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Le Hamas traque les collaborateurs de l'armée israélienne un à un à Gaza

Par  Tareq S. Hajjaj, le 16 octobre 2025

La vaste campagne de sécurité menée par le Hamas pour éliminer les gangs armés ayant collaboré avec l'armée israélienne pendant la guerre s'intensifie.

"Nos opérations les élimineront tous, sans exception",

a déclaré une source sécuritaire du Hamas à Mondoweiss.

Une  vidéo est désormais virale. Des hommes armés et masqués, affiliés au Hamas, alignent un groupe d'hommes aux mains liées dans le camp de réfugiés de Nuseirat, au centre de la bande de Gaza, tandis que la foule se rassemble autour d'eux. Les combattants du Hamas accusent ces hommes de collaborer avec l'armée israélienne. "Assassins !" crie un spectateur. Ils sont exécutés par un peloton d'exécution.

Dans  une autre vidéo, on assiste à une scène similaire. Un combattant du Hamas s'adresse à la foule, expliquant que les accusés "se sont associés" à l'armée israélienne "pour trahir leur propre peuple" et qu'ils ont été condamnés à mort. Avant l'exécution, le combattant masqué lance un avertissement :

"Nous disons à tous les collaborateurs, au grand collaborateur Yasser Abu Shabab, au grand collaborateur Rami Hilles et au grand collaborateur Ahmad Jundiyya, que vous serez tous amenés ici, devant les combattants de la résistance".

Depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu avec Israël, le Hamas a lancé une vaste campagne de sécurité pour démanteler les gangs armés responsables du pillage de l'aide humanitaire durant le conflit. Dans certains cas, ces gangs ont été  chargés par l'armée israélienne de combattre directement le Hamas, tout en recevant, selon les médias locaux et israéliens, des armes, une formation, un financement et un soutien logistique de la part d'Israël. En juin, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a également admis publiquement cette politique.

Ce chaos a été favorisé par le vide politique créé par la politique d'Israël consistant à  cibler systématiquement les fonctionnaires du Hamas, y compris les forces de police locales chargées de maintenir l'ordre public et de lutter contre la criminalité. Cela a contraint la police de Gaza à se cacher après la rupture du cessez-le-feu en mars, et a permis aux clans et autres groupes armés de piller l'aide sous la protection d'Israël. Les Palestiniens affirment que cette situation cadre avec une  politique israélienne délibérée de laisser croire que l'aide entre à Gaza, tout en s'assurant qu'elle ne touche pas ceux qui en ont besoin.

Les groupes les plus tristement célèbres, aujourd'hui la cible de la répression du Hamas, comprennent les "Forces populaires" dirigées par Yasser Abu Shabab à Rafah, la "Force de frappe antiterroriste" dirigée par Hussam al-Astal à Khan Younis, une milice de l'est de la ville de Gaza dirigée par un ancien membre des forces de sécurité de l'Autorité palestinienne, Rami Hillis, un groupe armé de la ville de Gaza dirigé par un ancien membre des services de renseignement de l'Autorité palestinienne, Ahmad Jundiyya, ainsi que des membres armés du clan Doghmush.

Le Hamas offre l'amnistie aux membres de gangs "non impliqués dans toute effusion de sang"

La campagne du Hamas a débuté peu avant l'entrée en vigueur du cessez-le-feu. Le 4 octobre, des membres du Hamas ont éliminé des collaborateurs du clan Majadla à Khan Younis, accusés d'avoir tué deux combattants de la résistance. Lorsque les forces du Hamas ont pris d'assaut le bloc résidentiel du clan abritant les accusés, une fusillade a éclaté entre la famille et les forces du Hamas. Selon des informations locales, l'armée israélienne est intervenue pendant la fusillade et a bombardé les combattants de la résistance, tuant sept d'entre eux.

Lorsque le cessez-le-feu a été conclu, l'armée israélienne a reçu l'ordre de se retirer et de ne plus intervenir. Les soldats israéliens  ont déclaré avoir observé la scène depuis leurs postes d'observation, "sans pouvoir intervenir".

"Ceux qui s'attendent à ce qu'Israël vienne en aide à ces mêmes clans se trompent. Il semble qu'Israël les ait laissés se débrouiller seuls",

a déclaré un officier israélien au journal Haaretz.

Le président américain, Donald Trump, a déclaré que la répression du Hamas ne le choquait pas, admettant que l'opération a permis d'"éliminer quelques gangs très dangereux".

