Mounir KILANI
Un « rapport secret » ? C'est en réalité un aveu public d'impuissance, habillé en grand soir diplomatique.
Ce document, intitulé « Ensuring a Just and Durable Peace for Ukraine », a été adopté le 11 octobre 2025 par le Comité politique de l'Assemblée parlementaire de l'OTAN. Il porte la signature de la députée italienne Simona Flavia Malpezzi. Bien que publiquement accessible sur le site nato-pa.int, il est passé sous silence par la grande majorité des médias mainstream européens.
La raison de ce black-out médiatique est simple : pourquoi relateraient-ils la preuve même de leur propre impuissance ? Derrière le jargon diplomatique et les formules creuses se dissimule une vérité plus crue : les élites occidentales sont dans le déni, obnubilées par la préservation de leurs intérêts et de leurs privilèges. Tout le reste n'est que secondaire.
Les « Principes Nobles »... ou la pensée magique en action
Voici une liste de principes relevant plus de la pensée magique que de la stratégie :
• « Respect de la souveraineté ukrainienne » - Comme si Moscou en avait jamais tenu compte.
• « Non-reconnaissance des annexions » - Un tampon sur un document qui fera trembler Poutine... de rire.
• « Retour des déplacés » - Un vœu pieux, sans le moindre plan concret pour le rendre possible.
• « Garanties de sécurité » - La spécialité de la maison : des promesses en l'air, déjà maintes fois violées.
Sur le papier, c'est un chef-d'œuvre de vertu. Sur le terrain, la réalité est tout autre : la Russie avance, consolide ses gains et dicte sa loi.
Ces « paramètres essentiels » ne sont pas un cadre pour la paix. Ce sont les mantras désespérés d'élites à court de solutions.
L'ironie suprême ? Ce « discours défensif » est officiellement destiné à « rassurer les opinions publiques ». Traduisons : il s'agit de mentir aux électeurs pour éviter de leur présenter la facture politique. Les privilèges, eux, restent bien à l'abri.
Mission accomplie.
Inutilité stratégique : un rapport qui ne pèse pas l'encre utilisée pour l'imprimer
Ce document prétend « formaliser » les conditions que l'Occident rêverait d'imposer. Sauf que la Russie, elle, agit : elle continue d'avancer, de se renforcer et d'imposer son rythme au conflit. Toute négociation sérieuse se déroulera inévitablement entre Washington et Moscou. L'Ukraine, dans cette équation, est réduite à l'état de champ de bataille, un territoire où l'on compte les morts pendant que les grandes puissances négocient son sort.
Quant aux alliances présentées comme « solides sur le papier », elles se révèlent en pratique inconsistantes. L'OTAN est incapable d'inverser la dynamique du terrain. La preuve ? Ce rapport ne représente même pas un outil de pression crédible ; il n'est qu'un « doudou » rhétorique pour bureaucrates. Les élites le savent pertinemment, mais refusent de l'admettre publiquement. Leur unique stratégie consiste à gagner du temps, espérant retarder l'échéance où la réalité se rappellera à tous - et où leurs positions de pouvoir en paieront le prix.
La peur panique des élites : leur survie, pas celle de l'Ukraine
Qu'est-ce qui les terrifie véritablement ? Ni les centaines de milliers de morts et de blessés*, ni les villes rasées. Leur véritable cauchemar se résume à :
• Perdre le contrôle de l'architecture sécuritaire européenne ;
• Voir l'OTAN discréditée, elle qui constitue leur principal instrument d'influence ;
• Ne plus pouvoir imposer leurs règles à Taïwan, en Afrique ou au Moyen-Orient.
L'ironie est cinglante : la « surenchère diplomatique » autour de ce rapport ne poursuit qu'un seul objectif - « rassurer des opinions publiques non préparées à la guerre ». Ce qui signifie clairement : ne comptez pas sur nous pour nous battre, nous avons des intérêts à préserver. Une défaite russe ? Impensable. Une défaite de leur système ? Apocalyptique. Car pour ces élites, perdre la guerre équivaut à perdre le pouvoir, les contrats juteux, les fondations et le confort de la jet-set.
L'Ukraine ? Rien de plus qu'un détail collatéral.
Russie : le vrai maître du jeu - et l'Occident ferme les yeux
Tandis que l'OTAN s'épuise à rédiger des communiqués, la Russie consolide ses positions sur le terrain. Ses avancées militaires s'enchaînent, sa logistique résiste, son économie tient bon. Pendant ce temps, l'usure de l'Occident s'accélère. Le résultat est sans appel : toute paix se négociera aux conditions de Moscou. Le rapport de l'OTAN ? Rien de plus qu'un « document symbolique pour calmer l'opinion ». Traduction : un os à ronger jeté aux médias, tandis que les élites préparent déjà leur plan B - une retraite dorée, à l'abri des conséquences.
L'ironie est criante : on nous sert un « langage solennel » face à une réalité qui hurle. L'Occident est en train de perdre, et son unique réflexe est de produire du papier. Son objectif affiché ? Maintenir « l'unité des alliés » et éviter « l'effondrement de l'opinion ». En clair, il s'agit de sacrifier l'Ukraine pour préserver les apparences - et, surtout, les privilèges.
Leçons pour le citoyen lucide : trois vérités que l'élite refuse d'admettre
• La guerre obéit à la logique russe. L'Occident ne fait que subir et réagir. La conclusion est inéluctable.
• L'Ukraine paie le prix du sang. Villes rasées, soldats sacrifiés, avenir anéanti : le bilan est accablant.
• Aucun rapport n'y changera rien. Ces documents ne sont que du théâtre pour élites dépassées.
Ce document n'est pas un outil de paix ; c'est un aveu de défaite politique déguisé. Il clame, entre les lignes : « Nous perdons, mais ne nous obligez pas à le dire ouvertement ». La « défaite stratégique » est déjà actée ; on se contente de la maquiller en « processus diplomatique ».
Pendant ce temps, l'élite veille à une chose avec une efficacité remarquable : s'assurer que ses enfants ne voient jamais le front.
Privilèges préservés, mission accomplie.
Conclusion : l'impuissance déguisée - 22 pages de simulacre
En 2025, cette guerre a cessé d'être un simple conflit militaire : c'est un choc de volontés où l'Occident a définitivement perdu l'initiative. La Russie dicte sa loi. L'Amérique négociera par compromis. L'Ukraine, elle, continue de saigner. Et les élites ? Elles produiront de nouveaux rapports.
Ce document n'est pas un plan de paix. C'est une stratégie de survie égoïste. Une manière de dire aux peuples : « Restez calmes, tout est sous contrôle » - pendant que ses auteurs vérifient la solidité de leurs propres parachutes dorés.
La paix ? Elle adviendra, mais aux conditions de Moscou. L'OTAN ? Un tigre de papier. Les élites ? Des gestionnaires de l'échec, préférant le mensonge confortable à l'action courageuse.
Et nous, les citoyens ? On exige de nous que nous acceptions cette fiction : celle où la déroute serait du succès, et la lâcheté, de la realpolitik.
Mounir Kilani
Sources :
Sylvain Ferreira/Veille Stratégique, bulletin n°158
youtube
