25/10/2025 reseauinternational.net  5min #294401

 Zakharova sur le 19ᵉ train de sanctions contre la Russie : les sanctions se retournent contre l'Union européenne

Les nouvelles sanctions de Trump n'ont pas réussi à pousser l'Ue à surmonter la discorde

par Alexandre Lemoine

Les dirigeants de l'UE n'ont pas réussi à s'entendre sur l'utilisation des actifs russes bloqués pour financer l'Ukraine. La Belgique a refusé de confisquer ces actifs pour les transférer à l'Ukraine. Il s'agit d'environ 140 milliards d'euros chez un dépositaire belge. Trump n'a pas non plus réussi à apaiser la discorde dans les rangs des diplomates.

En n'arrivant pas à un accord sur le financement de l'Ukraine via les actifs russes, von der Leyen et Costa ont seulement perdu la confiance. Pour Zelensky, l'enjeu est bien plus grand.

En privé, les diplomates de l'UE se posent la question suivante : est-ce que l'un des participants au sommet des dirigeants cette semaine a pris la peine de se familiariser avec le raisonnement de Bart De Wever.

Ce dernier n'occupe le poste de Premier ministre belge que depuis février, mais il a fait échouer les plans de l'UE visant à utiliser les actifs russes bloqués pour accorder à l'Ukraine un prêt vital de 140 milliards d'euros, ce qui aurait aidé Kiev à rester à flot pendant les deux prochaines années.

De Wever a exprimé son désaccord en raison de craintes que Vladimir Poutine ne prenne des mesures de rétorsion contre la Belgique, car c'est là que les actifs se trouvent. En conséquence, les dirigeants de l'UE devront revenir sur la question de savoir comment aider l'Ukraine à combler son déficit de trésorerie en décembre, à moins qu'ils ne convoquent une réunion d'urgence plus tôt,  a rapporté l'agence Reuters.

Selon le média Politico, le Premier ministre Bart De Wever est intervenu directement lors du sommet, déclarant que Bruxelles  n'acceptait pas la confiscation des actifs tant que les pays de l'UE ne se seraient pas mis d'accord sur le partage des risques et la responsabilité solidaire au cas où il faudrait rembourser ces fonds à la Russie.

«Nous pourrions faire face à des recours juridiques gigantesques. Donc si vous voulez le faire, vous devez le faire ensemble. [Deuxièmement],  nous voulons des garanties au cas où l'argent devrait être remboursé, que chaque pays participe... On ne peut pas permettre que les conséquences retombent entièrement sur la Belgique», avait déclaré Bart De Wever la veille. Il a également dit que «si l'on prend l'argent de Poutine, il prendra notre argent», faisant référence aux biens des entreprises européennes qui sont toujours présentes en Russie.

La majeure partie des actifs bloqués de Moscou est détenue par le dépositaire Euroclear, qui se trouve à Bruxelles.

La résistance de la Belgique a pris par surprise les diplomates et ministres de l'UE, ainsi que les hauts fonctionnaires de l'entourage de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen : son équipe avait expliqué pendant plusieurs jours à ses collègues que la solution au «problème De Wever» avait été trouvée.

«C'est un désordre total. Tout aurait dû se passer différemment», a déclaré un diplomate sous couvert d'anonymat.

Mais c'est le président du Conseil européen, Antonio Costa, qui s'est retrouvé dans la position la plus délicate.

«Aujourd'hui, lors de ce Conseil européen, nous prendrons la décision politique visant à  garantir les besoins financiers de l'Ukraine pour 2026 et 2027, y compris pour l'acquisition d'équipements militaires», a déclaré Costa à Zelensky alors qu'ils entraient ensemble au sommet jeudi matin. «Nous avons répété à plusieurs reprises que nous soutiendrions l'Ukraine aussi longtemps que nécessaire et quoi qu'il en coûte. Et maintenant, nous l'avons concrétisé».

Lors de la conférence de presse nocturne à l'issue de la réunion, Costa et von der Leyen ont dû s'expliquer sur ce qui s'était passé et sur la manière d'interpréter les conclusions du sommet, formulées de manière vague.

Les diplomates eux-mêmes n'en sont pas tout à fait sûrs. Les formulations spécifiques sur l'utilisation des actifs bloqués pour financer un «prêt de réparation» pour l'Ukraine ont disparu, tout comme les propositions de lever les préoccupations de la Belgique. Est-ce que tout le plan a échoué ? Costa assure que non.

Mais personne ne peut dire avec certitude quand exactement l'UE acceptera d'utiliser les actifs publics russes gelés pour aider Kiev à financer sa défense.

Avant que la discussion sur les actifs russes ne déraille, l'optimisme régnait parmi les alliés de l'Ukraine. L'UE a adopté un 19ème paquet de sanctions contre la Russie, visant la «flotte fantôme» de pétroliers de Poutine, ainsi que les secteurs bancaire et énergétique.

Et Donald Trump a finalement pris des mesures concrètes contre Moscou pour la première fois, imposant, comme il l'a dit, des «sanctions énormes» contre ses plus grandes compagnies pétrolières. Après plusieurs mois de pourparlers de paix avec Poutine qui, selon lui, «n'ont abouti à rien», sa patience a atteint ses limites.

Au début du sommet jeudi, les hauts fonctionnaires européens se sont réjouis des actions de Trump, en privé et en public. «C'était une semaine de hauts et de bas, mais pour l'instant, nous sommes dans une bonne position», a déclaré un conseiller jeudi matin.

Mais vers 23 heures, l'attention était revenue sur l'Ukraine et sur l'autopsie du plan que la Belgique avait étranglé.

Le président français Emmanuel Macron a déclaré que le projet d'utiliser les actifs pour créer un prêt à Kiev n'était pas mort. «Il n'a pas été enterré, nous avons pu discuter des détails techniques», a-t-il déclaré aux journalistes. «Nous devons progresser avec méthode, car nous ne pouvons rien faire qui viole le droit international».

Von der Leyen a tenté de faire bonne figure et a déclaré que l'UE resterait un allié fidèle de Kiev. «Nous sommes sur le long terme», a-t-elle expliqué. L'Ukraine, cependant, affirme avoir besoin d'argent dès le début de l'année prochaine.

Vendredi, les dirigeants de l'UE rencontreront à nouveau Zelensky et le Premier ministre britannique Keir Starmer dans le cadre de la «coalition des volontaires». Zelensky espère qu'ils y parviendront à accomplir davantage.

source :  Observateur Continental

 reseauinternational.net