Le Hamas a éliminé les éléments complices de la famine, et cette opération se poursuit encore aujourd'hui. Cependant, certains groupes, comme celui de Yasser Abu Shabab, sont toujours présents dans des zones sous contrôle israélien.

Le 12 octobre, le ministère de l'Intérieur de Gaza a annoncé la mise en place d'une "période d'amnistie" pour tous les collaborateurs de l'armée israélienne n'ayant pas été "impliqués dans des crimes de sang". Cette amnistie prendra fin le 19 octobre, a déclaré le ministère, ajoutant que ceux qui saisiront cette opportunité verront leur casier judiciaire effacé.

Le premier jour du cessez-le-feu, le Hamas a pris d'assaut le quartier général de la famille Doghmush, dans la ville de Gaza, et l'a assiégé pendant trois jours. Les membres de la famille Doghmush sont accusés d'avoir  tué le journaliste palestinien Saleh Aljafarawi ainsi que Naim Naim, le fils du haut responsable du Hamas Bassem Naim.

Le deuxième jour du cessez-le-feu, le Hamas a annoncé avoir tué Ahmad Tarabin, le bras droit de Yasser Abu Shabab, à Khan Younis. Mardi, les forces du Hamas ont attaqué le gang dirigé par Rami Hillis dans le quartier d'Al-Shuja'iyya, à l'est de la ville de Gaza.

"Nous traitons les criminels et les hors-la-loi conformément à deux principes", a déclaré à Mondoweiss une source sécuritaire du ministère de l'Intérieur de Gaza. "Le premier consiste à leur accorder l'amnistie ou à les juger devant un tribunal s'ils se rendent et coopèrent avec les forces de sécurité. En revanche, en vertu du second cas de figure, nous poursuivons tous les hors-la-loi avec toute notre énergie, où qu'ils se trouvent. Nos opérations les élimineront tous, sans exception".

Selon la source du ministère, les forces de sécurité s'efforcent de rétablir l'ordre public dans la bande de Gaza et de poursuivre les gangs armés liés à l'armée israélienne.

"Ces familles ont profité de la proximité entre leurs quartiers et les zones d'opérations militaires de l'armée israélienne pour s'en prendre à Gaza et à sa population", a-t-elle expliqué. "Elles ont attaqué des convois, pillé des aides humanitaires, enlevé et terrorisé des citoyens".

La source fait référence au clan Doghmush, sans le nommer, comme étant "une grande famille qui a fondé l'un de ces gangs" dans le quartier de Sabra, à l'ouest de la ville de Gaza, où les opérations militaires de l'armée israélienne se concentraient avant le cessez-le-feu.

"Les forces de sécurité ont neutralisé ce groupe et l'ont traité de manière radicale, d'autant qu'il a refusé de répondre à l'ultimatum, de rendre ses armes, et de revenir vers son peuple", a déclaré la source.

"Plus dangereux qu'Israël lui-même"

Les réactions à Gaza aux vidéos d'exécutions sommaires ont été mitigées. Certains ont déclaré en ligne que les habitants de Gaza ont déjà été confrontés à suffisamment d'horreurs au cours des deux dernières années et les ont condamné sans équivoque. D'autres ont déclaré que les gangs visés sont "plus dangereux que l'occupation elle-même", estimant que ces exécutions doivent servir de mise en garde à la population pour qu'elle réfléchisse à deux fois avant de collaborer avec l'occupant contre son propre peuple.

"Tous nos objectifs visent à instaurer l'ordre et la loi, et nous bénéficions du soutien total des clans", a déclaré une source du ministère de l'Intérieur. "Nous nous efforçons également de prévenir les velléités de chaos fomentées par des étrangers et des groupes affiliés à l'Autorité palestinienne".

Au début de la semaine, le chef du Comité supérieur des affaires tribales de Gaza, Cheikh Husni al-Mughni,  a réagi à l'une des vidéos dans une interview accordée à la chaîne saoudienne al-Hadath. Il a déclaré que les clans de Gaza apportent leur soutien "sans réserve" aux initiatives du Hamas et que "justice a été rendue".

"Le Hamas a averti ces individus à plusieurs reprises, par l'intermédiaire de médiateurs et de membres de leur famille, afin qu'ils se rendent et qu'ils répondent de leurs actes devant la justice", a déclaré al-Mughni.

"Honnêtement, ils mériteraient une sanction encore plus lourde, et vous devriez en juger d'après les détails de leurs crimes", a-t-il ajouté. "Un homme qui bat et tue un enfant de 10 ans pour lui voler sa farine mérite d'être exécuté, ou pire encore".

Traduit par  Spirit of Free Speech

 mondoweiss.net

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