« Le Comité exécutif de l'UEFA se réunira mercredi à Nyon et devra choisir : prendre des mesures ou rester complice de l'État génocidaire. En plus de deux ans de génocide diffusé au quotidien sur nos téléphones, Israël a tué 421 footballeur·euses palestinien·nes parmi au moins 70 000 civil·es. Son armée a mutilé 21 000 enfants et a affamé et empoisonné la population palestinienne à un point tel que le taux de malformations congénitales chez les nouveau-nés a atteint des niveaux sans précédent », soulignent nos amis de BDS Suisse, qui rappellent les faits suivants.
L'UEFA avait annoncé vouloir voter sur l'exclusion Israël. La décision a été annulée après que Donald Trump, un grand ami du président de la FIFA Gianni Infantino, a annoncé un « plan de paix », qui n'a en aucune manière mis fin au génocide. Selon l'UEFA, le moment ne serait pas approprié pour sanctionner Israël. Mais quel pourrait être un moment « approprié » pour sanctionner un État, sinon celui-là même où il commet un génocide?
La complicité de l'Association israélienne de football (IFA)
La Fédération israélienne de football (IFA) est profondément complice de multiples violations du droit international. Au moins six clubs situés dans des colonies israéliennes en Territoire palestinien occupé participent à des compétitions sanctionnées par l'IFA, en violation flagrante du droit international et des statuts de la Fédération internationale de football association (FIFA), qui interdisent l'activité de clubs sur le territoire d'une autre association sans son consentement.
Des expert·es de l'ONU ont dénoncé l'IFA et demandé son exclusion pour avoir contribué à la légitimation de l'occupation illégale par Israël. Plus récemment, l'association a participé à la création d'une ligue nationale composée de réservistes de l'armée israélienne, une dangereuse militarisation du sport : la ligue regroupe 32 équipes de réservistes actifs. Pour le directeur général de l'IFA, cette initiative était un « privilège de rendre à ceux qui nous ont tant donné ».
En offrant une infrastructure sportive, économique et symbolique à des clubs de colonies et à des unités militaires, l'IFA contribue à normaliser et renforcer un système d'occupation, de dépossession, d'apartheid et de génocide qui viole le droit international autant que les principes fondamentaux d'intégrité sportive.
En outre, la résolution European Football United Against Racism, adoptée par le Congrès de l'association européenne, stipule que « le football doit montrer l'exemple » en incarnant des valeurs antiracistes. Pourtant, les équipes israéliennes engagées dans les compétitions de l'UEFA se distinguent régulièrement des supporters affichant ouvertement un racisme anti-Palestinien, voire des appels explicites au génocide, sans que l'IFA ne prenne de mesures disciplinaires significatives.
Personne ne veut voir Israël jouer
L'an dernier, l'UEFA a déjà été confrontée à une immense pression de la société civile, du monde du football et de ses propres membres pour bannir Israël de toutes les compétitions internationales. Cette année, la pression s'est encore intensifiée.
La Fédération irlandaise de football a adopté une résolution demandant l'exclusion d'Israël, tout comme les fédérations turque et norvégienne qui ont également lancé un appel dans ce sens, estimant qu'il est temps d'agir. L'Espagne, l'Écosse et la Slovénie auraient quant à elles fait savoir en privé qu'elles refuseraient de jouer en Israël, même après un éventuel cessez-le-feu.
La campagne #GameOverIsrael a remis une lettre signée par 73 athlètes et personnalités sportives. Une autre lettre, cette fois signée par 30 expert·es juridiques dont Elisa von Joeden-Forgey, directrice exécutive de l'Institut Lemkin pour la prévention du génocide, affirme que l'UEFA « ne doit pas se rendre complice du sportswashing ».
Si l'UEFA n'écoute pas les fédérations nationales, les légendes du football, les organisations de défense des droits humains ou les spécialistes du génocide, écoutera-t-elle les supporters ? Partout dans le monde, ces dernier·ères brandissent le drapeau palestinien et scandent des appels à la liberté du peuple palestinien. Paris, Bilbao, Glasgow et presque toutes les villes européennes ont vu des dizaines de milliers de supporters réaffirmer que les stades doivent soutenir l'égalité, non le génocide, la colonisation et l'apartheid.
Chaque artiste, sportif·ve, organisateur·rice, administrateur·rice et lieu culturel ou sportif a la responsabilité de dénoncer publiquement ces tactiques et de se distancer fermement de ce système d'effacement du peuple palestinien.
L'UEFA pourrait être tenue légalement responsable pour son soutien à la colonisation et au génocide
Une ordonnancede la Cour international de justice (CIJ) publiée en janvier 2024 a confirmé le risque de génocide à Gaza, rappelant l'obligation de le prévenir. L'accusation de génocide a ultérieurement été confirmée par une commission d'enquête indépendante de l'ONU. La CIJ a également conclu le 19 juillet 2024 que l'occupation du Territoire palestinien était illégale en soi, et qu'Israël avait le devoir d'y mettre fin.
Financer, soutenir ou légitimer un État en train de commettre un génocide pourrait engager la responsabilité pénale de sociétés et associations ou de leurs dirigeant·es en vertu de l'article VI de la Convention sur le génocide. L'UEFA a donc l'obligation de couper les relations qui contribuent au maintien de cette situation illégale.
L'exclusion des clubs et joueur·euses d'un pays n'aurait rien d'inédit. L'UEFA avait déjà exclu l'Afrique du Sud pour son apartheid, l'ex-Yougoslavie, et plus récemment la Russie, 4 jours après l'invasion de l'Ukraine. Pourtant, Israël échappe à toute responsabilité.
Complaisance du Comité exécutif
On pourrait penser qu'un juriste comme le président du Comité exécutif, Aleksander Čeferin, serait sensible aux innombrables appels au respect du droit international. Tout en serrant la main de dirigeants du monde entier, Čeferin se permet d'être sceptique quant à la portée politique du football. À propos de l'exclusion d'Israël, il a déclaré : « Je ne suis pas partisan d'interdire les athlètes. Que peut faire un athlète pour influencer son gouvernement et arrêter la guerre ? L'exclusion de la Russie a-t-elle arrêté la guerre ? Non. » Un commentaire d'autant plus déplacé l'année même où a été créé le club mentionné plus haut, exclusivement composé de soldat·es menant précisément cette guerre génocidaire.
L'Association israélienne de football, qui a créé le club, est présidée par Moshe Zuares, récemment élu membre du Comité exécutif de l'UEFA. Une élection particulièrement opportune pour l'IFA, qui a déclaré aux médias israéliens « travailler sur tous les fronts » pour empêcher le vote sur l'exclusion. Zuares est également directeur général de Computer C-Data Ltd, une société privée de technologie qui collabore avec plusieurs des fournisseurs de services militaires les plus impliqués dans la répression et le génocide : Thales, HP, Acer et Dell.
Agir dès aujourd'hui !
Chacun·e peut contacter sa fédération de football, inonder leurs boîtes mail, les interpeller sur les réseaux sociaux, demander aux athlètes de s'exprimer et continuer de perturber les matchs. Le monde est fatigué de cette impunité, soyons déterminé·es à agir sur tous les fronts, jusqu'à la libération de la Palestine ! «
Source : europalestine.com
