05/10/2025 reseauinternational.net  7min #292539

 Israël a commencé à effacer la ville de Gaza, dans un silence international inquiétant

Gaza-Ville : le ministre israélien de la Défense annonce que 500 000 Palestiniens seront considérés comme des «terroristes» s'ils n'évacuent pas la zone

par Qassam Muaddi

Alors qu'au moins un demi-million de personnes demeurent encore à Gaza-Ville, le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a adressé un «dernier avertissement» aux habitants pour qu'ils évacuent la zone, faute de quoi ils seront considérés comme des «terroristes ou complices de terroristes».

L'armée israélienne a annoncé qu'elle interdisait désormais aux Palestiniens du centre et du sud de la bande de Gaza de rejoindre Gaza-Ville. Seuls les déplacements en direction du sud, pour quitter la ville, resteront autorisés, précise un communiqué militaire. Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a présenté cette décision comme le «dernier avertissement» adressé aux habitants, affirmant que ceux qui resteront seront assimilés à des «terroristes ou complices de terroristes»

Près de 500 000 Palestiniens restent encore à Gaza-Ville, désormais privés de tout approvisionnement en provenance du sud - nourriture, eau, carburant et médicaments compris. Au nord, la ville est complètement coupée des localités de Jabalia, Beit Lahia et Beit Hanoun, vidées en grande partie de leurs habitants par les opérations de l'armée israélienne.

Cette annonce survient deux jours après que l'administration Trump a dévoilé son nouveau plan pour mettre fin au conflit à Gaza, alors que l'offensive israélienne sur Gaza-Ville s'intensifie en prévision d'une occupation imminente. Selon l'armée israélienne, quelque 700 000 Palestiniens ont déjà quitté la ville, laissant au moins 500 000 personnes sur place. Lundi 29 septembre, un demi-million de Palestiniens étaient encore confinés dans un espace de moins de 8 km², selon Adnan Abu Hasna, porte-parole de l'UNRWA.

La lenteur des évacuations du centre et du sud de la bande de Gaza a contraint l'armée israélienne à retarder l'envoi de sa troisième division, la 36e, qui a finalement été déployée la semaine dernière.

Selon la chaîne israélienne Channel 12, citant des sources militaires, l'occupation pourrait durer jusqu'à trois mois, d'après un reportage diffusé le 16 septembre. Début août, la chaîne avait déjà évoqué des désaccords entre l'armée et le cabinet israélien sur le calendrier de l'invasion : le cabinet prône une opération rapide, alors que l'armée préfère un déploiement plus progressif.

D'après le quotidien israélien Maariv, l'armée israélienne privilégie les frappes aériennes et d'artillerie pour faire pression sur les habitants, évitant pour l'instant les combats directs avec les résistants palestiniens. Néanmoins, des blindés israéliens ont déjà pénétré dans plusieurs zones, dont la stratégique rue Jalaa et les abords de l'hôpital al-Shifa.

Bien que l'avancée des troupes au sol reste lente, les bombardements aériens et les tirs d'artillerie se poursuivent sans relâche, provoquant des destructions massives. Le quartier emblématique de Shuja'iyya, dans l'est de Gaza-Ville, a été entièrement rasé, 90% du quartier Tuffah détruit, et 300 bâtiments démolis dans le plus vaste quartier de la ville, Zeitoun.

Les frappes israéliennes ont également touché des universités, où des milliers de Palestiniens déplacés avaient trouvé refuge.

Des «robots» télécommandés piégés

L'une des tactiques les plus dévastatrices de l'offensive israélienne consiste à utiliser des «robots» télécommandés, munis d'explosifs et envoyés dans des zones très densément peuplées pour y être déclenchés, entraînant des destructions étendues.

Cette arme meurtrière est embarquée par un véhicule blindé de transport de troupes (VBT) israélien obsolète, modifié pour transporter d'importantes charges explosives et envoyé dans les quartiers résidentiels. Selon un reportage de Doron Kadosh, journaliste pour la radio de l'armée israélienne, diffusé le 21 septembre, chaque explosion équivaut à la puissance de deux missiles lourds.

Le reportage souligne que chaque déflagration disperse des fragments sur 500 m², colore le ciel en rouge pendant plusieurs secondes et pulvérise tout sur son passage, y compris les corps. Il confirme que l'armée israélienne utilise ces véhicules «à une échelle industrielle», faisant exploser quotidiennement des dizaines de VBT à Gaza-Ville, surtout la nuit.

