10/10/2025 reseauinternational.net  4min #293040

Le talon d'Achille de l'Otan

par German Gorraiz Lopez

Suite à l'approbation par Trump de l'attaque ukrainienne du territoire russe avec des missiles Tomahawk, «la réponse de la Russie à la livraison de missiles Tomahawk américains à l'Ukraine pourrait être une coopération militaire avec Cuba».

C'est ce qu' a déclaré Alexandre Stepanov, expert militaire de l'Institut de droit et de sécurité nationale, chercheur à l'Institut de l'Amérique latine de l'Académie des sciences russes.

Le corridor de Suwalki

Le corridor de Suwalki, également connu sous le nom de «brèche de Suwalki», est une étroite bande de territoire d'environ 65 à 100 km de long qui sépare la Pologne de la Lituanie. Cette zone est bordée à l'est par la Biélorussie (alliée de la Russie) et à l'ouest par l'enclave russe de Kaliningrad, ce qui en fait un point stratégique clé pour l'OTAN.

Dans un hypothétique conflit entre la Russie/Biélorussie et l'OTAN, le contrôle de ce corridor par les forces russes pourrait isoler les États baltes (Lituanie, Lettonie et Estonie) du reste de l'Alliance, coupant ainsi la seule voie terrestre pour les renforts en provenance de Pologne et d'Europe occidentale. Cela faciliterait la construction d'un pont terrestre entre Kaliningrad et la Biélorussie, renforçant ainsi la position russe dans la Baltique.

La région est peu peuplée, boisée, avec des collines, des lacs et des rivières qui entravent la progression rapide des chars. Cependant, son réseau routier limité (principalement la Via Baltica et une ligne ferroviaire) la rend vulnérable aux blocus rapides. La Russie a tenté de négocier des corridors extraterritoriaux par le passé, mais elle a essuyé un refus de la Pologne, de la Lituanie et de l'UE.

En 2022, les inquiétudes concernant les sanctions affectant le transit vers Kaliningrad se sont intensifiées. L'OTAN a renforcé sa présence dans la région avec des bataillons multinationaux en Pologne et dans les États baltes depuis 2017, des exercices conjoints polono-lituaniens et des plans d'évacuation des civils. La Lituanie prévoit d'améliorer les routes et les défenses frontalières afin de faciliter la circulation des troupes, mais elle demeure le talon d'Achille de l'OTAN sur son flanc oriental.

Cuba, nouveau protagoniste ?

Suite à l'approbation par Trump de l'attaque ukrainienne contre le territoire russe à l'aide de missiles Tomahawk, Poutine a averti que cela entraînerait une «escalade imprévisible du conflit».

Ainsi, selon Viktor Bondarev, premier vice-président de la commission de la défense et de la sécurité du Conseil de la Fédération (chambre haute du parlement russe), «l'établissement d'une base militaire russe à Cuba dans un contexte d'agression américaine croissante  répondrait aux intérêts de sécurité nationale». Cela va dans le sens de la loi ratifiant l'accord de coopération militaire entre la Russie et Cuba.

De son côté, Alexandre Stepanov, a stipulé : «La réponse de la Russie à la livraison de missiles Tomahawk américains à l'Ukraine pourrait être une coopération militaire avec Cuba». Ainsi, nous pourrions assister à la signature d'un nouveau traité de coopération militaire russo-cubain (rappelant le Pacte secret signé en 1960 à Moscou entre Raúl Castro et Nikita Khrouchtchev), dont la première étape fut le déploiement à Cuba d'un complexe mobile de réception de données provenant de satellites russes.

La création d'une base radar sur la base militaire abandonnée de Lourdes à Cuba, afin d'écouter les murmures de Washington, n'est pas exclue.

De même, la Russie pourrait riposter par le déploiement de missiles Iskander M équipés d'ogives polyvalentes, ainsi que de missiles antiaériens S-400, ce qui pourrait raviver la crise des missiles Kennedy-Khrouchtchev (octobre 1962) et la signature ultérieure de l'Accord de suspension des essais nucléaires avec Khrouchtchev (1962).

source :  Observateur Continental

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