Par Karim pour BettBeat Media, le 7 octobre 2025
L'emprise des médias mainstream sur la vérité a atteint son paroxysme. Ce que nous observons n'est pas simplement un parti pris ou de la propagande au sens traditionnel du terme, mais une mainmise totale sur l'écosystème de l'information par des forces déterminées à occulter l'un des génocides les plus documentés de l'histoire de l'humanité. De Google à CBS, en passant par le New York Times et TikTok, toutes les grandes plateformes qui façonnent la conscience collective mondiale sont désormais sous l'influence idéologique de milliardaires sionistes qui instrumentalisent l'information.
La récente nomination de Bari Weiss au poste de rédacteur en chef de CBS News, après le rachat de son média par Paramount pour 150 millions de dollars, est plus qu'un simple remaniement de personnel. Il s'agit de l'institutionnalisation du déni du génocide au plus haut niveau du journalisme américain. Weiss, qui se décrit elle-même comme une "fervente sioniste", a bâti sa carrière en minimisant les souffrances des Palestiniens, notamment en tentant d'expliquer la crise alimentaire à Gaza par les "comorbidités" chez les enfants mourants. C'est cette voix qui façonnera désormais la couverture des affaires internationales par CBS.
Larry Ellison, l'une des personnes les plus riches du monde et le plus important donateur individuel des Forces de défense israéliennes, a quant à lui acquis le contrôle effectif de TikTok aux États-Unis. La plateforme chinoise, qui offrait autrefois un aperçu non filtré de la réalité de Gaza (images d'enfants morts, d'hôpitaux démolis et témoignages de familles palestiniennes), sera désormais gérée par quelqu'un qui a investi financièrement dans la machine responsable de ces mêmes images.
Ce n'est pas une coïncidence. C'est une stratégie.
Israël n'est pas en cause. C'est le Qatar ! Les Iraniens !
Van Jones, un ancien organisateur maoïste familier des mécanismes de l'oppression, joue désormais le rôle d'idiot utile des sionistes (et des Blancs, bien sûr) dans l'émission de Bill Maher. Il reproche à la "désinformation" iranienne d'être responsable du désintérêt des jeunes Américains face aux images d'enfants déchiquetés par des bombes financées par les États-Unis. La dissonance cognitive nécessaire à une telle performance serait comique si les enjeux n'étaient pas si graves. Jones ne comprend pas que son public n'est pas dupe et réagit simplement à la réalité objective : être témoin d'un massacre systématique suscite une indignation morale plutôt qu'une confusion géopolitique.
Le système que soutient Jones aujourd'hui a perfectionné l'art du mensonge. Tout en accusant l'Iran et le Qatar - si si, l'Iran et le Qatar ! - de manipuler les algorithmes de réseaux sociaux, Israël a alloué 145 millions de dollars à sa plus grande campagne de propagande aux États-Unis depuis le début du génocide. Le projet 545 prévoit 50 millions de vues mensuelles, dont 80% sont destinées à la génération Z, sur les mêmes plateformes que celles que Jones affirme être compromises par l'ingérence étrangère (les affreux musulmans). Benjamin Netanyahu lui-même a rencontré des influenceurs américains lors de son passage à Washington, leur offrant 7 000 dollars par publication sur les réseaux sociaux pour blanchir ses crimes de guerre. Imaginez la réaction des médias si Xi Jinping ou Vladimir Poutine organisaient de telles rencontre.
"L'incapacité du Sud global à développer une infrastructure d'information alternative équivaut à une cécité stratégique catastrophique".
La cécité médiatique déconcertante du Sud global
La tragédie ne se limite pas à la complicité américaine. L'incapacité du Sud global à développer une infrastructure d'information alternative équivaut à une cécité stratégique catastrophique. Si la Chine reconnaît la souveraineté de l'information à l'intérieur de ses frontières, elle a montré une incapacité déconcertante à projeter son soft power à l'échelle internationale. La décision de vendre TikTok plutôt que de maintenir une plateforme indépendante capable de contester la domination narrative occidentale révèle soit une naïveté stupéfiante, soit une capitulation calculée au service des intérêts capitalistes, et non socialistes.
Cette capitulation a des conséquences allant bien au-delà de la Palestine. Le sentiment anti-musulman qui imprègne des sociétés comme le Japon et la Corée du Sud, où les populations musulmanes sont insignifiantes, témoigne de l'ampleur mondiale du conditionnement psychologique occidental. La peur de la Chine qui s'empare de l'Asie du Sud-Est, malgré la politique étrangère non interventionniste de ce pays, en est un autre exemple. Il ne s'agit pas de phénomènes culturels organiques, mais de produits d'une construction narrative délibérée.
