Daniel VANHOVE
Sans remonter à l'origine du sionisme que chacun pourra retrouver par ses propres recherches, et en s'en tenant à la version officielle des choses, tout, absolument tout ce qui concerne la Palestine et "Israël" est tronqué depuis le début. Soit, depuis l'établissement du Plan de partage par l'ONU le 29 novembre 1947 par la Résolution 181, d'un Etat juif aux côtés d'un Etat arabe, sur les terres palestiniennes. Ce vote (qui n'aurait duré que 3 minutes !) permettra 6 mois plus tard (14 mai 1948) la création de l'État d'' Israël '... quand celui de la Palestine attend toujours. Ainsi, les juifs (alors environ 30% de la population de Palestine à l'époque) obtiennent de facto 54% du territoire palestinien.
Le nœud du problème provient de cette funeste décision prise par une série d'Etats - 33 voix pour, 13 voix contre, 10 abstentions, et sans l'avis des Palestiniens pourtant premiers concernés - à la sortie de la Seconde Guerre mondiale au cours de laquelle les pays alliés ont gravement failli à empêcher le régime nazi allemand de procéder au sordide plan d'extermination des juifs.
Procédant de la sorte, ils ont pensé que cela rachèterait moralement leur faute, nous chantant la main sur le cœur ''plus jamais ça'', mais la faisant dès lors porter par les Palestiniens qui n'ont pourtant rien eu à voir avec le génocide des juifs organisé sur le sol européen. La suite des évènements plus désastreux les uns que les autres pour les Palestiniens, découle de ce point de départ initial. Génocide que certains Israéliens n'ont jamais cessé d'utiliser en rappelant régulièrement ce que des leurs avaient subi lors de cette tragédie.
Depuis, la dimension eschatologique s'y est ajoutée, d'un côté comme de l'autre, rendant l'affaire encore plus compliquée voire inextricable puisque tout le monde sait que "les voies du Seigneur sont impénétrables ''. Et que, chacun ayant ses croyances, celle des premiers ne rencontreront jamais celles des suivants.
Naïvement sans doute, on aurait pu penser - espérer ? - que les pays arabo-musulmans seraient restés mobilisés par solidarité envers leurs frères et sœurs palestiniens. Hélas, cela n'a duré qu'un temps. Et à ce jour, en-dehors du Yémen et quelques groupes de résistance vivant en clandestinité, c'est sans compter les bassesses et les duplicités dont les humains sont capables dès lors que leurs intérêts priment sur leur honneur et l'idée qu'ils ont de la justice. D'autre part, aurions-nous quelque leçon à leur donner, quand lors des deux Guerres mondiales, les pays européens se sont déchirés entre eux ?
Mais, aujourd'hui, comment compter sur ces pays qui par piètres calculs qui les épargneraient, se sont soumis aux diktats étasuniens en courant après une ''normalisation'' avec un régime terroriste qui, après la Palestine, le Liban et la Syrie, finira par les attaquer aussi comme on vient de le voir avec un premier bombardement sur le Qatar, resté sans réaction à la mesure de l'agression !?
Il y a quelques jours, en 72 heures, ce régime de terreur a visé impunément Gaza, le Yémen, le Liban, la Syrie, la Tunisie et le Qatar ! Le plan du" Grand 'Israël '' avance, lentement, dangereusement, avec l'appui de millions d'évangéliques étasuniens, beaucoup plus nombreux que les sionistes juifs eux-mêmes.
S'y ajoutent les spéculations des uns, l'opportunisme des autres, la traîtrise, la sournoiserie, l'indignité et le déshonneur qui se généralisent et se troquent pour quelques valises de dollars, sans parler de la lâcheté de tous ceux qui détiennent l'information, voient le déroulement du drame des Palestiniens, ont le pouvoir d'intervenir mais regardent sans rien faire (je ne dis pas "sans rien dire" parce qu'au niveau de leurs déclarations verbales ces mêmes lâches rivalisent avec les éoliennes).
78 ans plus tard, voilà où nous en sommes : une Palestine dévastée, voire bientôt annexée totalement, avec l'odieuse complicité de la mentalité coloniale qui a toujours animé l'Europe (et l'asservissement de pays arabo-musulmans). N'est qu'à voir ce qui s'est passé au fil des siècles en Afrique, en Amérique au nord comme au sud, en Asie et en Australie pour reprendre les continents où la poigne suprémaciste coloniale européenne a exercé ses abominables crimes.
