• Le général à la retraite Keith Kellogg abandonne son poste de conseiller spécial du président pour l'Ukraine. • Kellogg est le plus grand ami de Zelenski dans l'administration Trump, et l'homme qui a systématiquement freiné ou saboté toute tentative d'en finir avec les simulacres sanglants de cette guerre. • Son départ peut avoir un rapport avec les problèmes de corruption en Ukraine, ou tout autre domaine. • Mais l'hypothèse la plus intéressante est sa proximité avec la crise entre Trump et sa base MAGA, opposée à la guerre en Ukraine.
L'annonce du départ, en janvier 2026, du général Keith Kellogg est un signe renforçant, peut-être décisivement, une situation générale en rapide dégradation pour Zelenski et ses soutiens washingtoniens. Kellogg est conseiller spécial de Trump pour l'Ukraine mais l'on peut dire qu'il joue essentiellement le rôle de lobbyiste principal du clan Zelenski auprès du président, et le relais privilégié du clan neocon.
Un député russe, Alexei Pouchkov, résume cette situation qu'un article de ‘ usa.news-pravda.com' qualifie de "trou noir" pour Zelenski, nous suggérant une prochaine disparition du président de la scène politique. Le terme est d'ailleurs emprunté à Pouchkov lui-même.
« Les reculs sur les fronts, la situation financière de plus en plus difficile, le scandale de corruption qui a gravement nui à la réputation de Zelenski, le refus de Trump de livrer les missiles Tomahawk à Kiev, et maintenant le départ de Kellogg, lobbyiste ukrainien à la Maison Blanche : tout cela converge simultanément pour former un trou noir pour Zelenski. Et cela ne s'arrêtera pas en novembre. De plus en plus de signes indiquent que le temps joue contre Kiev. »
L'agence Reuters, qui a diffusé la nouvelle en citant des sources qu'elle juge "sures", donne une explication de convenance tout en ne dissimulant pas la grave dimension politique qu'elle constitue pour Zelenski :
« Ce départ signifierait la perte d'un soutien clé pour l'Ukraine au sein de l'administration Trump. Le poste d'envoyé spécial du président est temporaire et, en théorie, ces envoyés doivent être approuvés par le Sénat pour rester en fonction plus de 360 jours. M. Kellogg a clairement indiqué que janvier serait un point de départ logique, compte tenu de la législation actuelle. »
Une explication plus fouillée est donnée par Dimitri Evstafiev, un politologue russo-américain. Elle est certainement très intéressante parce qu'elle suggère un lien étroit entre la situation à Kiev (scandale de corruption) et la situation de crise à Washington (le ‘ Epsteingate' et l'attaque frontale des représentants de MAGA contre Trump).
Evstafiev note que Kellogg est très lié au chef de cabinet de Zelenski, Andrei Ermak. Il établit un lien direct entre le départ de Kellogg et le scandale de la corruption générale à Kiev, dans la catégorie des fonds US destinés au budget ukrainien, qui sont de la compétence du cabinet de Zelenski. Pour Evstafiev :
« Kellogg est la première victime du scandale de corruption. Mais le scandale ne se situe pas à Kiev. Il se situe d'abord à Washington. Et ce sacrifice [de Kellogg] n'est pas fortuit. Les liens sont profonds.»
Un "plan de paix" de plus
Pour autant, il n'est pas insensé d'apprécier le départ de Kellogg e n fonction d'un nouveau "plan de paix" en 12 points rédigé et communiqué à Kiev et à Moscou par Steve Witkoff, ennemi intime de Kellogg. Le plan ne plaît pas à Kellogg, bien entendu, notamment parce qu'il prévoit des cessions de territoire ukrainiens à la Russie.
