
Par East Calling, le 7 décembre 2025
Avant de passer à Medvedev, voyons d'abord le premier commentaire de Dmitri Peskov, porte-parole de la présidence de la fédération de Russie :
"Bien sûr, d'un côté, cela semble très gratifiant, mais nous savons aussi ce que deviennent les beaux concepts sur le papier, et que 'l'État profond' agit tour autrement. [...]"Il faut donc surveiller de près la manière dont ce concept sera mis en œuvre".
Vice-président du Conseil de sécurité de la Fédération de Russie - Dmitri Anatolievitch Medvedev sur son compte VK :
Les Américains tentent de domestiquer une Union européenne complètement démente, pour que la bête enragée se souvienne qui est le patron. Même Musk (en réponse à l'amende infligée à X) y a contribué, en appelant de ses vœux la désintégration de l'UE. Pas mal ! Dans l'ensemble, nous sommes gagnants. Mieux vaut le pragmatisme impérialiste de Trump que la démence mondialiste de Biden.
À cet égard, la nouvelle stratégie de sécurité nationale concoctée par l'administration actuelle de la Maison Blanche sort du lot. Elle a le mérite d'évaluer de manière réaliste de nombreux défis contemporains. Mais attention, la portée d'une telle stratégie ne doit pas non plus être surestimée. Ce ne sont pour l'instant que des déclarations politiques. Ce qui compte, c'est ce qu'ils ont en tête. Et pas seulement dans l'esprit des pontes inconséquents de Washington, mais aussi dans celui du fameux "État profond". Et cependant...
1. Cette fois, un document très intéressant a émergé des arcanes de la Maison Blanche, et c'est bien plus qu'un énième ramassis de formules diplomatiques américaines prétentieuses. C'est la tentative de faire virer de bord un énorme paquebot qui file depuis longtemps sur son erre, et amorce un changement de cap. Pour la première fois depuis tant d'années, Washington parle ouvertement de la nécessité de rétablir la "stabilité stratégique" en Eurasie et d'améliorer les relations avec la Russie.
On est loin du baratin de la cupide Nuland qui, sous Biden, a entamé une croisade contre Moscou. La superpuissance d'outre-mer commence à comprendre que jouer seul au super-héros peut coûter très (trop) cher. Ce qui nuit indubitablement aux intérêts propres.
Pour nous, un créneau se profile pour une diplomatie plus ou moins courtoise. Il ne s'agit pas de nous embrasser gentiment, mais de donner un signal suffisamment clair : les États-Unis sont prêts à discuter du concept de sécurité, et pas seulement à imposer des sanctions inutiles, incessantes et surtout dénuées de sens (même si les nouvelles restrictions sur le pétrole russe signifient la poursuite de la politique actuelle).
2. Washington admet que le monde entier ne repose plus uniquement sur les épaules des États-Unis.
Le ciel est s'est fait trop lourd pour un pays qui s'est si orgueilleusement présenté comme Atlas. Il se cherche désormais des partenaires capables de partager ce lourd fardeau.
Et inévitablement, la Russie figure parmi les rares pays ayant une réelle influence sur la sécurité européenne.
Pour la première fois depuis de nombreuses années, notre pays n'est pas qualifié de "menace" dans un document américain, mais de partenaire de dialogue sur la stabilité.
Notons qu'il est aussi question de mettre un terme à l'expansion de l'OTAN, et que l'Ukraine est absente du contexte. Cette stratégie fait étonnamment écho à ce que nous affirmons depuis des années : la sécurité doit être partagée et la souveraineté des États respectée. La Russie propose depuis longtemps de conclure des accords plutôt qu'imposer agressivement un ordre mondial fondé sur des règles qui ne sont même pas consacrées par le droit international. Aujourd'hui, le dialogue a enfin une chance d'aboutir.
3. Les États-Unis proposent à une Europe inepte, bouffie de parasitisme, de prendre plus d'indépendance en matière de défense. Pour la Russie, le signal est double. D'un côté, les Européens risquent de renforcer agressivement leurs capacités militaires, ce qui va totalement désintégrer leurs économies et les contraindre à instaurer des régimes à la limite de la dictature. L'Europe a déjà vécu une expérience aussi tragique : Hitler lui-même est arrivé au pouvoir à coups de slogans militaristes virulents.
D'un autre côté, le relâchement des injections financières illimitées des États-Unis crée l'occasion de réduire les tensions sur le continent eurasien et d'engager des négociations. La Russie est tout simplement un acteur mondial majeur, et une coopération constructive est plus avantageuse pour tous, comme ce fut le cas pendant des lustres avant la crise ukrainienne.
4. Je rappelle que la stratégie proposée par les États-Unis est une déclaration politique et certainement pas, pour reprendre les mots de notre cher Lénine, "une modification de toutes nos conceptions du socialisme". Les désaccords sont criants entre élites européennes et États-Unis, et les mentalités sont tenaces.
La Russie ne se contentera pas de belles paroles, elle se penchera sur les mesures concrètes.
Peut-on espérer parvenir à un accord ? Les États-Unis et l'UE sont-ils prêts à parler sécurité sans poser d'ultimatums ? À garantir non pas la sécurité d'une entité 404 moribonde, mais celle de l'Europe tout entière ?
La stratégie ne répond pas à cette question. Comme on dit, demain est un autre jour. D'autant que l'arrivée d'un autre Biden rageux à la Maison Blanche sonnerait vite le glas du pragmatisme des grandes puissances dont l'équipe MAGA actuelle se montre capable.
Traduit par Spirit of Free Speech ★ Suivez EastCalling sur Telegram