© Aurelien Morissard Source: AP
L'ancien président français Nicolas Sarkozy monte dans sa voiture en quittant son domicile avant de se rendre au Parquet national financier afin de fixer la date et le lieu de son incarcération, le 13 octobre 2025 à Paris.
Condamné à cinq ans de prison avec exécution provisoire dans l'affaire des soupçons de financement libyen de sa campagne de 2007, Nicolas Sarkozy doit être incarcéré le 21 octobre à la prison de la Santé, à Paris. L'ancien chef de l'État a vécu ses derniers jours de liberté entre rendez-vous politiques, soutien familial et échanges inattendus.
À 70 ans, Nicolas Sarkozy s'apprête à franchir une étape inédite dans l'histoire politique française : devenir le premier ancien président de la République à être incarcéré. Le 21 octobre au matin, il se présentera volontairement à la prison de la Santé pour exécuter une peine de cinq ans de prison, dont deux ferme, prononcée à la suite de sa condamnation dans le dossier des soupçons de financement libyen de sa campagne de 2007. Une séquence lourde de symbole, qui marque une nouvelle page dans le parcours tumultueux de celui qui fut à la tête de l'État entre 2007 et 2012.
« Je n'ai pas peur de la prison. Je garderai la tête haute, y compris devant les portes de la Santé », a-t-il déclaré à La Tribune Dimanche. Depuis l'annonce de sa condamnation, l'ancien chef de l'État a affiché une attitude de défi et de calme, préparant minutieusement sa détention. Son sac est prêt : trois livres, dix photos de famille, quelques effets personnels. En raison de son passé au ministère de l'Intérieur et à l'Élysée, il sera placé à l'isolement, dans une cellule de neuf mètres carrés dotée d'un bureau, d'une douche et d'un téléphone à numéros restreints.
En prison avec un régime d'isolement total
À la prison de la Santé, où il sera incarcéré, Nicolas Sarkozy bénéficiera d'un régime d'isolement total, une mesure décidée pour des raisons de sécurité. L'ancien chef de l'État ne rejoindra donc pas le quartier réservé aux personnalités publiques, mais un espace distinct, situé au dernier étage du bâtiment central. Sa cellule, d'environ neuf mètres carrés, comprend un lit, un bureau, une douche, des toilettes et une plaque chauffante. Il pourra y disposer, en option, d'un réfrigérateur et d'une télévision.
Deux fois par jour, il aura accès à une petite cour de promenade d'une trentaine de mètres carrés, entièrement grillagée. Ses déplacements à l'intérieur de l'établissement se feront toujours sous escorte, et le système de sécurité empêchera tout contact avec les autres détenus. Nicolas Sarkozy aura droit à trois parloirs familiaux par semaine, et un téléphone fixe avec des numéros préenregistrés, sous surveillance. Un cadre strict, mais conforme à sa demande : celle d'éviter tout privilège tout en garantissant sa sécurité physique et psychologique.
Proches et anciens collaborateurs entourent Sarkozy
Carla Bruni, son épouse, suit chaque détail de cette préparation, inquiète de ses conditions de vie et de son alimentation. Lui, au contraire, refuse toute idée de traitement de faveur et prévoit d'utiliser son temps d'enfermement pour écrire un nouveau livre. Deux références hantent ses réflexions : les lettres du capitaine Dreyfus et Le Comte de Monte-Cristo, d'où il tire sa devise du moment : « Attendre et espérer. »
Les derniers jours de liberté de Nicolas Sarkozy ont été rythmés par les visites et les appels de proches, d'anciens collaborateurs et de figures politiques de tous bords. Il a notamment reçu François Fillon, François Baroin, Rachida Dati et Édouard Philippe, qui lui ont témoigné leur amitié. Le 29 septembre, il déjeunait encore avec Christian Jacob, avec qui il évoquait la situation internationale. Malgré la gravité du moment, l'ancien président n'a pas voulu se plaindre.
Un appel « mécanique » de Macron
Deux appels, en revanche, ont marqué les esprits. Le premier est venu de Marine Le Pen, qui, après avoir dénoncé sur X la « généralisation de l'exécution provisoire », a pris contact pour lui exprimer sa solidarité. Nicolas Sarkozy lui a répondu avec courtoisie, malgré leur histoire politique houleuse. Le second coup de fil, plus solennel, est venu de l'Élysée : Emmanuel Macron a appelé son prédécesseur dès le soir du jugement. Une conversation jugée « froide » par l'entourage de Sarkozy, qui l'aurait trouvé « mécanique », confirmant la détérioration de leur relation depuis leur dernier entretien à l'Élysée fin juillet.
Dans les jours qui ont suivi, Nicolas Sarkozy a reçu des centaines de lettres de soutien de citoyens, d'élus et de personnalités diverses. Il y a répondu personnellement, affirmant que son combat dépassait sa personne : « C'est une exigence de Vérité et de Justice. » Le 8 octobre, face à ses anciens collaborateurs, il a prononcé cette phrase devenue emblématique : « La fin de l'histoire n'est pas écrite. » Son fils cadet Louis a pour sa part appelé à un rassemblement symbolique devant leur domicile parisien pour soutenir son père.