
© X / Giuseppe Perrone
L'ambassadeur de l'Union européenne en Tunisie, Giuseppe Perrone, convoqué par le président Kaïs Saïed
Une initiative diplomatique européenne aurait fortement déplu au président Kaïs Saïed, qui a exprimé sa vive protestation auprès de l'ambassadeur de l'Union européenne en Tunisie, Giuseppe Perrone, en rappelant la primauté de la souveraineté nationale.
Le président tunisien Kaïs Saïed a convoqué l'ambassadeur de l'Union européenne (UE) en Tunisie, Giuseppe Perrone, au palais de Carthage le 25 novembre, selon un communiqué de la présidence, pour lui signifier sa vive protestation concernant ce que le président a qualifié de « non-respect des règles diplomatiques » et de « pratiques étrangères aux usages établis ».
Le chef de l'État a reproché à l'ambassadeur, sur un ton jugé ferme selon la presse tunisienne, son initiative et ses prises de contact engagées en dehors des cadres officiels consacrés dans les relations entre l'Union européenne et la Tunisie. Pour le président tunisien, l'ambassadeur représente une institution partenaire et il est tenu, en tant que tel, de se soumettre aux protocoles diplomatiques « en vigueur entre États souverains » et de ne pas déroger aux canaux formels.
La rencontre avec un leader syndical à l'origine de la convocation ?
La convocation de Giuseppe Perrone a eu lieu au lendemain d'une rencontre organisée le 24 novembre entre l'ambassadeur de l'UE et le secrétaire général de l'Union générale tunisienne du travail (UGTT), Noureddine Tabboubi, au siège de la centrale syndicale à Tunis. Durant leur entretien, le diplomate européen a « salué le rôle important joué par l'UGTT en faveur du dialogue social et du développement économique en Tunisie », indique un communiqué de la délégation de l'Union européenne en Tunisie. Perrone a « réaffirmé sa volonté de poursuivre le dialogue avec l'UGTT et de continuer à soutenir la Tunisie sur les plans social et économique, dans divers secteurs », précisant que cette rencontre s'inscrit dans le cadre des 30 ans de l'accord de partenariat entre la Tunisie et l'Union européenne.
Pour sa part, Tabboubi a mis en avant « l'importance de renforcer et de développer la coopération entre la Tunisie et l'Union européenne afin de promouvoir le développement, l'emploi, la recherche scientifique, la mobilité et les technologies modernes », rapporte la même source.
L'ambassadeur européen avait aussi pris l'initiative de rencontrer le président de l'Union tunisienne de l'industrie, du commerce et de l'artisanat (Utica), une organisation patronale représentant les dirigeants des entreprises des secteurs industriel, commercial et artisanal.
Primauté de la souveraineté nationale
Kaïs Saïed a profité de l'entretien pour rappeler que, malgré le partenariat historique avec l'Union européenne, la Tunisie n'acceptera « aucune tutelle, directe ou indirecte ». Il a appelé à des relations fondées sur la transparence, le respect mutuel et l'égalité, dans un contexte où les relations euro-tunisiennes connaissent régulièrement des tensions autour de dossiers migratoires, politiques et économiques.