22/11/2025 ssofidelis.substack.com  12min #296963

« Victoires », vous avez dit « victoires » ?

Illustration © Thomas Levinson

Par  Philip Giraldi, le 20 novembre 2025

Ou une vaste supercherie ?

Le président Donald Trump et sa fine équipe de la Maison Blanche viennent de vivre quelques semaines palpitantes, promettant "la paix... ou trois miettes" aux quatre coins du globe, et d'exposer les turpitudes de Jeffrey Epstein, un type peu recommandable qui a claqué des centaines de millions de dollars pour s'offrir des lieux où abuser et filmer des gamines de quinze ans. Le tout aurait été financé par des milliardaires juifs, et vraisemblablement par le Mossad, pour le compte d'Epstein et de ses "clients", dont Bill Clinton et son altesse Donald Trump, en compagnie de quelques-uns de ses bons vieux amis du "peuple élu".

La Maison Blanche, surnommée la « Maison du peuple », a de nouveau fait la une des journaux lorsque les derniers vestiges de l'aile est ont été détruits au profit d'une immense salle de bal bling-bling prête à sortir de terre. D'ici peu, le reste de l'ancien bâtiment disparaîtra lui aussi - pour un autre terrain de golf "Trump International", un site luxueux voué à divertir les ploutocrates de la planète, mais où les Palestiniens ne sont pas admis. On y accèdera via un imposant parcours conçu pour l'occasion, partant d'une immense arche "Trump-phale" du côté Virginie, près du Memorial Bridge, pour enjamber le fleuve Potomac, rejoindre le Lincoln Memorial et le Mall.

Voir Washington, la capitale fédérale, relookée à l'image de l'opulence flamboyante de Mar-a-Lago, avec sa gastronomie grand luxe où des cheeseburgers MAGA se dégustent à toute heure, éveille incontestablement le fantasme. Mais d'autres évolutions stupéfiantes, sous l'égide de Donald Trump, le génie américain du moment, valent bien le détour, comme le "cessez-le-feu" entre Israël et Gaza, ou encore le "plan de paix Trump" pour le Moyen-Orient,  soutenu par le Conseil de sécurité de l'ONU. L'armée israélienne se félicite de cet accord, négocié sans le moindre représentant palestinien, et en a profité pour intensifier ses raids aériens mercredi soir et jeudi matin,  tuant plus de 30 Palestiniens, essentiellement des femmes et des enfants, et blessant des dizaines d'autres. Ni le département d'État ni la Maison Blanche de Trump n'ont jugé bon de commenter ces "incidents accidentels", considérant qu'Israël était en droit de violer le cessez-le-feu et de tuer ces "sales barbus", dont beaucoup, selon les dires du Premier ministre Benjamin Netanyahu, deviendront des terroristes du Hamas armés jusqu'aux dents.

Toutefois, certains détails du plan de paix doivent être clarifiés avant que la population indigène ne soit relocalisée et que le Trump Riviera Resort, pensé par le génie de l'immobilier Jared Kushner, sorte enfin de terre. Il faut d'abord obtenir le désarmement complet du Hamas, sans quoi Benjamin Netanyahu, le meilleur ami du président en Israël, devra s'en charger lui-même, et ce ne sera pas beau à voir. Mais l'armée américaine devrait l'aider à faire le ménage. Pour mener à bien ce projet, le département américain de la Défense serait en train de construire une base d'un demi-milliard de dollars aux abords de Gaza, même si on ignore encore l'emplacement exact de cette base et sa véritale vocation.

Évacuer les plus de 100 000 corps ensevelis sous les décombres causés par les bombes américaines larguées par Israël sur Gaza ne sera pas une mince affaire. Toutefois, la créativité américaine trouvera bien une solution, faute de quoi l'unité du génie se chargera de recouvrir les tas de cadavres en décomposition. Selon  certaines informations, une société nommée UG Solutions serait déjà en train de recruter d'anciens militaires pour participer à ces opérations de "nettoyage" et de reconstruction. Cette même entreprise a récemment recruté des sous-traitants pour la Gaza Humanitarian Foundation (GHF), une organisation controversée financée par les États-Unis et Israël, qui gérait quatre points de distribution à Gaza entre mai et mi-octobre. Ces sites, sous la garde de sous-traitants employés ou sous-traités par UG Solutions, collaboraient avec l'armée israélienne et n'y distribuaient que très peu de produits de première nécessité. Les Palestiniens, toujours en quête de rares vivres, ont été attaqués, entraînant de terribles scènes de carnage. Mais dormez tranquilles, car cette fois, une armée dûment équipée et déployée en nombre s'assurera que ces Palestiniens encombrants ne cherchent pas à tricher sur les termes de leur reddition et de leur extermination. Quoi qu'il en soit, c'est un bon plan pour faire disparaître la Palestine que le "président de la paix" mènera de main de maître pendant au moins deux ans, avec la bénédiction de l'ONU !

