Ma conversation avec Daniel Davis
Par Peter Turchin − Le 4 septembre 2025 − Source Cliodynamica

Le 2 septembre 2025, j'étais invité à l'émission Daniel Davis Deep Dive pour discuter de mon livre End Times. Le lieutenant-colonel (à la retraite) Daniel L. Davis a servi dans plusieurs conflits chauds (Tempête du désert, deux fois en Afghanistan), personne ne peut donc remettre en question ses références en tant que patriote américain. Mais il est également connu pour être l'un des détracteurs des guerres étrangères menées par les États-Unis. Il a notamment été l'un des premiers officiers militaires à critiquer la guerre en Afghanistan.
La majeure partie de notre conversation a été consacrée à l'explication du fonctionnement interne de la théorie structurelle-démographique. Nous avons parlé de la paupérisation populaire, de la surproduction d'élites et de la fragilité fiscale de l'État. Vers la fin, Davis m'a demandé : « Si vous pouviez choisir une seule chose pour donner à l'Amérique la meilleure chance d'éviter un effondrement violent... quelle serait-elle ? » J'ai bien sûr répondu que ce que nous devons faire, c'est fermer la pompe à richesse. Pour plus de détails, voir le dernier chapitre (chapitre 9) de End Times.
Je dois ajouter que depuis la publication du livre il y a deux ans, mon équipe de recherche a recueilli des données quantitatives détaillées sur la manière dont les sociétés du passé sont sorties de leurs crises. Ce projet est encore en cours d'élaboration, mais il semble que l'arrêt de la pompe à richesse soit une condition nécessaire. Voir Comment les sociétés mettent elles fin à la « Fin des Temps / End Times » ?
Nous avons également discuté de certains titres récents, tels que la couverture du sommet de Tianjin de l'Organisation de coopération de Shanghai, ce qui m'a amené à parler des racines profondes de la géopolitique actuelle.
Lorsque Danny et moi avons écouté les discours de Xi Jinping et Vladimir Poutine, j'ai été frappé par la fréquence à laquelle ils ont répété le mot « coopération » (qui fait d'ailleurs partie du nom de l'OCS). L'évolution de la coopération reste un sujet controversé en sciences sociales. C'est le thème de mon livre Ultrasociety. Le problème est que les fruits de la coopération sont partagés entre tous, mais que les coûts ne sont supportés que par ceux qui y contribuent. Cela incite fortement au parasitisme. Pour résumer (car j'ai écrit tout un livre à ce sujet), la coopération évolue lorsqu'un groupe de coopérateurs potentiels est menacé par une force extérieure. En d'autres termes, c'est la pression (militaire, économique, idéologique) exercée par l'Occident/l'OTAN qui incite la Chine et la Russie (ainsi que l'Inde, l'Iran et la Corée du Nord) à renforcer leur organisation coopérative.
Peter Turchin
Traduit par Hervé, relu par Wayan, pour le Saker Francophone