11/11/2025 ssofidelis.substack.com  6min #295976

La Syrie obtient la suspension temporaire de la loi César après la rencontre entre Trump et Sharaa

(Crédit photo © service de presse de la présidence syrienne via AP)

Par la rédaction de  The Cradle, le 11 novembre 2025

L'ancien chef d'Al-Qaïda devenu président a également rencontré le directeur général du FMI lors de sa visite historique à Washington.

L'ancien chef d'Al-Qaïda et président syrien autoproclamé Ahmad al-Sharaa  s'est rendu à Washington le 10 novembre, où il s'est entretenu avec le président américain Donald Trump à la Maison Blanche et a rencontré les hauts responsables du Fonds monétaire international (FMI).

Au cours de ce voyage, le président syrien a obtenu une nouvelle prolongation de la suspension des sanctions américaines prévues par la loi César, promulguée plus tôt cette année, tout en faisant officiellement entrer son pays dans la coalition "anti-Daech" de Washington en Syrie.

C'était la première visite d'un chef d'État syrien à Washington depuis l'indépendance du pays de la France en 1946, et elle marque un tournant majeur dans les relations entre la Syrie et les États-Unis après 14 ans de guerre soutenue par les États-Unis pour renverser l'ancien président Bachar al-Assad.

Le  voyage historique de M. Sharaa à Washington a porté sur plusieurs questions, notamment les opportunités d'investissement,

"afin que la Syrie ne soit plus considérée comme une menace pour la sécurité", a déclaré M. Sharaa à Fox News après la réunion. "Elle est désormais considérée comme un allié géopolitique, où les États-Unis peuvent réaliser d'importants investissements, notamment dans l'extraction de gaz", a-t-il ajouté.

"Les politiques de M. Trump indiquent clairement qu'il est favorable à la stabilité de la Syrie et à l'unité territoriale, ainsi qu'à la levée, la levée complète des sanctions contre la Syrie. Il va dans ce sens",

a déclaré Sharaa, anciennement connu sous le nom d'Abu Mohammad al-Julani, au Washington Post après sa réunion à la Maison Blanche.

"L'administration américaine convient que la Syrie mérite la stabilité, de reconstruire son économie et maintenir son intégrité territoriale",

a-t-il ajouté, affirmant que la majorité des membres du Congrès qu'il a rencontrés soutiennent la levée des sanctions contre la Syrie.

Les sanctions occidentales, en particulier celles imposées par Washington, ont décimé l'économie syrienne ces 14 dernières années, depuis le début de la guerre contre le pays soutenue par les États-Unis et la Turquie en 2011. Ces sanctions ont entravé les efforts internationaux d'acheminement d'aide humanitaire et ont dévasté la vie quotidienne des citoyens syriens.

Trump avait déjà annoncé vouloir mettre fin aux sanctions américaines contre la Syrie prévues par la loi César avant sa première rencontre avec Sharaa en Arabie saoudite en mai. Les sanctions ont été alors été suspendues, mais d'autres mesures sont nécessaires leur abrogation complète.

Lundi, les États-Unis ont prolongé la suspension des sanctions jusque mai.

"Nous ferons tout notre possible pour que la Syrie réussisse, car elle fait partie du Moyen-Orient", a déclaré Trump aux journalistes après sa rencontre avec l'ancien chef d'Al-Qaïda. "La paix règne désormais au Moyen-Orient, pour la première fois de mémoire d'homme".

"Je suis convaincu qu'il va y arriver",

a-t-il déclaré à propos de Sharaa, ajoutant plus tard sur les réseaux sociaux qu'il avait l'intention de rencontrer à nouveau le président syrien par intérim.

"Il vient d'une région complexe, et c'est un dur à cuire. Je l'aime bien... Nous avons tous un passé difficile".

Le président syrien a déclaré à Fox News que son passé au sein d'Al-Qaïda - et auparavant au sein de l'organisation précurseur de l'EI en Irak - appartient au passé et n'a "pas été abordé" avec Trump.

Un porte-parole du gouvernement américain a annoncé après la rencontre avec le président américain que la Syrie rejoindra la "coalition anti-Daech" formée par Washington en Syrie en 2014, qui a été suivie d'une occupation militaire généralisée des champs pétrolifères syriens. Alors que le président syrien arrivait à Washington, les forces de Damas ont mené une prétendue répression contre des cellules de Daech, ressemblant plus à une mise en scène.

Sharaa a également eu des entretiens avec la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, lors de sa visite dans la capitale américaine.

"Ce fut un privilège d'accueillir le président Ahmad al-Sharaa au FMI. Nous avons discuté de la transformation économique dont les Syriens ont besoin et qu'ils méritent - et que son gouvernement rend possible", a déclaré Georgieva.

Sharaa s'est rendu à Washington dans l'espoir d'obtenir la levée totale des sanctions. Son gouvernement a mené l'année écoulée une campagne d'arrestations et de saisies d'actifs des membres de la résistance palestinienne qui, pendant des décennies, ont trouvé refuge en Syrie.

Ces arrestations font partie de la liste d'exigences présentées par les États-Unis à Damas au début de l'année 2025.

Depuis lors, les forces du gouvernement de Sharaa ont massacré des milliers de civils alaouites et druzes, et kidnappé des dizaines de jeunes femmes et très jeunes filles.

Malgré son passé d'organisateur d'attentats-suicides contre des civils en Irak et en Syrie, le Royaume-Uni a levé le 7 octobre les sanctions liées au terrorisme qui pesaient sur Sharaa et deux de ses principaux collaborateurs.

Jusqu'à l'année dernière, le nouveau président syrien était connu sous le nom d'Abu Mohammad al-Julani. Il était à la tête de Hayat Tahrir al-Sham (HTS), l'organisation militante extrémiste qui a pris le pouvoir en Syrie en décembre dernier après l'effondrement du gouvernement de l'ancien président Bachar al-Assad.

Son groupe puise ses racines dans Front al-Nosra, la branche officielle d'Al-Qaïda en Syrie avant d'être rebaptisé à plusieurs reprises et de devenir HTS. Il constitue désormais l'essentiel de la nouvelle armée syrienne, aux côtés d'autres factions liées à l'EI et à Al-Qaïda soutenues par la Turquie.

Dans une vie antérieure, Sharaa a brièvement étudié les médias, puis rejoint la faculté de médecine de l'université de Damas avant de la quitter pour rejoindre Al-Qaïda en Irak (AQI) après l'invasion américaine de 2003.

Il a été l'adjoint du défunt chef de l'EI, Abu Bakr al-Baghdadi, à l'époque où le groupe était connu sous le nom d'État islamique d'Irak (ISI). Après sa libération d'une prison américaine en Irak, al- Sharaa a été envoyé par Baghdadi en 2011 pour participer à la guerre contre le gouvernement d'Assad en Syrie, où il a pris part à des attentats-suicides meurtriers contre des membres des forces de sécurité et des civils avant de fonder le Front al-Nosra en 2012.

La qualification de Sharaa de terroriste par les États-Unis et la prime de 10 millions de dollars offerte pour sa capture ont été levées en janvier 2025.

Traduit par  Spirit of Free Speech

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