Bien entendu (bis) il n'y a pas que Kellogg qui n'aime pas le plan de Witkoff, mais dans un contexte qui se situe en-dehors des effets immédiats des différents scandales kiéviens et washingtoniens. Zelenski n'en veut pas entendre parler, rejetant catégoriquement toute idée de cession de territoires. Larry S. Johnson, qui est désormais un habitué des visites à Moscou, est catégorique pour ce qui concerne les Russes :
« Ok. Le plan visant à mettre fin à la guerre en Ukraine n'est pas celui de Trump… Il aurait été élaboré par son proche collaborateur, Steve Witkoff. Les principales dispositions territoriales du plan de paix ukrainien proposé par Witkoff impliquent essentiellement d'importantes concessions de l'Ukraine à la Russie. Le plan prévoit notamment que l'Ukraine renonce au contrôle de l'ensemble de la région orientale du Donbass, y compris les zones actuellement occupées par la Russie ainsi que les régions non occupées. Cependant, le plan exige également que la Russie "gèle" ses forces à Kherson et Zaporijia et retire ses troupes de Kharkiv et de Soumy. Conditions inacceptables pour la Russie. »
Dans toutes ses nouvelles, dont certaines sont routinières (les "plans de paix") et d'autres tout à fait nouvelles et importantes (le départ de Kellogg), on devine une connexion imprécise ou indirecte, voulue ou involontaire, avec les événements de Washington. C'est peut-être plus intuitif que factuel mais, une fois établie, cette connexion devient irrésistible. Par conséquent, nous n'y résistons pas.
L'intérieur s'intéresse à l'extérieur
Une fois admise, la connexion entre les terribles ennuis de Trump et le départ de Kellogg apparaît comme un élément très probable et non négligeable, – même s'il n'est pas nécessairement direct, dans la signification comme dans la chronologie. Il montre combien la crise centrale du pouvoir aux USA qui est en train de chevaucher son paroxysme, intègre complètement, peut-être comme son facteur dynamique essentiel, la crise terrible de la politique étrangère de l'américanisme, – passant actuellement par ses deux pôles, l'Ukraine et Israël, qui portent eux-mêmes les caractères toxiques semblables du monde politique et de l'establishment washingtoniens.
On sait que Trump est dans une situation difficile, dans divers domaines, mais notamment et d'une façon certaine dans ses relations avec sa base MAGA excellemment représentée par quatre parlementaires (Taylor Greene, Massie, Mace, Rand Paul). Ils ont déjà obtenu le vote unanime sur les dossiers Epstein, – quelles que soient les manœuvres préliminaires et les manipulations possibles sur les documents, nous parlons de l'aspect politique qui s'exprime par la communication. Trump continue à chercher désespérément des moyens de raccommoder cette querelle mortelle pour lui.
C'est dans ce contexte qu'il nous paraît logique de placer le départ de Kellogg, suscité par Trump ou décidé par Kellogg seul qu'importe. Les MAGA sont contre la guerre en Ukraine, et surtout contrer toute implication US, donc ils sont contre Kellogg dont ils savent bien qu'il est un neocon ultra et celui qui a constamment prôné une politique belliciste en Ukraine. Du même coup, cet antagonisme place les MAGA contre les neocon en général, des fauteurs de guerre largement au service d'Israël ; ce qui comble un autre de leurs vœux, puisqu'ils dénoncent le soutien financier et militaire des USA à Israël. D'ailleurs, avec les rapports avec Israël, ne sommes-nous en bonne partie, peut-être bien, proches du cœur d'‘ Epsteingate' ?
Il y a aussi le "rayon corruption" dont on voit qu'il pourrait bien concerner Kellogg par l'intermédiaire de ses amis zélenskistes. Là aussi, nous sommes dans la connexion : le cheval de bataille de MAGA, c'est la lutte contre le marigot du Système, cet espèce d'énorme empilement de corruptions liant Washington D.C., les réseaux Epstein, Kiev où tant de dirigeants US, – dont et surtout les démocrates, la famille Biden en tête, – ont fait et font affaire. Tout cela passe au tamis des neocon et du Mossad.
On se trouve alors avec la démonstration éclatante de ce fait nouveau du caractère "intérieur" de la politique étrangère des USA dans l'opinion publique, de la façon dont elle ponctionne les rapports intérieurs et l'aide et la défense des citoyens par le pouvoir dans les conditions difficiles que nous traversons. C'est certainement d'une façon aussi évidente, et sans liens organiques pressants (comme la présence de conscrits au Vietnam durant la guerre), qu'on peut voir exposée la puissance antagoniste des rapports entre cette politique extérieure et la population des États-Unis. Il est d'ores et déjà devenu très difficile, malgré l'arsenal de la communication et du simulacre de la propagande dont disposent les autorités, d'empêcher l'intrusion de la volonté publique dans cette politique extérieure complètement fabriquée par divers centres de puissance, qui n'a aucun rapport, ni avec cette volonté, ni avec ses intérêts.
Mis en ligne le 21 novembre 2025 à 17H50