
Par Mohammed Daraghmeh pour Quds News Network, le 3 novembre 2025
Samedi dernier, le 25 octobre, j'étais à l'étranger lorsque j'ai appris que mon neveu de 14 ans, Ahmad, a été blessé de quatre balles par des soldats à quelques mètres seulement de notre ville natale de Tubas, dans le nord de la Cisjordanie.
J'ai essayé d'imaginer la scène : comment un jeune garçon a-t-il pu résister à ces coups de feu ? Et comment son âme va-t-elle se remettre d'une épreuve qui l'a fait passer à deux doigts de la mort ?
Comment est-ce arrivé ?
Ahmad va à l'école. Après les cours, il aide son père, qui vend du café dans un kiosque en bois sur le marché de la ville. Cet après-midi-là, son père est rentré chez lui pour se reposer un peu, laissant Ahmad s'occuper du kiosque.
Comme d'habitude, l'armée a fait une descente dans le quartier et des affrontements ont éclaté. Son père l'a appelé pour lui demander de quitter le kiosque et de rentrer à la maison, craignant pour sa sécurité. Il lui a proposé de rester au téléphone pour le guider par des ruelles pour échapper aux soldats.
Ahmad marchait avec un ami, écoutant les instructions de son père. Soudain, il s'est retrouvé face à un groupe de soldats. Ils lui ont ordonné de s'arrêter. Ne sachant que faire, il a essayé de s'enfuir. Après quelques pas, les soldats ont ouvert le feu.
Les balles ont touché ses bras et ses jambes. L'une d'elles a brisé l'os de sa cheville gauche, l'empêchant à jamais de marcher normalement ou de pratiquer des sports où il faut courir. Une autre a transpercé l'artère principale de sa cuisse, dite "artère vitale", dont la rupture peut entraîner la mort par hémorragie. Une troisième balle lui a fracturé le bras et gravement endommagé l'os. Une quatrième a transpercé le muscle de sa cuisse.
Lorsque j'ai rendu visite à Ahmad à l'hôpital Ibn Sina de Jénine, il m'a raconté qu'il était tombé à terre, tremblant violemment, persuadé qu'il allait mourir. L'un des soldats s'est approché et lui a demandé en arabe : "Quel âge as-tu ?" Ahmad était incapable de parler. Le soldat a tiré deux coups de feu en l'air au-dessus de lui. Terrifié, Ahmad a balbutié : "Quatorze... ou quinze ans ?" Le soldat a alors tiré un autre coup de feu entre ses cuisses alors qu'il gisait au sol, ensanglanté. La balle s'est fragmentée, touchant plusieurs parties de son corps. Il a alors perdu connaissance.
Les soldats l'ont laissé se vider de son sang. Après leur départ, une ambulance est arrivée et l'a transporté d'urgence vers le seul hôpital de Tubas.
Les médecins ont déclaré qu'Ahmad avait perdu presque tout son sang. Ils ont transfusé 15 unités dans son corps frêle, réparé l'artère sectionnée et commencé le travail minutieux de reconstruction de ses membres brisés. Il a survécu.
Mais survivre n'efface pas le traumatisme. Son rétablissement physique prendra des mois. Ses blessures psychologiques sont encore plus profondes. Les cauchemars le hantent, qu'il soit éveillé ou endormi. Il dort peu, et lorsqu'il dort, il rêve de prison et de mort.
Nous sommes reconnaissants à Dieu qu'Ahmad ait survécu. Nous sommes reconnaissants aux médecins et aux nombreuses personnes de Tubas venues prendre de ses nouvelles.
Pour les Palestiniens de Cisjordanie, ce n'est pas un événement isolé. Des dizaines d'incidents similaires (et pires) se produisent régulièrement : des colons agressent des habitants dans leurs maisons et s'en prennent à leur bétail, des animaux sont battus à mort et de nombreuses fusillades sont filmées.
Je partage l'histoire d'Ahmad afin que vous sachiez ce que font les soldats et les colons israéliens en Cisjordanie, et comment ils traitent les enfants, les agriculteurs et les passants ordinaires. Peut-être qu'alors, quelqu'un finira par dire : "Ça suffit".
J'écris ces mots en pensant aux paroles du politicien israélien Yair Golan, qui a décrit son propre gouvernement comme
"un gouvernement dont le passe-temps est de tuer des enfants palestiniens".
Traduit par Spirit of Free Speech