21/10/2025 ssofidelis.substack.com  11min #294036

Le génocide environnemental insidieux d'Israël

Attaque au phosphore blanc menée par une entité sioniste contre le Liban, novembre 2023

Par  Kit Klarenberg, le 20 octobre 2025

Le  23 septembre, l'ONU a publié un rapport peu commenté qui attire l'attention sur une facette peu évoquée de l'Holocauste du XXIè siècle à Gaza. Il révèle les répercussions environnementales dévastatrices du génocide perpétré par l'État d'Israël, non seulement sur la Palestine occupée, mais aussi sur l'ensemble de l'Asie occidentale, y compris Israël. Les ravages sont incalculables : l'air, les sources alimentaires, les sols et l'eau sont sévèrement pollués, à un seuil fatal. La reconstruction pourrait prendre des décennies, voire s'avérer impossible. En attendant, ceux qui sont toujours à Gaza paieront le prix fort, souvent de leur vie.

En juin 2024, l'ONU a publié une évaluation préliminaire de "l'impact environnemental" du génocide de Gaza.

L'organisation a conclu que l'agression barbare de l'État d'Israël a

"eu un impact majeur" sur "les habitants de Gaza et les systèmes vivants dont ils dépendent". En raison de "restrictions de sécurité" - à savoir les  attaques incessantes d'Israël -, l'ONU n'a pas pu évaluer "l'étendue globale des dégâts environnementaux".

Néanmoins, l'organisme a pu rassembler des informations indiquant que l'ampleur du désastre est "immense" et que la situation s'est "considérablement aggravée" depuis le 7 octobre.

L'holocauste du XX^e siècle perpétré par Tel-Aviv a notamment

"considérablement affecté les infrastructures hydrauliques, limitant drastiquement l'approvisionnement en eau de la population, et dégradant sa salubrité".

D'après l'ONU, ce désastre sanitaire provoque notamment "une recrudescence alarmante des maladies infectieuses". La contamination des eaux souterraines est généralisée, avec des conséquences catastrophiques pour l'environnement et la santé publique. Les infrastructures de traitement des eaux usées de Gaza sont toutes hors service, tandis que

"la destruction massive du réseau de canalisations et les pratiques d'assainissement par fosses septiques ont aggravé la pollution de la nappe phréatique, des zones marines et côtières".

Attaque au phosphore blanc menée par une entité sioniste contre le Liban, novembre 2023

Par conséquent, le génocide "a pratiquement éliminé les ressources halieutiques de Gaza". Israël a anéanti les institutions de ce secteur, et il n'existe désormais

"aucun contrôle efficace de la contamination de la chaîne alimentaire provenant de l'approvisionnement en poisson, avec pour conséquence la consommation de poisson toxique" par les Palestiniens en proie à la faim. "Les écosystèmes marins ont clairement été contaminés par des munitions, des eaux usées et des déchets solides",

alerte l'ONU. La situation exige donc des mesures urgentes pour rétablir le réseau de distribution d'eau et le système de collecte des eaux usées de la bande de Gaza, et ainsi éviter de nouveaux impacts sur la santé humaine et prévenir de futures épidémies de maladies contagieuses.

Ailleurs, les "évaluations par télédétection" menées par l'ONU indiquent qu'en mai, 97,1 % des cultures arboricoles, 95,1 % des zones arbustives, 89 % des prairies et friches et 82,4 % des cultures annuelles de Gaza ont été touchées. La production alimentaire à grande échelle est donc impossible et le sol est contaminé par du matériel explosif, des déchets solides et des eaux usées non traitées. L'ONU conclut que

l'"activité militaire" de l'État d'Israël a entraîné "la dégradation des sols due à la destruction de la végétation et au compactage", avec des conséquences désastreuses.

Les conséquences du génocide de Gaza affectent directement Israël. Selon le ministère de la Santé de Tel-Aviv, au moins 5 510 décès prématurés résultent de la pollution produite par la guerre éclair de Benjamin Netanyahu  en 2023 seulement. Vu le carnage à l'échelle industrielle infligé par l'État d'Israël - principalement par voie aérienne -, puis intensifié à des niveaux sans précédent, nous ne pouvons qu'imaginer l'aggravation de ce bilan aujourd'hui. Les responsables israéliens ont hésité à publier le rapport de 2023 et les chiffres plus récents ne sont pas disponibles. La raison de cette omertà est évidente.