Selon Nibal Farsakh, porte-parole de la Société du Croissant-Rouge palestinien (PRCS), les deux seuls hôpitaux encore opérationnels à Gaza-Ville sont l'Al-Ahli Arab et l'Al-Quds, ce dernier également géré par la PRCS. Tous deux manquent de fournitures médicales essentielles, et l'accès à l'hôpital Al-Quds est coupé par les forces israéliennes depuis neuf jours, ne permettant de soigner que les patients déjà présents.

L'hôpital utilise actuellement ses dernières bouteilles d'oxygène, et le blocus actuel de la seule route d'accès à la ville met des milliers de patients en danger. Face à l'afflux continu de blessés, la plupart des médicaments et fournitures vitales sont désormais épuisés, a souligné Farsakh.

Si Gaza-Ville tombe

Au cœur de l'offensive, les Palestiniens sont quasiment piégés dans la ville. Les déplacements vers le sud ne sont possibles qu'à bord de véhicules facturant jusqu'à 8000 shekels par trajet (environ 2420 dollars), avec de longs délais en raison du volume élevé de demandes. Pour des milliers de familles, la seule alternative est de s'échapper à pied, ce qui est impossible pour les personnes âgées, malades ou blessées. Beaucoup d'entre elles ont déjà fui à plusieurs reprises les frappes israéliennes.

Bien que la plupart des Palestiniens du nord de Gaza aient déjà fui les villes de Jabalia et de Beit Lahia, qui ont été complètement détruites, la majorité d'entre eux se sont déplacés encore un peu plus au sud, vers la ville de Gaza.

La plupart avaient fui lors de l'opération israélienne menée entre octobre et décembre 2024, baptisée «le Plan des généraux». Pendant le cessez-le-feu établi entre janvier et mars de cette année, une grande partie de ces personnes déplacées sont retournées dans le nord détruit. Puis, quand Israël a rompu le cessez-le-feu, cette population est restée pour l'essentiel dans le nord, épuisée par les déplacements déjà subis depuis octobre 2023, notamment après le bombardement par l'armée israélienne des lieux où ils s'étaient réfugiés dans le sud, désignés comme «zones sûres».

Quant aux Palestiniens ayant déjà fui Gaza-Ville, ils se sont concentrés dans le centre de la bande de Gaza, autour de Deir Al-Balah, Khan Younis et la zone côtière de Mawasi, où les camps de toile sont surpeuplés depuis près de deux ans.

Un réfugié de Mawasi, qui a préféré garder l'anonymat, a confié à Mondoweiss : «Il n'y a plus de place à Mawasi, pas même pour une aiguille». Il a précisé que certains étendent les camps dans les zones de Khan Younis contrôlées par l'armée israélienne, exposant ainsi leur vie à de graves dangers.

«Ils déblayent depuis des jours les gravats des maisons détruites à mains nues, juste pour dégager un peu de place pour installer une tente supplémentaire», raconte un déplacé.

Un autre Palestinien, resté à Gaza-Ville, a expliqué à Mondoweiss : «Avec ma famille, nous avons eu une discussion longue et difficile pour savoir si nous devions partir ou rester, et nous avons fini par nous séparer».

«Ma mère et mes deux sœurs ont fui vers le sud, tandis que mon père et moi avons choisi de rester. Le moment des adieux a été le plus dur de toute ma vie. J'ai serré ma mère dans mes bras pendant plusieurs minutes, et nous avons pleuré, sans savoir si nous allions nous revoir».

Gaza-Ville, le plus grand centre urbain de la bande de Gaza, existe depuis 5000 ans, c'est un carrefour économique et culturel depuis des millénaires.

Aujourd'hui, les Palestiniens redoutent qu'Israël n'envisage de l'effacer de la carte, comme cela a été le cas pour Rafah, désormais entièrement détruite.

Si Gaza-Ville connaît le même sort, ce sera la fin de la bande de Gaza telle que nous la connaissons.

source :  Mondoweiss via  France-Irak Actualité

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newsnet 2025-10-05 #15182

donc voilà,
"considéré comme" a une valeur punitive ;
l'extermination est annoncée,
et la futilité de sa raison exposée sans fard.