
par Carlos Fazio
Le Mexique et le Venezuela réunissent, dans la situation actuelle, des éléments communs et aussi de grandes différences. Tous deux possèdent du pétrole et d'autres ressources géostratégiques que se disputent les États-Unis et la Chine à des niveaux différents d'intensité et de projection dans la situation, tous deux sont l'objet d'une guerre hybride diffuse de Washington, qui combine dissuasion, pressions psychologiques et préparatif de guerre.
Un autre axe commun est que, bien qu'ils incarnent des projets politiques et idéologiques différents : avec un penchant vers le socialisme dans le cas de Venezuela et de tendance nationale, populaire et néo-développementiste au Mexique efface partie d'alliance stratégique international également différentes (le Venezuela avec la Russie, la Chine, l'Iran, Cuba et le Nicaragua et le Mexique, principalement avec les États-Unis en situation de dépendance à travers le Traité de Libre Commerce), aussi bien Nicolas Maduro, que Claudia Sheinbaum ont été soumis par Donald Trump à des actions de pouvoir doux et dur intenses et soutenues.
De même, depuis le début de son second mandat, en tant que commandant suprême des forces armées et principal propagandiste de sa stratégie, avec comme point de mire le Venezuela et le Mexique, Trump a fabriqué un schéma d'opinion qui assimile les cartels de la drogue à des organisations terroristes étrangères (verbigracia, Al Qaeda, ISIS, et al), une stratégie de portée extra-territoriale - y compris la portée militaire - soi-disant pour combattre le trafic de drogue mais qui avançait déjà la possibilité d'attaques aériennes létales avec des missiles et des drones pour assassiner sommairement des civils identifiés comme criminel (sans donner de preuves) comme c'est arrivé dans les Caraïbes et dans le Pacifique.
La guerre hybride utilise différents niveaux de toutes sortes de moyens et de procédures que ce soit la force conventionnelle (par exemple, le blocus naval actuel des côtes du Venezuela) ou la guerre illégale (coup d'État doux, guerre, économique, guerre préventive, guerre juridique [lawfare], guerre de l'information, guerre contre les drogues, guerre contre le terrorisme, guerre cognitive, guerre culturelle, guerre médiatique).
Une composante centrale de la guerre hybride est constituée par les opérations psychologiques (OpSic) et les actions secrètes comme celles que Trump a autorisé l'Agence centrale du Renseignement (CIA) à réaliser au Venezuela. Outils des politiques de changement de régime, les actions secrètes servent à provoquer des coups d'État, des opérations de faux drapeau, à déstabiliser le pays et à créer le chaos social et politique sur le terrain grâce à différents acteurs.
C'est pourquoi, en plus de la CIA, les États-Unis ont 15 autres agences de ce qu'on appelle la communauté du renseignement (la DIA, la NSA, le FBI, la DEA, la NRO et d'autres) et des bureaux de relations extérieures qui dépendent du département d'État (ambassades, consulats, missions devant les organismes internationaux, etc.).
En plus des agents secrets de la CIA implantée sur le terrain, les principaux instruments d'ingérence du Pentagone à l'étranger sont les commandos d'élite de la Marine de guerre (Navy SEALs) et la Force Delta du Commandement Conjoint des Opérations Spéciales de l'Armée.
À leur tour, la CIA, la DEA, la DIA, et le FBI recrutent pour leurs actions clandestines au Venezuela au Mexique des «agents natifs» (native assets) comme informateurs et opérateurs locaux (des militaires et des éléments des appareils du renseignement et de la sécurité de l'État, des personnalités politiques, des journalistes, des éléments de la pègre, du trafic de drogue, des paramilitaires, des mercenaires et un long etc.) qui agissent comme des agents des réseaux d'espionnage et créent la violence et le chaos comme dans les guarimbas de l'opposition vénézuélienne dirigées par Maria Corina, Machado et, éventuellement, sous la façade des groupes de l'économie criminelle mexicaine, dans des exécutions symboliques comme celle qui a coûté la vie au maire de Uruapan, Carlos Manzo, à Michoacán.
L'emploi des technologies de dernière génération (guerre cybernétique) combiné à d'autres méthodes d'influence comme le fait de répandre de la désinformation, de la propagande blanche, grise et noire et de fausses informations (fake news) suivi par des techniques de répétition et d'intoxication systématique et persistante dans les médias hégémoniques de masse est également un élément essentiel et complémentaire de l'action de déstabilisation ouverte et secrète de Washington au Venezuela et au Mexique.
Toutes ces modalités hybrides - qui augmentent les incertitudes propres à «la confusion de la guerre» et aux missions clandestines - sont précédées par des opérations de presse qui dure invariablement jusqu'à la fin et qui, à tout moment, se rétro-alimentent et se projettent face à l'opinion publique.
Un exemple typique de propagande grise qui porte le sceau des opérations de désinformation, conjointes de la CIA, du M50, britannique et du Mossad israélien et aurait pu être mené à bien sur le terrain par l'ambassadeur des États-Unis, Ronald Johnson, un vieux faucons, des actions clandestine, est la révélation du journaliste Barak Ravid (qui a servi dans la division du renseignement israélien Unité 8200) du média américain Axios, amplifiée urbi et orbi par Reuters, sur la prétendue tentative d'attentat contre l'ambassadrice de Tel-Aviv au Mexique, Einat Kranz Neiger, citant un «fonctionnaire étasunien» qui s'est exprimé sous couvert d'anonymat.
Selon Ravid, l'opération aurait été dirigée par une unité de la Garde Révolutionnaire Islamique «qui, pendant des années, a recruté des agents dans toute l'Amérique latine à partir de l'Ambassade d'Iran au Venezuela». Démentie par la chancellerie et le ministère de la sécurité, cette révélation avait pour objectif de diaboliser l'Iran et de détériorer les relations entre Téhéran, Caracas et Mexico.
source : Resumen Latinoamericano via Bolivar Infos