par Alfredo Jalife-Rahme
D'un coup, la Russie a prit le dessus : elle disposait déjà d'armes très sophistiquées en avance sur ses rivaux, mais commençait juste à les produire en série. Maintenant, elle a des lanceurs à propulsion nucléaire, que ce soient des missiles (entrés en service, le 26 octobre) ou des torpilles (entrées en service, le 29 octobre). Ils sont déjà opérationnels. L'équilibre du monde a changé : la Chine est devenue le première puissance économique, la Russie est devenue la première puissance militaire. Le monde d'aujourd'hui n'est plus celui d'hier. L'Occident n'a plus la capacité d'imposer sa volonté.

Le jeu circulaire entre les trois superpuissances (États-Unis/Russie/Chine) qui définit la « stabilité stratégique » se poursuit [1]
Alors que les négociations commerciales entre les États-Unis et la Chine à Kuala Lumpur progressaient favorablement, Poutine a dévoilé, le 26 octobre, l'essai réussi, effectué cinq jours plus tôt, du missile nucléaire inatteignable et indétectable à durée de vol illimitée Bourevestnik, trois jours avant le sommet Trump-Xi en Corée du Sud [2].
Ce même 26 octobre, l'ancien Premier ministre Sergueï Stepashin a déclaré que « les Tomahawks ne vont pas pénétrer profondément en Russie », car « les adversaires de la Russie ne risqueront probablement pas de les mettre en danger » depuis que Poutine « a révélé que les Russes disposent du missile Bourevestnik » [3].
TASS annonce cela depuis mars 2018, lorsque Poutine avait révélé dans son discours à l'Assemblée fédérale que la Russie avait mis en chantier une unité nucléaire compacte conçue pour être utilisée dans les missiles de croisière, ce qui leur donne une portée sans précédent (sic). Il évoquait le missile et son vol furtif à basse altitude, sa trajectoire imprévisible et armé d'une ogive nucléaire. Nuclearly insaisissable ! [4].
TASS poursuit : « La mise en coeuvre du Bourevestnik a commencé après le retrait des États-Unis du traité ABM (missiles antibalistiques) de 1972 en décembre 2001. Le ministère russe de la Défense souligne que la création de telles armes stratégiques avancées vise à renforcer les capacités défensives de la Russie et à dissuader toute agression possible contre le pays et ses alliés (sic). Soit dit en passant, le « Pentagone a reconnu que le missile Bourevestnik a la capacité de lancer des attaques dans pratiquement n'importe quelle direction, grâce à sa très longue portée et à son fonctionnement autonome. » Une arme de rêve !
Le consultant militaire russe Andreï Martianov a raconté la rencontre de Poutine avec son chef d'état-major, Valery Gerasimov le 21 octobre : celui-ci l'a informé de l'encerclement de 10 000 soldats ukrainiens à Pokrovsk et à Kupiansk [5] - ce qui pourra donner à la Russie le contrôle fonctionnel du Donbass et de Kharkiv (la deuxième ville la plus importante de l'Ukraine pourrie).
Andreï Martianov a affirmé que le Bourevestnik avait parcouru une distance de plus de 14 000 kilomètres au cours d'un vol et qu'il est resté dans les airs pendant plus de 16 heures.
Il convient de noter que la distance entre Moscou et Washington est de 7 900 kilomètres.
L'ancien responsable militaire états-unien Stanislav Krapivnik, dans une interview accordée à Russia Today, a déclaré que « le test réussi du nouveau Bourevestnik - le nouveau missile à propulsion nucléaire à portée illimitée (sic) - affectera les plans de défense antimissile US » [6], en particulier son projet de Dôme d'or [7] : « c'est une arme qui change la donne ».
Stanislas Krapivnik a décrit les performances du Bourevestnik : « C'est une révolution... le missile peut contourner les défenses antiaériennes autour des zones radar... il est resté en vol pendant 16 heures. Il pourrait même y rester plus longtemps. Cela signifie qu'il s'agit d'une arme de seconde frappe, autrement dit, en cas d'attaque contre la Russie, il ripostera. »
Cela prive-t-il les États-Unis de l'avantage décisif que représente la « première frappe », un concept fondamental de leur stratégie durant la Guerre froide ? L'ancien responsable de la CIA, Daniel Hoffman, s'est dit « préoccupé » par le missile Bourevestnik [8].
L'expert militaire russe Dmitry Kornev rappelle que le nouveau missile « est inaccessible » et que « même le Dôme d'or (Golden Dome) des États-Unis peut être impuissant contre le missile de l'apocalypse » alors que le « missile de croisière à propulsion nucléaire à portée illimitée peut surpasser même les défenses antimissiles états-uniennes les plus ambitieuses [9] ».
Si la « précision garantie » du Bourevestnik et sa « capacité à frapper des cibles hautement protégées » sont réelles, Poutine sera de fait bien présent à la table des négociations entre Trump et Xi, même si les États-Unis rendent Taïwan à la Chine.
Traduction
Maria Poumier
Source
La Jornada (Mexique)
Le plus important quotidien en langue espagnole au monde.
[1] « Trump va-t-il jouer la carte chinoise contre la Russie ? », par Alfredo Jalife-Rahme, Traduction Maria Poumier, La Jornada (Mexique), Réseau Voltaire, 27 octobre 2025.
[2] « ¿Trump Jugará la "Carta China" VS Rusia ? ; Putin Exhibe Su Arma de Ensueño, Burevestnik », Alfredo Jalife, YouTube, 28 de octubre de 2025.
[3] « Tomahawks will not fly deep into Russia - head of lawyers' association », Tass, October 27, 2025.
[4] « Le nouvel arsenal nucléaire russe rétablit la bipolarité du monde », par Thierry Meyssan, Réseau Voltaire, 6 mars 2018.
[5] « Stormbringer edition », Andreï Martianov, YouTube, October 26, 2025.
[6] « Russia's new cruise missile a 'game-changer' - former US Army officer (VIDEO) », Russia Today, October 26, 2025.
[7] « La GEOPOLÍTICA DEL ESPACIO 🌎 de Trump y su "Domo Dorado" », Alfredo Jalife, Radar Geopolítico, YouTube, Mayo de 2025.
[8] « @Zlatti_71 », X, October 27, 2025.
[9] « Beyond reach : Why America's 'Golden Dome' may be powerless against Russia's doomsday missile », Russia Today, October 29, 2025.