16/09/2025 ssofidelis.substack.com  6min #290673

 Israël a commencé à effacer la ville de Gaza, dans un silence international inquiétant

C'est la panique à Gaza alors qu'Israël annonce le bombardement imminent d'immeubles avec quelques minutes pour évacuer

Un habitant de l'immeuble Al-Mahna regarde les gens jeter leurs affaires par les fenêtres dans la panique avant une frappe aérienne israélienne. 14 septembre 2025. (Capture d'écran d'une vidéo © Abdel Qader Sabbah.)

Par  Abdel Qader Sabbah & Sharif Abdel Kouddous, le 16 septembre 2025

Les familles palestiniennes sont confrontées à la campagne de terre brûlée menée par Israël pour nettoyer ethniquement la ville de Gaza.

VILLE DE GAZA - Après que l'armée israélienne a annoncé qu'une tour résidentielle de plusieurs étages à Gaza allait être la cible d'une frappe aérienne, les familles de Gaza ont jeté leurs affaires par les fenêtres dimanche.

L'immeuble Al-Mahna, situé dans le quartier de Tal Al-Hawa, au sud de la ville de Gaza, abritait des dizaines de familles palestiniennes restées sur place malgré la campagne de terre brûlée menée par Israël pour prendre le contrôle de la ville. L'armée israélienne, qui a débuté le mois dernier le nettoyage ethnique de la ville de Gaza, où vivaient un million d'habitants, a détruit des centaines d'immeubles et de maisons, réduisant des dizaines de tours en ruines et déplaçant à nouveau des centaines de familles dans des campements de tentes voisins.

Hommes, femmes et enfants se sont précipités hors de l'immeuble dans une panique totale, emportant avec eux tout ce qu'ils pouvaient sauver : matelas, valises, paniers et chaises en plastique. Les gens ont commencé à jeter par les fenêtres du bâtiment de 12 étages des matelas et des sacs, alors que l'on pouvait encore voir des vêtements en train de sécher sur les balcons. Les effets personnels se sont éparpillés sur le sol, menaçant les personnes qui sortaient du bâtiment. Une femme criait : "Mais que se passe-t-il ?" en courant dans la rue. Un homme s'est effondré, désespéré, criant : "Je ne peux pas, je vous jure que je ne peux pas", avant que ses amis ne le relèvent.

Israël a bombardé l'immeuble résidentiel Al-Mahna à Gaza quelques minutes après que les habitants aient été contraints de fuir dans la panique. 14 septembre 2025.

Peu après, un raid aérien massif a frappé les étages supérieurs du bâtiment, remplissant les rues environnantes de débris et de fumée. La tour Al-Mahna était l'une des nombreuses tours d'habitation frappées par l'armée israélienne dimanche, avec un bâtiment du campus de l'université islamique, la tour Al-Kawthar dans l'ouest de la ville de Gaza et le bâtiment al-Munawwarah City.

Le lendemain, l'armée israélienne a bombardé la tour Ghafri, le plus haut bâtiment résidentiel de la ville de Gaza, situé à l'ouest, non loin du littoral. Une frappe aérienne a provoqué l'effondrement complet du bâtiment dans un énorme panache de fumée, obligeant les personnes se trouvant sur la plage voisine à courir se mettre à l'abri.

Israël bombarde la tour Ghafri, le plus haut bâtiment résidentiel de la ville de Gaza. 15 septembre 2025.

Des centaines de personnes se sont finalement rassemblées sur le grand monticule de décombres où se trouvait le bâtiment quelques minutes auparavant.

"Cette tour était vide, elle ne représentait aucune menace pour qui que ce soit ou quoi que ce soit. Soudain, ils nous ont ordonné de quitter la zone et les gens se sont rendus à la plage, comme vous pouvez le voir", a déclaré Abu Karim à Drop Site News. "Il n'y avait aucune raison de la frapper. C'était une tour comme n'importe quelle autre tour, comme n'importe quel bâtiment, n'importe quelle maison, comme partout. Ils ont bombardé des enfants dans les rues, des femmes. Sans raison".

Après avoir émis plusieurs ordres d'évacuation pour différents quartiers de la ville de Gaza, l'armée israélienne a ordonné la semaine dernière à toute la ville de se déplacer vers le sud.

