17/09/2025 chroniquepalestine.com  4min #290791

 Départ de la première flottille mondiale de la Résistance en solidarité avec Gaza

Flottille de la Résilience : décryptage du langage d'Israël


Tunis, 13 septembre 2025 - Plus d'une semaine après avoir quitté Barcelone, on apprend aujourd'hui que la Flottille mondiale Summud (FGS) est prête à partir vers sa destination finale (Gaza) depuis Tunis - Photo : via Prensa Latina

Par  Sarra Brahmi

Les déclarations émises par Israël à la suite de l'annonce de la Flottille de la Résilience mondiale méritent une analyse approfondie, tant elles révèlent les fondements de la stratégie politique et sécuritaire adoptée face à cette initiative internationale.

Ces prises de position insistent sur les « risques sécuritaires » et mettent en avant les dynamiques internationales perçues comme une menace directe pour la sécurité nationale.

Le discours israélien adresse ainsi des messages à la fois au public interne et à la communauté internationale, cherchant à justifier la nécessité d'une réponse ferme face à toute tentative de remise en cause du blocus de Gaza.

L'examen de ces déclarations montre une volonté de délégitimer la Flottille de la Résilience par des campagnes d'alerte et de dissuasion. Ce discours s'appuie sur l'imposition d'un fait accompli, affirmant un droit exclusif à contrer toute menace éventuelle, tout en mobilisant des leviers politiques et diplomatiques pour renforcer sa position.

La tonalité, souvent marquée par une fermeté affirmée, tend à présenter l'initiative comme un danger immédiat pour la stabilité régionale, ce qui pourrait justifier le recours à des mesures renforcées, voire préventives. Ces déclarations fonctionnent ainsi comme un outil de pression, mobilisé sur le plan intérieur pour consolider l'opinion publique, et à l'international pour influencer les perceptions.

Certaines prises de parole révèlent par ailleurs une ambivalence, oscillant entre le registre de la menace et celui de l'apaisement, afin de maintenir l'image d'un acteur capable de gérer les crises sans basculer dans une confrontation généralisée.

Dans le même temps, des références explicites à un renforcement du déploiement militaire témoignent d'une préparation à l'usage de la force si certaines « lignes rouges » venaient à être franchies.

La dimension psychologique du discours

L'analyse psychologique met en évidence des dimensions plus profondes de ce langage, traduisant un sentiment latent de menace et de perte de contrôle.

Cette perception se manifeste par un recours fréquent à une rhétorique de supériorité et de dissuasion militaire. Elle reflète une volonté d'affirmer une position dominante et de renforcer l'image d'un acteur déterminé, répondant à un besoin interne de consolider la confiance face à ce qui est présenté comme un défi extérieur.

Certaines déclarations se teintent d'un registre défensif, marqué par l'inquiétude que toute initiative internationale puisse fragiliser l'image du pays ou révéler ses vulnérabilités.

D'autres adoptent un ton plus offensif, visant à mobiliser l'opinion interne et à réduire les tensions domestiques en construisant la figure d'un adversaire extérieur constant.

Ce discours s'inscrit également dans la continuité d'une mémoire collective façonnée par la crainte de la défaite ou de la marginalisation, transformant l'escalade verbale en un mécanisme défensif. Il s'agit d'une tentative de projeter une identité de résilience et de fermeté, même si la réalité s'avère parfois plus nuancée.

Conclusion

Ces déclarations ne peuvent être considérées comme de simples réactions circonstancielles : elles traduisent un mélange de calculs stratégiques et de dynamiques psychologiques.

En articulant menace et fermeté, Israël cherche à consolider sa légitimité aussi bien à l'échelle nationale qu'internationale, tout en révélant une inquiétude persistante face à tout défi susceptible d'affecter son image et sa position régionale.

Auteur :  Sarra Brahmi

* Sarra Brahmi est journaliste et traductrice. Ses comptes  Instagram et  Facebook.

16 septembre 2025 - Transmis par l'auteure.

 chroniquepalestine.com