
par Maria Poumier
Réponses aux questions de Rivarol (n°3681 du 29/10/2025).
Rivarol : Pouvez-vous revenir sur l'origine de votre engagement pour la cause palestinienne et contre le sionisme ?
Maria Poumier : Je me suis bien amusée en découvrant que CNews s'alarme de la présence d'une forte mobilisation pro-palestinienne à l'université de Paris VIII, que j'ai quittée en 2005 parce qu'on m'y guettait depuis dix ans pour me faire un beau procès-spectacle, sous prétexte que j'avais invité Roger Garaudy à faire une conférence sur «islam et modernité», alors que Le Monde et l'Huma venaient d'annoncer qu'il sortait un livre intitulé Les mythes fondateurs de la politique israélienne, quelque chose de très très antisémite, d'après les sayanim qui peuplent les universités. Contre vents et marées, la conférence s'était tenue, puis les étudiants juifs avaient placardé impunément des affiches annonçant «Poumier tu ne passeras pas l'hiver», la présidente, spécialiste de la Russie, Mme Irène Sokologorski, avait été remerciée quelques mois plus tard, etc. On avait fait voter au département d'études hispaniques une motion condamnant le négationnisme, j'avais refusé de m'y associer avec un argument qui reste toujours valable : il n'y a aucune définition scientifique ou universitaire de ce terme. Deux éminents professeurs communistes m'avaient bien dit en privé qu'ils étaient d'accord avec le livre de Garaudy, et puis... j'étais traitée en pestiférée, mais les choses en étaient restées là.
D'ailleurs, vingt ans plus tard, «négationniste», c'est un anathème qui a disparu, remplacé par «conspirationniste» ; il est clair pour tout le monde que ce sont eux, les israélistes, juifs au pouvoir et shabbat-goys, comme dirait Israël Shamir, qui sont les authentiques négationnistes, ceux qui s'essuient les pieds sur le réel, préférant les sophismes et les intimidations, tout comme ce sont eux qui complotent en permanence pour imposer des mensonges et pratiquer impunément leurs massacres et populicides, comme dit Philippe de Villiers, pas seulement contre la Palestine, d'ailleurs.
Pourquoi m'être engagée dans le soutien aux Palestiniens ? J'avais bien connu un système exerçant la censure, les menaces et la répression contre tous ceux qui dérangeaient le gouvernement, en étant prof à Cuba. Là-bas, il n'y avait aucune propagande sioniste, et je croyais naïvement que la démocratie française était plus en accord avec ses propres principes, mais avec l'affaire Garaudy, je découvrais l'emprise de «l'éléphant dans le salon» sur la société française, et j'en ai compris aussitôt les ressorts. Je ne vois toujours aucune raison pour que ce soient les juifs qui fassent la police de la pensée en France et il m'apparaissait évident que les Palestiniens sont les premières victimes d'un injustifiable suprémacisme juif, prétendant les reléguer dans des bantoustans, en attendant de pouvoir les chasser de leur pays, ou de les faire disparaître de quelque autre manière.
Faute de pouvoir moi-même attaquer ceux qui tentaient d'étouffer la rationalité parmi les universitaires, un devoir s'imposait à moi : affaiblir les usurpateurs israélistes là où l'injustice qu'ils pratiquaient sautait aux yeux. Je reste une communiste romantique, et je crois que nous avons tous à apprendre du martyre de la Terre sainte et des Palestiniens, la moindre des choses est de faire connaître et reconnaître les tentatives génocidaires qu'ils subissent, de la part de gens qui prétendent faire la loi aussi chez nous, jusqu'à aujourd'hui.
Rivarol : Au-delà de la riposte à l'attaque du 9 octobre, comment expliquez-vous la reprise de l'agression israélienne contre le peuple palestinien ?
