13/10/2025 legrandsoir.info  4min #293307

Un État palestinien ou une réserve palestinienne ?

Mohamed EL BACHIR

« Tant que les lions n'auront pas d'historiens, les histoires de chasse glofieront le chasseur. » (proverbe africain)

Soutenir le génocidaire sioniste et jouer le rôle de l'avocat de la victime palestinienne

Le 22 septembre 2025, à la Tribune des Nations-unies, le président français déclara :« en 1947, cette Assemblée décidait du partage de la Palestine mandataire entre deux Etats, l'un juif et l'autre arabe, et reconnaissait ainsi le droit de chacun à l'autodétermination. La communauté internationale consacrait là l'Etat d'Israël, accomplissant le destin de ce peuple, enfin, après des millénaires d'errance et de persécution, et qui put fonder là une si belle démocratie. » (1)

Une précision s'impose, la Palestine fut une terre habitée par des arabes juifs, chrétiens et musulmans. Les trois qualificatifs juif, chrétien et musulman sont énumérés pour respecter l'ordre chronologique de leur existence sur cette terre. Terre des trois monothéismes !

En 1947, les puissances politiques et militaires Etats-unis, Angleterre, France et U.R.S.S ont décidé de modifier la nature de cette terre en tenant en compte l'idéologie du mouvement sioniste né en Europe et dont les fondements idéologiques furent définis au Congrès de Bâle en 1897. Ce choix géopolitique des puissants est dans la continuité de la Déclaration Balfour adressée par le ministre des Affaires étrangères anglais Lord Arthur Balfour le 2 novembre 1917 à Théodor Herzl, le père du sionisme politique : un foyer national pour le peuple juif en terre de Palestine.

Ainsi l'État d'Israël est le produit d'une puissance coloniale et approuvé en 1947 par les puissances citées ci-dessus. Evidemment, l 'Holocauste nazi fut le socle sur lequel se sont appuyées ces puissances pour fonder l'Etat d'Israël dans un contexte de confrontation géo-stratégique entre puissances occidentales et U.R.S.S.

En affirmant que cet Etat d'Israël est l'accomplissement du destin de « ce peuple, enfin, après des millénaires d'errance et de persécution », le président français omet de préciser que la persécution des juifs eu lieu en Europe et sous-entend que le peuple palestinien n'est qu'un locataire provisoire sur cette terre. Cette affirmation du président français est cohérente avec ce qu'il a déclaré en 2017 au dîner du Cri : « Jérusalem est la capitale éternelle du peuple juif. Je n'ai jamais cessé de le dire. » (2)

Une terre où fut fondée une « si belle démocratie » qui s'est débarrassé du peuple palestinien et continue sur cette voie pour l'instauration du Grand Israël.Toujours prisonnier du '' en même temps '', le président français ignore sans doute les propos de Ben Gourion, premier ministre de l'entité sioniste de 1948 à 1954 et de 1955 à 1963 : «...Pourquoi les Palestiniens feraient-ils la paix ? Si j'étais, moi, un leader palestinien, jamais je ne signerai avec Israël. C'est normal, nous avons pris leur pays. Certes, Dieu nous l'a promis, mais en quoi cela peut-il les intéresser ? Notre Dieu n'est pas le leur. Nous sommes originaires d'Israël, c'est vrai, mais il y a de cela deux mille ans : en quoi cela les concerne-t-il ? Il y a eu l'antisémitisme, les nazis, Hitler, Auschwitz, mais est-ce leur faute ? Ils ne voient qu'une chose : nous sommes venus et nous avons volé leur pays. Pourquoi l'accepteraient-ils..? » (3)

Un État palestinien ?

En reconnaissant un État palestinien, la France ainsi que l'Angleterre et l'Allemagne espèrent effacer des mémoires leurs participations au génocide à Gaza en aidant l'Etat sioniste et sur le plan militaire et sur le plan économique.

Dernière étape, un plan de paix (4) rédigé par le chef suprême de l'impérialisme israélo-occidental, Donald Trump, avec l'aval du premier ministre israélien, suggère l'instauration d'un État palestinien sous des conditions qui annihilent, d'une part, le droit à l'autodétermination du peuple palestinien en tant que peuple colonisé et ne dit mot sur les colonies sionistes qui continuent à s'étendre en Cisjordanie. La future Judée-Samarie ?

Un État palestinien dont ni le territoire ni les contours ne sont à l'ordre du jour.
Bref, un cessez-le-feu n'est nullement synonyme de paix.
D'où la question : un État palestinien où une réserve palestinienne ?
Avec la bénédiction des « dirigeants arabes dans l'habit du serviteur volontaire. »(5)

Mohamed El Bachir

13/10/2025

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