En attendant, les israélophiles de toujours redoublent d'efforts pour inverser une hostilité croissante envers l'État juif et ses crimes, en réponse au prétendu "plan de paix" du président, que de nombreux observateurs qualifient de  fraude pro-sioniste. À l'instar de la précédente version du cessez-le-feu de janvier, balayée pour laisser Israël vaquer tranquillement à ses tueries à Gaza, en Cisjordanie, au Liban, en Syrie et en Iran. Pour faire taire une opposition croissante aux États-Unis, la  nomination de Yehuda Kaploun, un rabbin soutenu par Israël et Trump, au poste d'envoyé spécial du gouvernement américain chargé de surveiller et de combattre l'antisémitisme, met le Congrès sous pression. Sa mission consistera à réprimer la liberté d'expression dès qu'elle se traduira par la critique de toute politique israélienne, y compris du génocide qui vide actuellement la Palestine historique de ses derniers habitants. Critiquer les actions du régime de Trump, qui fournit à Israël les fonds, les armes et la couverture diplomatique indispensables à la poursuite du génocide, sera également considéré comme un crime "antisémite", même si les Israéliens se fichent éperdument de respecter ledit "plan de paix" supposant l'arrêt immédiat des interventions militaires.

Pour les partisans d'Israël, c'est la prise de conscience  des jeunes Républicains, horrifiés par les vidéos et les témoignages sur le génocide perpétré par Israël à Gaza, qui inquiète avant tout. C'est précisément ce génocide qui a poussé Charlie Kirk à prendre ses distances avec Israël et ce rejet du contrôle sioniste est probablement à l'origine de son assassinat, un crime sur lequel, sans grande surprise, le FBI n'enquête guère. Les massacres effroyables et l'emprise évidente d'Israël sur Washington ont également incité des personnalités conservatrices influentes à  réagir, comme la députée Marjorie Taylor Greene, ou encore les journalistes Tucker Carlson et Candace Owens. L'extrémiste sioniste Laura Loomer, qui se dit proche de Trump, a réagi la semaine dernière avec beaucoup de virulence à la perte d'électeurs conservateurs par Israël. Elle écrit notamment :

"Je vous le dis. Le Parti républicain a un problème avec les nazis. Et plus nous prétendons le contraire, plus la situation empire. C'est la vérité. Ne me dites pas le contraire".

Les propos de Loomer ont inspiré une réaction sur Facebook, qui affirme que :

"Le Parti républicain doit faire face à un problème lié à l'espionnage juif. Le Parti républicain a un problème avec les Juifs. Le Parti républicain a d'abord un problème avec Israël, Laura. Les gens comme vous, Mark Levin et Ben Shapiro, sont en train de détruire le parti. Votre indécence et votre inhumanité vont de pair avec votre incapacité à comprendre les perceptions du monde sur ces adeptes d'Israël".

Par ailleurs, Olivia Reingold, une sioniste invétérée du Free Press, a récemment été encensée par les suspects habituels pour son "reportage"  suggérant que les enfants palestiniens, systématiquement affamés à mort par Israël, souffriraient en réalité de "pathologies préexistantes" et que leur mort n'en serait que plus acceptable.

La signature par Trump d'une résolution du Congrès approuvée à l'unanimité concernant la divulgation des quelque 20 000 fichiers liés à l' enquête du FBI et autres agences gouvernementales  sur Jeffrey Epstein, enquête en cours depuis plus de trente ans, est l'autre victoire majeure de la semaine. On se demande d'ailleurs pourquoi ces dossiers n'ont pas encore été divulgués, alors que Trump s'y était engagé pendant sa campagne électorale. Joe Biden et Donald Trump ont tous deux gardé ces dossiers sous le coude et la ministre de la Justice, Pam Bondi, qui avait promis de les divulguer il y a quelques mois, n'en a rien fait. Bondi et le FBI, sous la direction de Kash Patel, subissent désormais des pressions du Congrès pour réagir dans les 30 jours. Certains craignent toutefois que le ministère de la Justice invoque des enquêtes en cours ou tout autre motif pour ne pas divulguer ces documents, qu'il qualifie de "classifiés". Ces documents pourraient notamment inclure tout ce qui fait référence à Donald Trump, proche d'Epstein, ou à Bill Clinton, souvent accusé d'avoir voyagé à bord de l'avion privé d'Epstein pour se rendre dans son complexe privé "Pedophile Island" dans les îles Vierges, bien qu'il ait toujours nié ces allégations.