Maria Poumier : L'extermination du peuple autochtone de Palestine, comportant la déportation de ceux qu'on ne parvient pas à assassiner, cela fait partie du projet sioniste depuis la proclamation de l'État juif en 1948. Le projet d'expansion territoriale du Nil à l'Euphrate a été rendu public dans les années 1980, par un auteur que vous aimez bien, le socialiste Israël Shahak, un sioniste de gauche, un idéaliste combattif. dont Israël Shamir se considère l'héritier spirituel. Maintenant, comme le dit Thierry Meyssan, c'est le sionisme révisionniste (auto-désigné en ces termes), et concrètement débarrassé de tout scrupule moral, qui a pris le pouvoir dans «l'État juif». Evidemment, c'est le consentement des Européens, et en particulier des partis de droite, qui donne des ailes à la clique sur laquelle s'appuie Netanyahou. Et ceux qui ont financé la campagne présidentielle de Trump, comme il le reconnaît lui-même, le couple Sheldon Adelson, ont pris en otage ce dernier depuis longtemps, il ne saurait cesser d'armer et de financer Israël sans se voir rapidement remplacé. Ne pas oublier l'enjeu des réserves d'hydrocarbures de Gaza. La guerre contre la Palestine est une guerre coloniale, et n'a pas d'autre issue que la victoire des colonisés. C'est une guerre qui a réactivé et remis en évidence les réflexes impérialistes de l'Occident officiel, qui semble n'avoir rien appris de l'histoire. Les deux derniers livres de Roger Garaudy s'intitulent Le terrorisme occidental et Les États-Unis, avant-garde de la décadence.
Rivarol : Avec le siège de Gaza, nous sommes tombés dans la plus entière barbarie. Quel est pour vous l'objectif des sionistes avec ce crime de guerre de masse ?
Maria Poumier : L'objectif de toute société basée sur le sacrifice humain est d'éliminer penseurs, rebelles intraitables, concurrents à tous les niveaux, et rêves de liberté chez les nouvelles générations. Tous les moyens sont bons, s'ils ne sont pas contre-productifs : impostures, censure, répression, massacres régulièrement renouvelés, mais en outre mise en scène des massacres, à des fins d'intimidation pédagogique. Heureusement, dans le cas des crimes juifs à Gaza, la propagande s'est retournée contre les perpétrateurs. Ils croyaient nous faire peur, nous glacer le sang, et contrôler les grands médias, mais le rapport de force au plan moral a basculé, un véritable front international s'est constitué. Leur propagande leur échappe. Netanyahou veut reprendre le contrôle des réseaux sociaux, en particulier de Tik-tok, dont les courtes vidéos impactantes bouleversent la jeunesse, mais plus il le proclame, moins ça passe. Yuval Harari est obligé d'avouer qu'il est indispensable pour Israël de brider l'intelligence artificielle, qui est trop rationnelle à son goût sur des sujets comme les crimes israéliens et les mythes fondateurs de la politique israélienne (voir Les guerres culturelles en 0ccident, par Michael Jones, éditions du Verbe haut). Mais le monde non occidental est hors de contrôle, et a bien l'intention d'en finir avec l'impérialisme occidental, il a ses propres organes de transmission et de pression, et les BRICS renforcent constamment leur autonomie avec le recentrage de leur forces productives, de leurs monnaies et de leurs forces armées.
Un exemple marginal, mais significatif : l'Algérie exerce un chantage sur Macron parce qu'elle a tout ce qu'il faut pour démolir la légende de Brigitte Macron, son frère, en fait son double, ayant fait là-bas un séjour remarqué juste après la guerre d'Algérie, que «Brigitte» a commis l'étourderie d'endosser comme un souvenir personnel, féminin.
L'Algérie n'a pas besoin que la vérité sur cette affaire éclate, elle a juste besoin de tenir Macron en laisse, ou d'autres dirigeants se croyant encore à la tête d'empires coloniaux. Il y a toujours des facteurs externes pour faire écrouler les châteaux de sable, et des facteurs internes : nous sommes à ce jour environ 90 Français à intenter un procès aux Macrons pour impostures, falsifications de documents officiels, escroqueries contre le bon peuple qui a cru élire à la loyale un serviteur de la patrie alors que c'est un binôme de traîtres aux intérêts fondamentaux de la nation : et en Israël aussi il y a un combat pour se débarrasser des assassins qui cajolent Netanyahou le sanguinaire. Pour moi la notion d'imposture est centrale, et le mensonge débouche sur le crime.
Rivarol : Pour vous, pourquoi Trump a-t-il imposé un cessez-le-feu dans cette escalade ?
