par AAFC
Alors que l'ancien président de la République française Nicolas Sarkozy a été condamné à cinq ans de prison ferme avec mandat de dépôt à effet différé et exécution provisoire, d'autres anciens chefs de l'État de la République de Corée (Corée du Sud) ont aussi été condamnés et incarcérés - avant que plusieurs d'entre eux ne bénéficient ensuite de grâces présidentielles. Nous vous proposons d'examiner plus avant les cas de cinq anciens chefs d'État sud-coréens ayant été emprisonnés.
Portrait officiel du président Yoon Suk-yeol
Ancien procureur de la République, Yoon Suk-yeol (Parti du pouvoir au peuple, conservateur) est devenu président de la République le 10 mai 2022. N'ayant jamais eu une majorité parlementaire, mis en cause dans la gestion d'une bousculade mortelle à Itaewon le soir d'Halloween, Yoon est devenu très impopulaire et a usé de moyens peu respectueux de la démocratie. Il a tenté d'instituer la loi martiale le 3 décembre 2024, officiellement pour lutter contre «les forces anti-étatiques», visant ainsi «les forces communistes nord-coréennes». Il renonce à ce coup d'État sous la pression de l'Assemblée nationale qui le destitue ensuite à la majorité qualifiée des deux tiers le 14 décembre 2024. Peu coopératif dans l'enquête sur la tentative d'instaurer la loi martiale, il fait l'objet d'un mandat d'arrêt le 31 décembre 2024. Après avoir résisté à une première tentative d'arrestation à son domicile par la police, Yoon a finalement été arrêté le 15 janvier 2025 et placé en détention provisoire le 19 janvier 2025, avant d'être remis en liberté le 8 mars 2025, son mandat d'arrêt ayant été annulé la veille. Sa destitution a été confirmée par la Cour constitutionnelle le 4 avril 2025.
Inculpé pour abus de pouvoir depuis le 1er mai 2025, l'ancien président Yoon est poursuivi pénalement pour insurrection - ce qui lui fait encourir la peine de mort (qui n'est plus appliquée en République de Corée depuis décembre 1997) ou la détention à perpétuité. Le 9 juillet 2025, il fait à nouveau l'objet d'un mandat d'arrêt conduisant à son incarcération, celle-ci visant à éviter la destruction de preuves. Son épouse Kim Keon-hee a aussi été placée en détention provisoire, dans le cadre d'une autre enquête pour corruption et manipulation boursière.
Park Geun-hye
Avant Yoon Suk-yeol, Park Geun-hye (Parti Saenuri, conservateur) avait été la première chef d'État sud-coréenne destituée à la suite d'un vote de l'Assemblée nationale. Élue le 19 décembre 2012 à l'issue d'un scrutin entachée par des ingérences des services secrets sud-coréens, Park, fille du général Park Chung-hee arrivé au pouvoir par le coup d'État du 16 mai 1961, est entrée en fonctions le 25 février 2013. Son mandat est entaché par le dramatique naufrage du ferry Sewol, le 16 avril 2014.
Après la défaite des conservateurs aux élections législatives d'avril 2016, c'est toutefois l'affaire Choi Soon-sil, du nom d'une mystique proche de Park exerçant sur cette dernière une relation d'emprise, mêlée à des trafics d'influence et des cas de corruption, qui va précipiter la chute de la fille du général Park, renversée par une motion de destitution votée le 9 décembre 2016 et confirmée par la Cour constitutionnelle le 10 mars 2017.
Arrêtée et placée en détention provisoire le 30 mars 2017, Park Geun-hye est inculpée pour abus de pouvoir, coercition, corruption et divulgation de secrets d'État. Condamnée à 22 ans de prison pour corruption, abus de pouvoir et violation de la loi électorale (au regard notamment de l'ingérence des services secrets dans son élection), après avoir été reconnue coupable pour la première fois le 6 avril 2018, Park a finalement été graciée le 24 décembre 2021 par son successeur, le démocrate Moon Jae-in, dans «une perspective d'unité nationale» et en raison de son état de santé.
Prédécesseur direct de Mme Park Geun-hye, Lee Myung-bak (Grand parti national, conservateur) a été élu président de la République le 19 décembre 2007 et a exercé ses fonctions de 2008 à 2013. Il a été inculpé pour corruption, abus de pouvoir, détournements de fonds et évasion fiscale le 9 avril 2018, condamné à une peine de quinze ans de prison le 5 octobre 2018 puis libéré sous caution pour raisons de santé le 6 mars 2019.
Président de la République de 1988 à 1993, le général Roh Tae-woo (conservateur) a été condamné à dix-sept ans de prison en appel pour son implication dans la répression du soulèvement de Gwangju et pour corruption. Arrêté le 16 novembre 1995, il a été libéré et gracié début 1998, sur l'intervention du président démocrate Kim Dae-jung, ancien opposant lui-même condamné à mort par le régime militaire dont Roh avait été le dernier président élu, dans une volonté de réconciliation nationale.
Président de la République entre 1980 et 1988, le général Chun Doo-hwan (conservateur) a été poursuivi pour son implication dans le coup d'État de 1979, la répression du soulèvement de Gwangju et pour corruption. Il a été condamné à mort en 1996, avant que sa peine soit commuée en détention à vie en 1997. Il a aussi été libéré et gracié par Kim Dae-jung, après être resté en prison pendant deux ans.
source : Association d'amitié franco-coréenne