L'administration Trumpanyahu sabote déjà le cessez-le-feu

Par  Caitlin Johnstone, le 15 octobre 2025

Je ne sais pas d'où sort l'expression prétendant qu'un cessez-le-feu israélien signifie "vous, vous cessez et nous, nous ouvrons le feu", mais elle s'avère à chaque fois d'une pertinence redoutable.

L'armée israélienne a  tué neuf Palestiniens qui tentaient de rentrer chez eux, sous le  prétexte habituel qu'ils se trouvaient dans une zone non autorisée et que leur comportement aurait menacé les soldats, bla bla bla. Elle a  tenu le même discours tout au long du précédent "cessez-le-feu" au début de l'année, invoquant exactement les mêmes excuses.

Comme on pouvait s'y  attendre, Israël a  annoncé réduire de moitié l'aide humanitaire à Gaza et interrompre les livraisons de carburant et de gaz, car le Hamas n'a pas restitué tous les corps des otages israéliens décédés. Israël savait parfaitement, lorsqu'il a signé l'accord, que le Hamas ne serait pas en mesure de restituer immédiatement les corps de tous les otages, en raison des tonnes de décombres et du chaos généré par la campagne de bombardements israéliens à Gaza.

Le 9 octobre, CNN a publié un article intitulé " Israël estime que le Hamas pourrait ne pas être en mesure de restituer tous les corps des otages restants", dans lequel il est rapporté que

"le gouvernement israélien est conscient que le Hamas pourrait ne pas connaître l'emplacement des corps de certains des 28 otages morts, ou être incapable de les récupérer".

La  Croix-Rouge affirme que retrouver tous les corps des otages sera un "défi colossal", dans les tonnes de décombres causés par les frappes aériennes israéliennes dans les zones où les otages étaient détenus.

Jeremy Scahill, de Drop Site Media,  explique que « lors des négociations sur Gaza, Israël a admis qu'il faudra du temps pour récupérer tous les corps des otages décédés. Un dispositif spécifique a été convenu pour la récupération des corps. Aujourd'hui, Israël fait comme si cela n'avait jamais eu lieu afin de pouvoir violer l'accord et réduire de moitié les livraisons d'aide humanitaire initialement programmées. »

Mondoweiss a  rapporté la semaine dernière que les médias israéliens en langue hébraïque ont affirmé qu'une "clause secrète" de l'accord de cessez-le-feu permettrait à Israël de reprendre ses attaques si les corps des otages décédés ne sont pas restitués dans un délai de 72 heures.

On dirait donc que tout a été prévu dès le début. Il ne s'agit de rien d'autre que d'imposer des exigences que le Hamas n'est pas en mesure d'honorer, puis de s'en servir comme prétexte pour reprendre le massacre.

Et le président Trump semble approuver cette stratégie,  postant sur Truth Social

qu'"un grand pas a été franchi, mais le travail N'EST PAS TERMINÉ. LES MORTS N'ONT PAS ÉTÉ RESTITUÉS, COMME PROMIS !"

"On nous a dit qu'ils avaient 26, 24 otages morts... et il semble qu'ils ne les aient pas, car nous parlons d'un nombre bien inférieur", a déclaré Trump  à la presse mardi, ajoutant : "Je veux qu'ils soient restitués".

Trump a également déclaré à la presse vouloir désarmer le Hamas de force, ce qui revient à admettre ouvertement que tout ce cinéma autour du "cessez-le-feu" n'est qu'une imposture.

"Et s'ils ne désarment pas, nous les désarmerons - et cela sera rapide et, potentiellement violent, mais ils DÉSARMERONT", a déclaré Trump  mardi.

Cette déclaration fait écho aux récentes  déclarations de Benjamin Netanyahu, qui a affirmé que le Hamas sera désarmé "sans difficulté" ou "dans la douleur".

Le président et le Premier ministre indiquent clairement que, pour que les négociations de cessez-le-feu aboutissent à une paix durable, le Hamas devra se rendre intégralement et Israël obtenir une victoire totale. Ils présentent ce deal comme un accord de cessez-le-feu, alors qu'il s'agit en réalité d'un accord de capitulation totale. Mais le Hamas a clairement indiqué qu'il ne se rendra pas.

Comme le  rapporte Drop Site News,

"les hauts responsables du Hamas, du Jihad islamique et d'autres factions de la résistance ont rejeté à plusieurs reprises toute idée de désarmement tout au long des négociations, y compris dans de nombreuses interviews accordées à Drop Site au cours de l'année écoulée".

L'une des sources de la confusion entourant le cessez-le-feu réside dans l'existence de deux définitions contradictoires du terme. Les partisans d'Israël estiment que "cessez-le-feu" signifie "victoire totale et capitulation complète du Hamas", tandis que tous les autres considèrent que "cessez-le-feu" signifie simplement "cessez-le-feu".

C'est pourquoi les partisans d'Israël célèbrent l'accord, tandis que les partisans de la Palestine sont beaucoup plus inquiets. Ces derniers savent qu'un cessez-le-feu et une capitulation sont deux concepts différents. Ils entendent Trump et Netanyahu déclarer que le Hamas devra complètement désarmer pour que les négociations de "cessez-le-feu" débouchent sur une paix durable. Ils craignent que les positions radicales et inconciliables de l'administration Trump-Netanyahu et du Hamas ne conduisent à une reprise de l'holocauste de Gaza.

Ainsi, malgré la liesse et le tapage médiatique autour du cessez-le-feu, la situation actuelle ne semble pas avoir beaucoup changé. Depuis le début de ce génocide, la position officielle des États-Unis et d'Israël ne cesse de répéter que les tueries ne cesseront pas tant que le Hamas n'aura pas déposé les armes et capitulé, et cette posture reste inchangée aujourd'hui. Il y a certes une pause bienvenue dans les massacres, mais l'équipe Trump-Netanyahu laisse clairement entendre qu'elle reprendra sous prétexte que le Hamas refuse de désarmer.

En supposant, bien sûr, que les négociations aillent aussi loin. Israël fait déjà tout ce qu'il peut pour saboter le cessez-le-feu, en assassinant des Palestiniens et en réduisant considérablement l'aide humanitaire promise.

À moins d'un changement significatif dans un avenir proche, ce léger répit dans les atrocités commises par Israël à Gaza ne devrait pas durer.

Traduit par  Spirit of Free Speech

 ssofidelis.substack.com