
Source: Gettyimages.ru
[Photo d'illustration]
Après la démission du directeur général de la BBC, emporté par un scandale de falsification du discours de Donald Trump, la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova, a dénoncé une longue série de manipulations et de reportages mensongers diffusés par le média britannique.
« Ils ont touché le fond », a déclaré Maria Zakharova à l'agence russe TASS, en commentant la démission de Tim Davie, directeur général de la BBC. Selon elle, la chaîne publique britannique a « modifié » ou « inventé » de nombreuses fausses informations, de l'affaire Boutcha aux « histoires invraisemblables » sur les supporters russes et les allégations « absurdes » sur l'affaire Skripal.
Tim Davie a démissionné le 9 novembre, dans le sillage du scandale provoqué par la diffusion, dans l'émission Panorama, d'un discours de Donald Trump monté de manière trompeuse. Ce passage, diffusé en octobre 2024 à l'approche de la présidentielle américaine, faisait croire que Trump appelait à prendre d'assaut le Capitole, alors qu'il plaidait pour une mobilisation pacifique. La directrice de l'information, Deborah Turness, a également quitté ses fonctions.
De « l'armée des hooligans russes » à l'affaire Skripal : les « canards » de la BBC
Pour Moscou, la démission du patron de la BBC n'est que la conséquence logique d'une série d'affaires entachant la crédibilité du groupe.
En effet, la chaîne a été prise à plusieurs reprises en flagrant délit de production et de diffusion de fausses informations et de reportages truqués. L'un d'entre eux était le film L'armée des hooligans russes, tourné à l'approche de la Coupe du monde de football 2018 en Russie. L'idée principale du film était de convaincre les téléspectateurs de ne pas se rendre en Russie, car cela pourrait être dangereux.
Le film s'articulait autour d'un groupe de « hooligans » russes qui racontaient avoir battu des supporters anglais lors d'affrontements à Marseille pendant l'Euro 2016. La BBC en avait conclu que les supporters pouvaient s'attendre à un accueil tout aussi « chaleureux » lors du championnat en Russie, oubliant toutefois de mentionner que ce sont les Anglais qui avaient déclenché cette bagarre.
Les calomnies à l'encontre des supporters russes, qui suscitaient déjà de sérieux doutes à l'époque, ont été définitivement dissipées après le championnat. Bien que les autorités britanniques aient recommandé aux Anglais de ne pas se rendre en Russie, invoquant des provocations présumées de la part de mouvements de supporters russes, en réalité, les supporters et les journalistes britanniques venus en Russie ont été agréablement surpris par l'atmosphère bienveillante et ouverte qui régnait dans le pays.
Un autre « canard » de la BBC a été le film sur l'affaire Sergueï et Ioulia Skripal, empoisonnés dans la ville britannique de Salisbury le 4 mars 2018. Londres a affirmé, sans preuves, qu'ils avaient été exposés à un agent chimique de type « Novitchok », prétendument développé en Russie. Les autorités britanniques ont accusé les citoyens russes Alexandre Petrov et Rousslan Bochirov, qu'elles ont qualifiés d'agents de la Direction générale du renseignement (GRU), d'être responsables de cet incident.
Le film de la BBC montre en fait cette enquête « sensationnelle » : en soixante minutes, il raconte toute l'histoire de l'empoisonnement des Skripal. Cependant, ce film a soulevé de nombreuses questions. Par exemple, dans le film, les médecins qui ont soigné les Skripal ont déclaré qu'au départ, les victimes avaient été supposées avoir fait une overdose de drogue. La chaîne russe Pervy Kanal s'est posé la question suivante : pourquoi des personnes en tenue de protection chimique se sont-elles immédiatement rendues sur les lieux ? La question est restée sans réponse.
De plus, les images de deux hommes à l'air sombre, prétendument les empoisonneurs des Skripal, sont présentées par la BBC comme une preuve d'activités de sabotage. Cependant, la vidéo montre que les deux hommes se promènent dans la ville, prennent des photos, sourient, bref, se comportent comme des touristes. Toutefois, selon Pervy Kanal, cela ne fait que confirmer les déclarations de Bochirov et Petrov, qui ont affirmé dès le début être venus à Salisbury pour visiter la ville.
Une perte de crédibilité durable
Le conseiller du président russe, Kirill Dmitriev, estime que cette crise ne modifiera pas la ligne éditoriale du média. Sur X, il a affirmé que, malgré ce changement de direction, la BBC demeure « sous la tutelle d'un gouvernement qui encourage la guerre, la migration de masse et les passeports numériques ».
Pour Moscou, la démission du directeur général britannique ne marque donc pas une rupture, mais la confirmation d'une dérive médiatique que la Russie dénonce depuis des années.