"Nous ne partirons pas. Nous ne quitterons cette terre que pour aller au paradis. Nous ne partirons pas d'ici. Les gens peuvent fuir vers le sud, mais nous resterons à Gaza", a déclaré Abu Karim.

Le ministre israélien de la Défense et membre du cabinet de guerre, Israel Katz, a publié une vidéo sur X de l'attaque du bâtiment Ghafri, écrivant que

"la tour de la terreur... s'écrase dans la mer de Gaza, noyant les centres de la terreur et de l'incitation au crime".

L'armée israélienne a affirmé à plusieurs reprises que les immeubles qu'elle vise recèlent du matériel de surveillance et des postes d'observation du Hamas, mais n'en a fourni aucune preuve, se contentant de répéter aux Palestiniens de se diriger vers le sud. L'armée israélienne a affirmé qu'environ 320 000 personnes ont fui la ville ces derniers jours, provoquant des embouteillages sur Al-Rashid Street, la principale route côtière menant vers le sud. L'ONU estime à environ 150 000 le nombre de personnes qui ont fui la ville depuis le début de l'offensive sur Gaza.

"Ils terrorisent les gens et les obligent à quitter ces zones pour se diriger vers le sud. Aujourd'hui, les gens ne peuvent pas se rendre dans le sud, et passent leurs journées sur la plage sans savoir où aller",

a déclaré à Drop Site un homme devant les décombres du bâtiment Ghafri.

Lundi, l'ONU a signalé qu'au moins 10 bâtiments de l'UNRWA ont été touchés à Gaza au cours des quatre derniers jours, dont sept écoles et deux cliniques utilisées comme refuges pour des milliers de Palestiniens déplacés. Un tiers des centres de traitement de la malnutrition de la ville ont également fermé leurs portes en raison des ordres de déplacement forcé.

"Nous condamnons l'escalade meurtrière de l'offensive militaire israélienne observée ce week-end à Gaza, et qui a fait des dizaines de morts et de blessés. Comme vous pouvez l'imaginer, cela a un impact terrible sur les civils qui endurent souffrance et famine",

a déclaré un porte-parole de l'ONU lors d'une conférence de presse.

Les bombardements intensifs depuis la terre, la mer et les airs ont tué chaque jour des dizaines de Palestiniens dans toute la bande de Gaza. Lundi, plus de 50 personnes ont été tuées, dont 36 dans la seule ville de Gaza, selon Al Jazeera. Parmi les personnes tuées à Gaza, figure le journaliste palestinien Mohammed al-Kouifi, qui travaillait pour l'agence de presse Safa et la chaîne de télévision Al-Aqsa. Le bureau des médias du gouvernement de Gaza a signalé que deux autres journalistes ont également été tués lundi : Ayman Haniyeh, qui travaillait comme photographe et ingénieur de diffusion pour l'agence de presse Al-Manara, et le journaliste Iman al-Zamili, qui travaillait pour le Palestine News Network.

Plus de 250 journalistes palestiniens ont été tués par l'armée israélienne à Gaza, un nombre sans précédent dans l'histoire récente des conflits. Le bilan confirmé par le ministère de la Santé de Gaza depuis le début de la guerre avoisine les 65 000 morts et près de 165 000 blessés, deux chiffres largement sous-estimés.

L'escalade de l'offensive militaire israélienne sur la ville de Gaza intervient alors L'intensification de l'offensive militaire israélienne sur la ville de Gaza intervient alors que tout le territoire est en proie à la famine et que des Palestiniens meurent de faim chaque jour. Le principal organisme mondial spécialisé dans les crises alimentaires, l'Integrated Food Security Phase Classification, a officiellement confirmé le 22 août une famine dans le gouvernorat de la ville de Gaza. La situation sur le terrain n'a pas évolué depuis et la famine devrait s'étendre aux gouvernorats de Deir al-Balah et de Khan Younis, au sud, où Israël ordonne aux Palestiniens de se déplacer.

Depuis le début du blocus, quelque 425 Palestiniens, dont 145 enfants, sont morts de faim et de malnutrition à Gaza, la plupart depuis le mois de juillet.

Traduit par  Spirit of Free Speech

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