors des États-Unis, ne connaissaient pas le nom de Charlie Kirk. Je soupçonne qu'une grande partie des Américains non plus.

Mais maintenant, nous savons tous qui il est, grâce au rappel très clair des questions et des personnes auxquelles les médias occidentaux exigent que nous nous intéressions.

Je ne serais pas surpris qu'en 36 heures, on ait consacré plus de temps et d'espace à ce putain de Charlie Kirk qu'à toutes les victimes de l'holocauste de Gaza. Je peux vous garantir que bien plus de gens sont au courant de la mort de Charlie Kirk que de celle du Premier ministre du Yémen, assassiné par Israël la semaine dernière. La nouvelle de l'élimination par Israël du Premier ministre et de la quasi-totalité du gouvernement civil du Yémen n'a été qu'une note de bas de page dans les mêmes médias qui canonisent maintenant un néonazi.

Le jour même où Kirk a été pulvérisé, il y a eu une  fusillade dans une école aux États-Unis, dont la plupart des gens n'ont pas entendu parler. Une fusillade que Charlie Kirk aurait défendue avec enthousiasme, comme le prix à payer pour le droit de posséder une arme. Finalement, il intègre les statistiques que lui et ses acolytes défendaient.

Sans oublier les condamnations moralisatrices. Les déclarations du type "cela ne nous ressemble pas". La dénonciation de la "violence politique". Putain, merde ! D'autres l'ont bien mieux exprimé, mais par pitié, épargnez-nous ça. L'Amérique, voilà la violence politique ! Elle est née dedans, s'en nourrit et la pratique avec désinvolture jour après jour. Ces événements sont toujours révélateurs de l'estime délirante que les Américains ont d'eux-mêmes. L'Amérique ne veut surtout jamais assumer ses responsabilités.

Vous avez probablement aussi vu les commentaires s'inquiétant de ce que cela va présager, du prétexte de plus en plus évident donné à X, Y ou Z, des conséquences désastreuses qui pourraient s'ensuivre.

D'abord, toutes ces calamités que les gens redoutent, comme l'expansion de l'État de surveillance, la répression sur les réseaux sociaux ou l'arrestation des opposants au régime, sont déjà en train de se produire.

Ensuite, seule une société fasciste s'inquiète des conséquences de la mort de l'un des siens.

Seule une société fasciste consacre autant de temps d'antenne à la mort d'un fasciste alors qu'elle est en train de commettre un génocide.

Seule une société fasciste engendre un individu comme Charlie Kirk.

C'était un fasciste. Ce type détestait tout le monde. Les Noirs, les Bruns, les transgenres, les homosexuels, les musulmans, les femmes. Il aimait les Blancs dotés d'un bon patrimoine génétique, les génocides et les fusillades dans les écoles. Il affirmait que les Noirs étaient incapables de piloter un avion et que l'esclavage n'était pas si terrible que ça. Selon lui, personne ne mérite d'être protégé pendant une pandémie. Il a créé une "liste de surveillance" d'universitaires, provoquant des harcèlements et suscitant la peur pour la vie de ses cibles. Selon lui, l'empathie était un péché mortel à l'origine des problèmes de notre société. Qu'il en ait été conscient ou non, ses propos l'ont exposé à la colère de ses pairs.

Seul Kirk savait dans quelle mesure ses propos étaient sincères et à quel point sa démarche s'inscrivait dans une stratégie de communication politico-culturelle.

Le déferlement soudain de la panique des libéraux s'explique aussi le concept suivant : l'opinion devenue marchandise, l'Edgelord [Personne qui adopte volontairement des comportements et discours provocateurs ou excentriques dans le but de se distinguer et d'attirer l'attention], comme entreprise médiatique, le polémiste en tant qu'influenceur politique.

Un article élogieux du New York Times par le journaliste Ezra Klein, chef de file de la critique culturelle, comportait une phrase révélatrice : "J'enviais ce qu'il a accompli".

Les libéraux appréciaient Kirk pour avoir déniché le Saint Graal : comment tirer parti des nouveaux médias pour devenir un acteur du changement américain. Les libéraux cherchent désespérément à l'imiter. Ils l'enviaient d'y être parvenu. Klein l'admet ouvertement. Pour les libéraux, il n'y a pas de véritables principes, pas de véritables combats pour la justice, pas de changements révolutionnaires. Seul compte le commerce des idées. Et sur ce marché impitoyable, le gagnant rafle tout. Ils sont outrés à l'idée que quiconque, même un nazi, puisse perdre face à un assassin plutôt qu'à un argument.

"Cela aurait pu être moi", pensent-ils.

Mais parfois, ce sont les nazis qui se font tuer.

Nous sommes confrontés à des problèmes majeurs en tant que société mondialisée. L'impérialisme, les guerres, les génocides, une santé publique en déclin, un désastre écologique, la montée du fascisme. Kirk n'aidait en rien à résoudre ces problèmes. Au contraire, il les aggravait. Il incarnait l'ascension du fascisme. Les influences corrosives sur la société civile ne devraient pas bénéficier de la présomption de respectabilité. La liberté d'expression est un droit fondamental et doit être garanti. Les conséquences de cette liberté ne peuvent toutefois pas être tenues pour acquises, surtout lorsque cette 'liberté' est raciste et fasciste. Surtout lorsqu'elle prend une tournure politiquement orchestrée.

(Si tant est qu'il ait été tué pour cette raison. Certains ont suggéré que cet assassinat résultait d'une querelle interne entre factions suprémacistes blanches. C'est en effet possible).

Voici donc mon opinion sur Charlie Kirk.

Il ne m'a pas fait gaspiller la moindre parcelle d'énergie émotionnelle avant le jour de sa mort, ni après.

Mais ce qu'il représente justifie une réaction.

Car ce que cette affaire révèle surtout, c'est un système politique et médiatique, des libéraux à la frange la plus réactionnaire de droite, qui n'est pas sans rappeler le fascisme.

Traduit par  Spirit of Free Speech

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