Maria Poumier : Peut-être qu'il a des informateurs et des conseillers sérieux, qui ne lui cachent pas les faiblesses de ses alliés, ou la fragilité du soutien populaire à son gouvernement ? Il est probable qu'il a besoin de gagner du temps et de se refaire une façade présentable pour les élections de demi-mandat. Comme dans tout accord survenant à la surprise générale, il peut y avoir des clauses secrètes que nous découvrirons plus tard. C'est à nous de maintenir la pression pour que l'Israël cesse d'attaquer les Palestiniens, ses voisins et les Iraniens quand bon lui semble.
Rivarol : Après avoir réduit en ruine Gaza, Netanyahou se tourne vers la Cisjordanie. La reprise de colonisation des terres palestiniennes est-elle une nouvelle étape dans un plan bien défini ?
Maria Poumier : Il y a de bonnes raisons de penser qu'Israël prépare une provocation dans le genre méga-attentat sous faux-drapeau pour pouvoir déclencher une attaque atomique contre l'Iran et / ou une nouvelle guerre mondiale. De toute évidence, l'État juif ne peut survivre qu'en agressant ses voisins et en infligeant aux plus coriaces des hémorragies collectives d'une ampleur défiant l'imagination. Il n'a jamais cessé ses bombardements sur le Liban et la Syrie, pourquoi cesserait-il de grignoter des terres en Cisjordanie, comme il le fait sans répit depuis 77 ans ? Mais malgré tout son machiavélisme et sa férocité, Israël n'a pas de projet stratégique. Le Sud global a désormais toujours un coup d'avance, les journalistes dissidents aussi, il n'y aura pas d'effet de surprise, notre bonne foi de jadis a fait place à un déchiffrement instantané des minables ruses maffieuses habituelles en Israël, ses dernières bombes sur l'Iran ont été à la fois des crimes imprescriptibles et des pétards mouillés.
Rivarol : Malgré toutes les brimades et les massacres, les Palestiniens s'accrochent à leur terre. Comment expliquer cette résistance fantastique ?
Maria Poumier : C'est la Terre sainte qui s'exprime. L'église de la sainte Famille, la dernière église catholique de Gaza a subi un bombardement, et tant le clergé que les fidèles ont répondu à cette attaque (4 victimes dont le curé, le Père Romanelli) en affirmant qu'ils ne partiraient pas. Ils donnent l'exemple de l'attachement à leur pays natal et à la patrie du christianisme, et ils sont loin d'être les seuls. Le pape François a bien essayé de les protéger, il faut maintenant mener une croisade spirituelle mondiale, et évidemment œcuménique, pour la libération de la Terre sainte. Cela relève des lois de la nature, de la foi dans l'au-delà, et des preuves de l'existence de Dieu. Nos autorités religieuses doivent profiter de l'accord de trêve, sinon de paix, pour remettre en usage la locution «Terre sainte» qui semble avoir honteusement disparu de la langue des évêques, et faire revivre, par l'exemple du courage, le catholicisme à Gaza et en France.
Rivarol : Que vous inspire le traitement médiatique en France du conflit ? Votre ami Israël Shamir voit-il toujours juste sur la situation présente ?
Maria Poumier : Israel Shamir a donné, avec Au nom du Christ (éd. Sigest) son livre qui se termine sur les causes de l'incendie de Notre-Dame, un magnifique corpus de textes pour que les juifs comprennent la nécessité, du point de vue de la conscience et de la morale universelle, de se convertir au christianisme, et de renoncer, bien sûr, à s'emparer de la Palestine, du contrôle de l'information et de toutes sortes de privilèges associés au gouvernement par le chantage. Ayant reçu lui-même le baptême, dès le début de la troisième intifada, en 2002, il donne un sens profond à cette sortie du judaïsme, et il est aussi l'historien sans peur et sans reproche des relations entre les «trois religions abrahamiques». Il vient maintenant de sortir un nouveau volume, La bataille spirituelle pour Gaza (éd. Sigest) qui aidera chacun dans sa bataille personnelle pour se déjudaïser, retrouver la santé morale et mentale, et donc réduire à néant l'impact des sophismes et mensonges de nos médias.

source : Entre la plume et l'enclume