08/12/2025 ssofidelis.substack.com  8min #298411

Les propagandistes ukrainiens travaillent d'arrache-pied au déni de la réalité

Elina Ribakova

Par  Larry C. Johnson, le 8 décembre 2025

Alors que le potentiel militaire de l'Ukraine à combattre la Russie sur le champ de bataille n'a cessé de décliner, que font l'Ukraine et ses alliés de l'OTAN ? Ils multiplient la propagande destinée à convaincre les Américains et les Européens crédules qu'il faut que l'Occident maintienne son soutien économique et militaire à l'Ukraine, car l'économie russe serait en train de péricliter.

Samedi,  le Financial Times a publié un article grotesque, basé sur une interview d'Elina Ribakova, économiste et directrice du GeoEconomics Center de l'Atlantic Council, fervente propagandiste ukrainienne. Voici les points clés de l'article :

Croissance et surchauffe

"L'économie russe reste l'une des plus grandes surprises de la guerre en Ukraine. Malgré les sanctions occidentales les plus drastiques de l'histoire, elle a enregistré une croissance de plus de 4 % en 2023 et 2024, surpassant la plupart des pays du G7. Mais aujourd'hui, cette croissance s'essouffle. Au troisième trimestre, le PIB n'a augmenté que de 0,6 % par rapport à l'année précédente, marquant un net recul par rapport aux taux à deux chiffres observés plus tôt cette année. Les investissements ont chuté pour la première fois en cinq ans, et la banque centrale met en garde contre un 'boom classique' qui pourrait évoluer en récession.

"Les colossales dépenses de guerre de la Russie ont dopé les finances publiques. Les dépenses de défense devraient atteindre 10,8 % du PIB cette année, contre 4,1 % en 2021. Ce 'keynésianisme militaire' a stimulé la production des industries de la défense, du bâtiment et de l'industrie manufacturière, tandis que les dépenses des ménages ont été préservées grâce aux augmentations de salaire des militaires et de leurs familles.

"Mais le dispositif est en surchauffe. L'inflation a atteint les deux chiffres en début d'année, poussant la banque centrale à relever ses taux à 21 % en octobre, soit le niveau le plus élevé depuis la fin de l'ère soviétique. Même après les récentes baisses à 16,5 %, les coûts d'emprunt asphyxient les investissements : les placements en capital fixe ont chuté de 3,1 % au troisième trimestre, soit le premier recul depuis le début de la pandémie".

Poutine et son staff économique se souviennent encore de l'effondrement économique des années 1990 qui a ravagé le peuple russe. Deux épisodes d'hyperinflation, des suicides, une espérance de vie des hommes russes en chute libre et une criminalité généralisée. Le Financial Times reproche à la Russie de prendre des mesures pour freiner l'inflation et éviter la catastrophe qui a décimé le pays dans les années 1990. Grâce à la décision de la présidente de la Banque centrale russe, Elvira Nabiullina, de relever les taux d'intérêt à partir d'octobre 2024 - une mesure pleinement soutenue par le président Poutine -, la spirale inflationniste a été maîtrisée. Si cette mesure a entraîné un ralentissement significatif de l'économie russe, la vie quotidienne des Russes s'est améliorée, avec de nombreux emplois, des commerces bien approvisionnés et une qualité de vie en hausse.

Des sanctions efficaces et des recettes en baisse ?

"Les sanctions occidentales commencent enfin à porter leurs fruits. Le 14è volet des sanctions de l'UE, entré en vigueur en décembre 2024, a interdit la réexportation de produits raffinés russes via des pays tiers et ciblé la flotte fantôme de pétroliers contournant le plafonnement des prix fixé par le G7. Les recettes pétrolières de la Russie ont baissé de 25 % par rapport à l'année précédente, le brut de l'Oural s'est négocié avec une décote de 20 dollars par rapport au Brent.

"Les interdictions d'exportation de diesel et d'essence, imposées en septembre pour sécuriser l'approvisionnement intérieur, ont mis les raffineries à l'arrêt et alimenté le marché noir. Les frappes de drones ukrainiens ont endommagé 16 des 38 raffineries russes depuis le mois d'août, réduisant la production de 15 %".

C'est tout simplement mensonger. Même Scott Bennett, le secrétaire américain au Trésor, un fidèle adepte de nouvelles sanctions contre l'économie russe, a reconnu lors d'une interview accordée à NBC News en novembre que la 19è batterie de sanctions imposée par l'Europe à la Russie est un échec. "Devoir imposer 19 trains de sanctions est bien une preuve d'échec". Ce qui ne signifie pas pour autant que Bennett a conscience de l'inefficacité des sanctions américaines. Il maintient que les États-Unis sont encore en mesure de contraindre Poutine à obéir à Trump. Une absurdité après l'autre.

Pénurie de main-d'œuvre et crise démographique

"La main-d'œuvre russe fond comme neige au soleil. La guerre a fait des centaines de milliers de victimes, provoqué une émigration massive (plus d'un million de personnes depuis 2022) et mobilisé 500 000 hommes. Le taux de chômage est historiquement bas, à 2,3 %, mais ce chiffre camoufle une pénurie aiguë : 2,6 millions de postes sont vacants dans le seul secteur manufacturier.

"L'inflation salariale est galopante - elle a augmenté de 20 % par rapport à l'année précédente -, les usines rivalisant de primes pour recruter des salariés. Les femmes intègrent des domaines traditionnellement masculins, comme la soudure, mais la productivité est en berne".