Bien que le problème des dossiers semble temporairement résolu, il est  peu probable que la lumière soit faite de sitôt. Trump semble en effet avoir ordonné à sa ministre de la Justice et au directeur véreux du FBI de faire le ménage dans les dossiers en mobilisant  des centaines d'agents du FBI pour supprimer les plus de 1 600 occurrences de son nom identifiées. D'autres tentatives de dissimulation ne manqueront pas de suivre, et rien ne prouve qu'il n'existe qu'un seul dossier Epstein. Des copies des documents originaux ont certainement été conservées quelque part, et il existe peut-être même une copie supplémentaire de l' intégralité du dossier détenu par Pam Bondi. Kash Patel, du FBI, en possède également une. Et il est même à craindre que les documents mentionnant d'autres personnalités politiques de premier plan voire impliquant les services de renseignement israéliens dans l'affaire Epstein aient déjà été identifiés et détruits sur ordre présidentiel, que ce soit par l'administration Biden ou le gouvernement Trump, pour servir les intérêts de leurs mentors de Tel-Aviv.

Mercredi dernier, Mme Bondi a en effet déclaré que les "dernières informations" recueillies par les enquêteurs ont incité le ministère de la Justice à revenir sur sa décision précédente de clore les enquêtes liées à Epstein. Ce revirement pourrait permettre de suspendre l'accès aux documents les plus sensibles, scénario sans doute souhaité par Trump et Bondi façon "ni vu ni connu j't'embrouille". De nouvelles divulgations de documents associant Epstein à des personnalités ou des entités influentes ont émergé la semaine dernière, contraignant l'ancien secrétaire au Trésor et ancien président de l'université Harvard, Larry Summers, à démissionner de ses diverses fonctions à Harvard. Pour parer à un tel scénario, certains membres du Congrès ont averti l'administration Trump des risques liés à la divulgation de certains documents, y compris d'éventuelles preuves photographiques de personnalités présentes sur les propriétés d'Epstein, et des spéculations et soupçons potentiels. La sénatrice Lisa Murkowski, originaire de l'Alaska, a elle aussi alerté la Maison Blanche, déclarant que

"ceux qui suivent de près cette affaire vont avoir l'impression d'avoir été dupés".

Bondi affirme que

"nous ne pouvons rien divulguer, car l'enquête est toujours en cours. Je ne vois pas en quoi ces révélations pourraient apaiser les soupçons que nourrissent bon nombre de citoyens".

Les deux grandes "victoires" de Donald Trump ces derniers jours sont donc toutes deux liées à Israël. La première concerne le "plan de paix" qui laisse à Israël toute latitude pour liquider le peuple palestinien pour lui voler ses terres. La seconde, que l'on peut qualifier d'avancée, bien que laborieuse et potentiellement compromise, est l'enquête sur Jeffrey Epstein, un maître espion probablement au service d'Israël sur le sol américain. Si les documents relatifs à cette affaire venaient à être rendus publics, ils pourraient porter un coup fatal à de nombreux politiciens et milliardaires désormais inféodés à l'État juif. Attendons donc la suite des événements, car les protagonistes concernés mettront tout en œuvre pour que l'enquête en cours n'aboutisse jamais.

Il y a quelques jours, l'évolution des événements a incité l'un de mes contacts Facebook à publier un commentaire succinct exposant les raisons qui, selon lui, devraient inciter Israël et son puissant lobby à agir avec prudence et à ne pas s'immiscer dans les affaires du reste du monde. Son message disait :

"Je refuse que des individus tels que Miriam Adelson choisissent qui me représente au Congrès. Je refuse que mes enfants soient taxés à outrance pour financer les génocides commis par Israël au cours des 20 prochaines années. Je refuse que l'AIPAC corrompe et contraigne mes représentants politiques à voter des lois. Et je refuse d'être poursuivie par mon propre ministère de la Justice pour avoir exprimé cette opinion. Que reste-t-il du pays où j'ai grandi ? Comment avons-nous pu laisser les choses en arriver là ? Les amis d'Israël devraient d'ailleurs montrer l'exemple en quittant le pays pour aller vivre dans l'État juif qu'ils semblent tant aimer. Arrêtez de nous priver de nos droits fondamentaux tels que la liberté d'expression, de piller nos fonds publics et de nous réduire au silence, pendant que vous financez et armez Israël. Allez-vous-en pour de bon ! C'est vraiment le mieux qui puisse nous arriver !"

Traduit par  Spirit of Free Speech

* Philip M. Giraldi, Ph.D., est directeur exécutif du Council for the National Interest, une fondation éducative qui cherche à promouvoir une politique étrangère américaine au Moyen-Orient davantage fondée sur les intérêts. Son site web est  councilforthenationalinterest.org et son adresse électronique est informcnionline.org.

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