"Des déplacements en toute sécurité"

Le rapport de l'ONU détaille l'ampleur inouïe de la destruction à Gaza, avec environ 78 % des structures totalement détruites ou sérieusement endommagées, y compris des logements, des hôpitaux, des mosquées et des écoles. Les décombres sont désormais 20 fois plus importants que le total cumulé de tous les matériaux détruits lors des conflits précédents à Gaza depuis 2008. Les estimations actuelles suggèrent qu'il faudra déblayer, trier et recycler ou éliminer plus de 61 millions de tonnes de gravats. Une grande partie de ces débris est contaminée par l'amiante et des produits chimiques toxiques.

Sous les décombres sont enfouis d'innombrables débris humains, dont l'extraction nécessite naturellement de "grandes précautions". De plus, les Gazaouis survivants doivent vivre avec "d'importants volumes de poussière" générés par les bombardements et les opérations de démolition de l'État d'Israël, qui ont "contribué à la hausse des pathologies respiratoires", avec plus de 37 000 cas signalés pour le seul mois de juin 2025. Les munitions non explosées représentent également un danger élevé dans les zones urbaines et elles doivent être neutralisées en toute sécurité

"pour prévenir les risques d'explosion, de dégâts matériels, de blessures et de pertes humaines potentielles".

File d'attente pour l'eau à Rafah, Gaza

L'ONU reconnaît toutefois que ses conclusions ne donnent qu'une image partielle de la situation réelle sur le terrain, car

"les données disponibles sur la qualité de l'air sont limitées en raison d'une surveillance insuffisante de la qualité de l'air au niveau local". Les "défis connus" comprennent notamment "la pollution causée par les explosions et les incendies qui en résultent pendant les campagnes de bombardement, ainsi que les émissions provenant des explosions de munitions et des incendies qui en résultent dans les structures bombardées, y compris les installations industrielles, qui ont probablement libéré des produits chimiques toxiques dans l'air". Et la "nature récurrente" des attaques israéliennes "aura inévitablement d'importantes répercussions sur l'environnement" à Gaza.

"Il est essentiel de restaurer les terres, les sols, les arbres, les cours d'eau et les écosystèmes marins durement touchés pour permettre à la bande de Gaza de se rétablir durablement. Cette restauration implique de mettre fin aux hostilités. La première phase de la reconstruction devra nécessairement se focaliser sur l'aide aux populations, en rétablissant les services essentiels (notamment l'accès à l'eau potable) et en déblayant les décombres pour permettre des déplacements en toute sécurité".

Le rapport de l'ONU souligne que

"ces problèmes de qualité de l'air ne s'amélioreront pas de manière significative tant que le conflit ne cessera pas".

Or, aucune fin n'est en vue au moment où nous écrivons ces lignes. Même un cessez-le-feu risquerait d'être  inévitablement bref, compte tenu du bilan accablant de Tel-Aviv en matière de violation systématique de tels accords tout au long de son histoire. Le gouvernement israélien est  déterminé à perpétrer un autre génocide à Gaza, et a clairement affiché son intention d'annexer de nouveaux territoires par la force et le déplacement massif de civils.

Une étude publiée en  juillet 2025 par la revue scientifique Environmental Research: Infrastructure and Sustainability a conclu que l'agression israélienne contre Gaza a généré au moins 39 millions de tonnes de décombres, dont l'enlèvement pourrait produire plus de 90 000 tonnes d'émissions de gaz à effet de serre et s'étaler sur quatre décennies. Déblayer les décombres équivaudrait à faire parcourir 737 fois la circonférence de la Terre à des camions-bennes ou à faire rouler 2,1 millions de véhicules distincts sur 29,5 kilomètres jusqu'aux sites d'élimination.

"Des niveaux alarmants"

La destruction environnementale causée par l'État d'Israël depuis le 7 octobre 2023 ne se limite pas à Gaza. Les échanges de missiles entre le Hezbollah et Tel-Aviv ont entraîné l' invasion criminelle du Liban par Israël en octobre 2024. Les combats ont semé la désolation dans le secteur agricole. Les attaques de l'armée d'occupation israélienne ont incendié plus de 10 800 hectares de terres libanaises, soit une superficie  quatre fois supérieure à celle de Beyrouth, réduisant en cendres des dizaines de milliers d'arbres, ainsi que des centaines de fermes et de vergers.