Avez-vous déjà entendu un économiste tenir de telles inepties ? Selon le FT, le chômage à un "niveau historiquement bas" serait donc négatif ? Les Russes se souviennent de ce qui s'est passé il y a 35 ans, lorsque les diplômés et les ouvriers d'usine ne trouvaient pas d'emploi. Beaucoup de femmes, et quelques hommes, se sont alors tournés vers la prostitution pour nourrir leur famille. Mieux vaut abondance d'opportunités d'emploi que pas d'espoir du tout. Et que dire des salaires en hausse ? Les gens gagnent plus d'argent et ont les moyens d'absorber la hausse des prix induite par l'inflation, et ce serait une mauvaise nouvelle ? Les économistes comme les généraux ukrainiens sont-ils donc tous aussi incompétents ?

La Banque centrale sur la corde raide et les perspectives pour 2026

"La Banque de Russie est confrontée à un dilemme : doit-elle assouplir les taux pour stimuler l'investissement ou les maintenir pour maîtriser l'inflation, qui se maintient à 6,5 % mais présente des risques à la hausse avec l'augmentation de la TVA ? En puisant dans les réserves, la gouverneure Elvira Nabiullina a gagné du temps, mais les actifs du Fonds national de richesse ont chuté de 50 % depuis 2022.

"Les prévisions pour 2026 oscillent entre une croissance officiellement prévue à 0,5 % et une contraction selon les analystes indépendants. La stagflation menace si les dépenses militaires ne reculent pas".

En juin 2025, le président russe Vladimir Poutine a annoncé, lors d'une conférence de presse à Minsk, en Biélorussie, à l'issue du sommet de l'Union économique eurasienne (UEE), son intention de réduire les dépenses militaires à partir de 2026. Il a déclaré que la Russie prévoit de réduire ses dépenses de défense au cours des trois prochaines années (2026-2028), alors que l'OTAN annonce son intention d'augmenter les siennes à 5 % du PIB.

La Russie devance largement les grandes puissances industrielles pour ce qui est du ratio dette/PIB. Ces dernières comprennent les pays du G7 (États-Unis, Japon, Allemagne, Royaume-Uni, France, Italie et Canada), mais aussi les principaux géants industriels émergents, comme la Chine, la Corée du Sud, l'Inde et la Russie (en raison de l'importance du secteur de l'industrie lourde et de la transformation des ressources). Selon les dernières données du rapport "Perspectives économiques mondiales" du FMI d'octobre 2025, recoupées avec les analyses de Visual Capitalist et de World Population Review, la Russie affiche le ratio dette publique brute/PIB le plus bas de ces pays, à 23,1 %. Ce chiffre reflète la prudence budgétaire de la "forteresse Russie" (faibles emprunts, réserves considérables et revenus pétroliers), malgré les coûts de la guerre (dépenses de défense représentant environ 6 à 8 % du PIB). D'autres sources, comme le World Economics PPP-adjusted, le classent même à un niveau encore plus bas, à 18,3 %.

Conclusion

"Alors que la guerre se prolonge, la résilience économique de la Russie vacille. Ce qui ressemblait à un boom en temps de guerre se mue en un réajustement douloureux, les civils étant les premiers touchés par le rationnement et la flambée des prix. Pour l'Occident, ce constat rappelle que les sanctions sont un processus lent, mais qu'elles peuvent éroder même les économies les plus riches en ressources. Ribakova met en garde : 'Cette situation est intenable. La question est de savoir jusqu'à quel point la situation peut se détériorer avant que Poutine ne cède'".

Des conneries à n'en plus finir. Il n'y a pas de rationnement en Russie... J'y suis allé quatre fois cette année et je n'ai jamais constaté de restrictions ou de pénuries. Si les prix ont augmenté, les salaires russes aussi, comme le reconnaît la source ukrainienne de l'article du FT. L'économie russe n'est pas parfaite, mais ses dirigeants agissent avec calme et efficacité pour juguler l'inflation, réduire les dépenses militaires et renforcer les liens économiques avec la Chine, l'Inde et le reste du monde émergent.

Ce dimanche 7 décembre, les Ukrainiens ont publié un article encore plus extravagant, intitulé " Chaos total en Russie : des milliers de camions bloqués alors que la crise du carburant frappe les grandes villes". Voici l'argument de choc :

"Les files de camions de plusieurs kilomètres de long sur les principales autoroutes russes ne sont pas fortuites, mais le reflet d'une catastrophe auto-infligée et autodestructrice créée par le Kremlin. La limitation à 200 litres de diesel imposée par Poutine pour approvisionner l'armée a paralysé les infrastructures logistiques du pays et l'a plongé dans une impasse stratégique : le Zugzwang".

Cette affirmation n'est rien d'autre qu'un nouvel exemple de propagande désespérée pour persuader Donald Trump que l'Ukraine a encore une chance de l'emporter, à condition que l'Occident débloque davantage de fonds et de munitions.

L'Ukraine n'a aucune chance.

Ce qui me rappelle cette scène du film La Cloche et l'Idiot [Dumb and Dumber, comédie américaine des frères Farrelly, sortie en 1994] :

Traduit par  Spirit of Free Speech

Voici une de mes récentes interviews avec un homme originaire d'Iran :

 ssofidelis.substack.com