Les chiffres illustrent l'histoire dans toute sa clarté. La mort de sept cent mille Palestiniens suscite moins l'attention des médias que celle d'un seul provocateur raciste ou de deux citoyens britanniques. Ce n'est pas un accident, mais un processus - la création méticuleuse de "personnes" et de "non-personnes" dans la conscience mondiale. Lorsque des images montrent des enfants palestiniens abattus par des tireurs d'élite israéliens d'une seule balle dans la tête ou les parties génitales, comme l'ont témoigné de nombreux médecins internationaux, les autorités ne mènent pas d'enquête, mais expliquent que ces images sont des "fake news".
"Nous avons laissé nos ennemis prendre le contrôle total des moyens de communication de masse. L'incapacité de la gauche à développer une infrastructure médiatique indépendante est non seulement une erreur stratégique, mais aussi une abdication morale".
"Esclave, courbe l'échine !"
Le système tient grâce à notre isolement, à notre désespoir et à notre impuissance. Il exige notamment que nous croyions que rien de ce que nous faisons n'a d'importance, que la résistance est vaine et que le mieux que nous puissions espérer est de courber l'échine en espérant que nos enfants ne seront pas les victimes que les milliardaires choisiront de violer ou de sacrifier allègrement.
Et si les classes dirigeantes ne craignent pas un million de marches pacifiques, elles redoutent par-dessus tout que nous brisions les chaînes de "l'impuissance acquise". Elles savent que leur pouvoir ne repose pas sur une puissance de feu supérieure, mais sur un contrôle narratif absolu. La plus grande arme de l'empire occidental n'a jamais été son armée, mais sa capacité à conditionner la pensée mondiale.
Le traitement réservé à Greta Thunberg de la flottille de Gaza - forcée d'embrasser le drapeau israélien, maltraitée, traînée par les cheveux, détenue dans des cellules infestées de punaises - en est une parfaite illustration. C'était un message adressé à tous ceux qui envisagent de contester le génocide : voilà ce qui arrive aux plus illustres d'entre vous. Imaginez ce que nous faisons aux autres, sans parler des Palestiniens.
L'ennemi contrôle totalement nos communications.
Pourtant, leur désespoir est palpable. Leur besoin d'agresser physiquement les militants, de manipuler les algorithmes des réseaux sociaux et d'installer des censeurs dans les salles de rédaction témoigne d'un empire en déclin. La vérité a le pouvoir de s'imposer, malgré les outils de propagande les plus sophistiqués. Les jeunes Américains, qui voient les images de la destruction systématique à Gaza, ne sont pas manipulés par des acteurs étrangers. Ils réagissent à une clarté morale, alors que leurs aînés ont perdu la leur.
Pour aller de l'avant, il nous faut reconnaître une réalité inconfortable : nous avons autorisé nos ennemis à prendre le contrôle total des moyens de communication de masse. L'incapacité de la gauche à développer une infrastructure médiatique indépendante constitue non seulement une erreur stratégique, mais aussi une abdication morale. Nous acceptons de dépendre de plateformes appartenant à ceux qui tirent profit de notre silence.
La création d'alternatives nécessitera des ressources, un engagement et une coordination internationale que la gauche n'a pas réussi à mobiliser jusqu'à présent. Cela implique d'accepter l'idée que l'autonomie informationnelle compte autant que l'autonomie économique, et que l'indépendance narrative est une condition préalable à l'indépendance politique. Cela signifie reconnaître que chaque jour de retard est un jour de plus où le génocide se poursuit avec la complicité de tous.
Se réapproprier la réalité
La machine n'est pas invincible. Elle ne semble l'être que parce que nous avons oublié comment la combattre. La première étape consiste à refuser de confondre ses projections avec la réalité, ses manipulations avec la vérité et la justice. La seconde consiste à construire une meilleure alternative. La troisième, à ne jamais, en aucun cas, leur permettre de nous faire oublier ce que nous avons vu.
Les enfants morts de Gaza ne sont pas de la désinformation. Ils sont une réalité que le système ne peut tolérer, et donc la vérité autour de laquelle la résistance doit s'organiser. Leur mémoire exige rien de moins que le démantèlement complet de l'appareil qui a rendu leur meurtre possible - et rentable.
Traduit par Spirit of Free Speech
Les algorithmes ouvertement anti-palestiniens de Google devraient nous inciter à cesser de l'utiliser. Dès maintenant.