Comme il nous est impossible de refaire l'Histoire et de revenir en arrière, au moins devrait-on prendre le temps de nous pencher sur le passé pour qu'il nous guide (peut-être ?) dans l'avenir. Et au moins devrait-on alors faire acte d'un minimum de décence et d'un maximum de responsabilité pour jauger les décisions prises par nos gouvernements antérieurs. En dresser le bilan. Et en corriger la trajectoire avec les réparations qui s'imposent au profit des Nations asservies et leurs citoyens spoliés.
Ces derniers temps, après bientôt 2 ans d'un génocide orchestré par le couple maudit israélo-étasunien avec la complicité tacite des Européens pour liquider Gaza et annexer ce qui reste de la Cisjordanie, on entend ici-et-là quelques voix timides - désignées désormais (ne riez pas) comme ''héroïques'' - se prononcer pour la reconnaissance de l'État palestinien. Cette annonce a même été brandie (ne riez toujours pas) comme menace envers "Israël" par Kaja Kallas, la ''Haute représentante de l'UE pour les Affaires étrangères et la sécurité'', sous réserve d'un cessez-le-feu à Gaza. Quelle hypocrisie ! Quelle honte ! Cette reconnaissance toute symbolique d'un Etat palestinien a juste l'effet inverse de celui annoncé : les responsables politiques israéliens déclarent à tour de rôle, et de manière décomplexée, qu'il n'y aura jamais d'État palestinien ! Comment donc, ces irresponsables politiques si prolifiques en déclarations creuses vont-ils contraindre le régime terroriste israélien à respecter ce qui serait le futur Etat palestinien si même le génocide qui se déroule en direct sous leurs yeux ne les fait pas réagir avec fermeté en utilisant des mesures adéquates ? Quelle foutaise !
Je pense qu'après tant de décennies de gabegies et d'incuries diplomatiques, il n'y a que deux moyens de parvenir à une solution à la situation catastrophique du moment :
1/ soit, et puisque tout le monde voit bien qu'il n'y a que la force qui prévaut, une coalition armée, puissante et déterminée, contraint le régime de terreur israélien à revenir jusqu'aux frontières de la Ligne Verte pour y établir alors l'État arabe palestinien sur les frontières de 1967... avec le risque d'entraîner un bain de sang encore plus important que celui auquel nous assistons, ce qui est donc peu probable,
2/ soit, l'on renverse l'équation : puisque les racistes des divers gouvernements israéliens ne veulent pas reconnaître d'État palestinien, l'organisation des Nations-Unies dénonce l'État israélien et ne le reconnaît plus comme appartenant à la communauté des Nations, contraint ces dernières à rompre toute forme de contact avec lui, coupant au passage tout approvisionnement en pétrole (carburant de son armée), et ne reconnaît plus que le seul Etat arabe palestinien - la Palestine historique - où vivront tous les citoyens qui le désirent, selon les normes démocratiques qu'elle érige à tout moment comme modèle aux yeux du monde entier.
Sans décision énergique et résolue de l'ensemble des Etats face au drame humanitaire que l'on voit empirer et s'étendre chaque jour dans la région, celui-ci finira par exploser à la figure de ceux qui seront restés spectateurs, se contentant de vaines lamentations en pensant que leur éloignement de la zone de ce génocide les préservait de tout retour de flamme. Croyez-le ou non, cela ne durera pas, il y a urgence. Tant pour ceux de là-bas que pour nous ici. Les populations arabo-musulmanes qui depuis des décennies paient de leur chair et de celle de leurs enfants nos interventions militaires sous de faux prétextes, finiront par réagir à ces flagrantes injustices. Une résistance plus forte, plus vaste et mieux organisée qu'actuellement en émergera. Demain... ou à la génération suivante, celle de nos enfants ou de nos petits-enfants, qui se souviendront alors de la duplicité de leurs parents, et pourront leur rappeler cet adage plus vrai que jamais et qu'ils ont ignoré : « Nos actes nous suivent ».
Daniel Vanhove -
13.09.25