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Soldats de l'armée britannique. [Photo d'illustration]
Une enquête parlementaire kényane a dénoncé le manque de transparence et de responsabilité de la BATUK, évoquant des allégations de mauvaise conduite, d'agressions et d'abus sexuels sur fond de «mépris institutionnel de l'autorité du Parlement et, par extension, de la souveraineté du peuple kényan».
Des parlementaires kényans ont accusé des soldats britanniques de meurtres, d'agressions sexuelles, de torture et d'outrage au tribunal dans le cadre d'une enquête de deux ans sur des crimes présumés commis par l'armée britannique dans ce pays d'Afrique de l'Est.
Un rapport d'une commission parlementaire sur la conduite des troupes de l'Unité d'entraînement de l'armée britannique au Kenya (BATUK), daté du 25 novembre dernier, mais qui n'a été publié sur le site du Parlement kényan que le 2 décembre, a mis en évidence plusieurs cas de violations des droits humains, notamment des cas de harcèlement, de détention illégale et d'expulsions forcées de populations locales près de Nanyuki, une localité qui accueille la base des troupes de la BATUK.
« L'enquête [...] a révélé une tendance inquiétante à des comportements sexuels répréhensibles de la part du personnel de la BATUK, caractérisés par des viols, des agressions et l'abandon d'enfants dont les pères étaient des soldats », a écrit la Commission parlementaire de la défense, du renseignement et des affaires étrangères.
Un meurtre non élucidé depuis une décennie
Le rapport de 94 pages remet en lumière le meurtre non élucidé d'Agnes Wanjiru, 21 ans, survenu en 2012. Son corps a été retrouvé dans la fosse septique d'un hôtel plusieurs mois après qu'elle eut été vue pour la dernière fois quittant un bar de Nanyuki en compagnie de soldats britanniques. Robert James Purkiss, ancien soldat britannique recherché dans le cadre de cette affaire, a été arrêté en novembre au Royaume-Uni, plus de dix ans après les faits, et s'oppose à son extradition vers le Kenya.
Le rapport cite également des incidents remontant aux années 1990, que la commission a comparés aux injustices commises sous la domination coloniale britannique.
Refus « systématique » de comparaître devant le Parlement kényan
La commission a constaté que la BATUK avait « systématiquement » refusé de comparaître devant le Parlement, invoquant l'immunité diplomatique et ne répondant que par le biais de documents écrits non signés transmis par l'intermédiaire du ministère kényan des Affaires étrangères. Les parlementaires ont qualifié cette attitude de « mépris institutionnel de l'autorité du Parlement et, par extension, de la souveraineté du peuple kényan », et ont dénoncé le manque de transparence et de responsabilité dans les opérations de la BATUK.
La BATUK a été créée en 1964 dans le cadre de l'Accord de coopération en matière de défense (DCA) conclu après l'indépendance du Kenya entre Nairobi et Londres. Elle devait assurer la formation de l'infanterie, du génie et des médecins des bataillons britanniques déployés en rotation sur le territoire kényan.
Proposition parlementaire de modifier l'Accord de coopération en matière de défense
Le DCA fait l'objet d'un examen minutieux depuis longtemps sur fond de problèmes non résolus concernant la juridiction, la responsabilité et l'indemnisation des communautés locales qui accusent l'unité d'abus, de dommages environnementaux et de décès lors d'exercices.
Le ministère britannique de la Défense a déclaré qu'il prenait ces allégations au sérieux et qu'il examinerait tout élément de preuve soumis par les autorités kényanes.
La commission kényane a proposé de modifier l'Accord de coopération en matière de défense afin de garantir sa conformité avec les lois locales et de protéger les droits des populations locales.