par Faouzi Oki
Le chantier naval russe de Severodvinsk a lancé en début novembre 2025 le premier sous-marin nucléaire de 10 000 tonnes de la classe Khabarovsk, qui représente un tout nouveau type de navire de guerre stratégique conçu spécifiquement pour déployer des drones sous-marins nucléaires 2M39 Poseidon, a rapporté récemment la défense Russe.
L'acquisition de la classe Khabarovsk devrait compléter les investissements dans l'expansion de la flotte de sous-marins lanceurs de missiles balistiques de classe Borei 2, ouvrant ainsi la voie à un deuxième moyen de lancer des attaques nucléaires stratégiques massives par mer.
Lors de la cérémonie de lancement du navire, le ministre russe de la Défense, Andreï Belousov, a déclaré : «Aujourd'hui est un événement important pour nous : le croiseur lance-missiles lourd à propulsion nucléaire Khabarovsk est lancé depuis la cale de mise à l'eau du célèbre chantier naval de Sevmash. Transportant des armes sous-marines et des systèmes robotiques, il nous permettra d'accomplir avec succès des missions liées à la sécurité des frontières maritimes de la Russie et à la protection de ses intérêts nationaux dans diverses parties des océans du monde».
Dans cette optique il faut indiquer que le 2M39 Poseidon est déjà en service, il n'est actuellement déployé que par un seul navire de guerre, le sous-marin Belogrod, qui est un sous-marin de missiles de croisière soviétique de classe Oscar II fortement modifié qui a été adapté pour servir de porte-drones. Cela a servi de garantie jusqu'à ce que les navires de classe Khabarovsk, nettement plus performants et plus furtifs, puissent être mis en service.
À la fin du mois d'octobre, le président russe Vladimir Poutine a commenté le développement du Poséidon, notant qu'il utilise une version miniaturisée d'un réacteur nucléaire sous-marin d'environ un pour cent de sa taille. Les drones sont des armes à usage unique et sont conçus pour faire exploser leurs ogives profondément sous l'eau afin de déclencher des tsunamis radioactifs, qui peuvent infliger des destructions massives aux côtes ennemies. Contrairement aux missiles qui sont lancés par les sous-marins dans les airs, les attaques qui reposent sur des ogives détonantes sous la surface de l'océan sont considérées comme impossibles à intercepter.
Depuis la désintégration de l'Union soviétique en 1991, la Russie a particulièrement accordé la priorité aux investissements dans ses forces nucléaires stratégiques, en veillant à ce qu'elle reste la première dans le monde pour ses performances et ses capacités. Alors que les forces conventionnelles du pays sont de plus en plus à la traîne par rapport à leurs principaux concurrents, en particulier les États-Unis, la Chine et les Corées, les forces stratégiques ont mis au point une gamme de nouvelles capacités, dont le 2M39 Poseidon et les sous-marins de classe Khabarovsk qui les déploient ne sont qu'un exemple.
La Russie a été la première à introduire des planeurs hypersoniques en service avec l'opérationnalisation du système de portée intercontinentale Avangard et avec un dérivé à plus courte portée de la conception qui aurait également été développé pour le nouveau missile balistique à portée intermédiaire Oreshnik. Le missile de croisière 9M730 Burevestnik, qui a été testé en vol à la fin du mois d'octobre 2025 est le seul type de missile à propulsion nucléaire au monde, offrant une portée effectivement illimitée, ce qui complique sérieusement les efforts de défense antimissile possibles.