Le  recours généralisé d'Israël à des munitions illégales au phosphore blanc a également ravagé les terres cultivées du sud du pays. Les  analyses en laboratoire effectuées par l'université américaine de Beyrouth ont révélé que, dès janvier 2024, les sols présentaient des niveaux alarmants de contamination par métaux lourds. Certains échantillons ont révélé des concentrations de phosphore de 97 000 milligrammes par kilo, soit plus de 120 fois la concentration jugée tolérable à l'échelle mondiale. Les cultures et l'eau ont également été  gravement contaminées,

"menaçant la santé du bétail et des êtres humains" pour "de nombreuses années".

Gaza aujourd'hui

Par ailleurs, "les graves atteintes à l'environnement affectant les écosystèmes naturels" sont monnaie courante. Sur les 214 millions de dollars  estimés de dégâts causés au Liban durant le conflit, 198 millions (soit 95,2 %) ont été subis par les ressources naturelles de Beyrouth. Au total, Tel-Aviv a  mené environ 7 000 attaques aériennes sur l'ensemble du territoire libanais, tandis que sa marine a mené plus de 2 500 bombardements sur les côtes du pays. Plus de 10 000 foyers et près de 1 000 édifices privés ont été touchés, ainsi que des ponts, des usines, des routes et autres infrastructures.

En juin 2025, lors de la  guerre des 12 jours menée sans succès par l'entité sioniste contre l'Iran, les événements s'avèrent tout aussi dramatiques.  Téhéran estime que le conflit a produit 150 000 tonnes de décombres, tandis que les frappes israéliennes sur les dépôts pétroliers de Rey et de Kan, dans la capitale, ont brûlé 19,5 millions de litres de carburant, rejetant 47 000 tonnes de gaz à effet de serre et 578 tonnes de polluants atmosphériques dans l'atmosphère. Le  ciblage délibéré du gisement de South Pars, l'un des plus grands gisements de gaz au monde, a entraîné la combustion de 5,5 millions de mètres cubes de gaz.

Cette attaque a libéré plus de 12 millions de tonnes de gaz à effet de serre et 437 tonnes de polluants. Depuis, la qualité de l'air s'est  dangereusement détériorée dans plusieurs provinces iraniennes, tandis que les réseaux d'égouts ont débordé et que l'accès à l'eau potable a été perturbé dans de nombreuses régions en raison des attaques de Tel-Aviv contre  les infrastructures associées. Heureusement, il n'y a pour l'instant  aucun signe de fuite radioactive menaçant les Iraniens et l'Asie occidentale dans son ensemble, malgré les attaques répétées d'Israël et des États-Unis contre des sites nucléaires lors de leur  bombardement infructueux.

Il est actuellement impossible de quantifier la quantité de produits chimiques mortels et de poussières libérés dans l'atmosphère en Iran et au Liban par la barbarie aveugle d'Israël. Cependant, l'histoire montre que l'impact de telles offensives peut être durablement létal. Les bombardements illégaux de l'OTAN sur la Yougoslavie, qui ont duré 78 jours, ont  principalement visé des sites civils et industriels. Un rapport ultérieur du Conseil de l'Europe a conclu que plus de 100 substances toxiques ont contaminé toute la région lors de cette campagne. Ce n'est pas un hasard si l'ex-Yougoslavie  se classe aujourd'hui parmi les pays les plus touchés par le cancer dans le monde.

Attaque au phosphore blanc menée par une entité sioniste contre le Liban, novembre 2023

Paradoxalement, même si l'État d'Israël respectait ses prétendus cessez-le-feu avec le Liban et l'Iran, et cessait d'exterminer les Palestiniens, le génocide de Tel-Aviv se propage insidieusement à un rythme soutenu, dans l'air vicié que respirent les civils, leur nourriture et l'eau potable. Pourtant, comble de la perversion, l'héritage environnemental désastreux de la soif de sang débridée de Tel-Aviv réduit à néant la finalité ultime de Benjamin Netanyahu - éradiquer Gaza au profit du  Grand Israël. En effet, tout projet de colonisation sioniste dans la région serait littéralement suicidaire.

Traduit par  Spirit of Free Speech

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