
Interdiction des réseaux sociaux aux moins de 15/16 ans : Macron prépare une loi intrusive ouvrant la voie à la surveillance généralisée
Par Yoann pour le Média en 4-4-2, le 12 décembre 2025
Saisissant l'opportunité d'une anxiété collective légitime sur la santé mentale des adolescents, l'exécutif brandit un projet de loi visant à interdire l'accès aux plateformes sociales aux moins de 15 ou 16 ans. Derrière cette ambition affichée de lester les géants du numérique de nouvelles obligations, une réalité plus trouble émerge : la mise en place d'une identification systématique des utilisateurs, mineurs comme majeurs. Le noble étendard de l'enfance protégée masque mal une avancée décisive vers un contrôle étatique étendu de la vie numérique.
Un projet liberticide dissimulé dans une promesse de régulation
L'annonce présidentielle a de quoi inquiéter. Une telle interdiction nécessiterait mécaniquement une vérification préalable de l'identité et de l'âge de chaque utilisateur. L'anonymat, pierre angulaire d'une expression en ligne libre, notamment pour les lanceurs d'alerte ou les opposants, deviendrait un vestige du passé. L'objectif inavoué serait avant tout que les réseaux sociaux ne soient plus anonymes. Cette exigence de "preuve" ouvrirait la porte à des technologies de vérification d'identité intrusives, transformant chaque connexion en un acte administratif surveillé.
Le précédent australien, laboratoire glaçant de la surveillance de masse
L'Australie offre un sinistre avant-goût de ce futur. Le gouvernement d'Anthony Albanese vient d'imposer aux plateformes, sous menace d'amendes exorbitantes, de filtrer drastiquement l'accès des mineurs. Pour ce faire, les entreprises sont sommées de déployer des systèmes "robustes" de vérification d'âge, reposant massivement sur des technologies biométriques : reconnaissance faciale, analyse des traits ou même du comportement gestuel par intelligence artificielle.
Des sociétés comme Yoti proposent déjà des solutions fondées sur l'analyse d'un selfie. Si elles promettent de ne pas conserver les données, les tests révèlent des contournements possibles et des failles intrinsèques. L'ONG Electronic Frontier Foundation alerte sur les risques de biais discriminatoires, de collecte dévoyée et de sécurisation défaillante de données sensibles. Surtout, cette logique de contrôle, présentée comme ciblée, s'applique en réalité à l'ensemble de la population, majeurs inclus. Elle normalise une surveillance généralisée et offre aux autorités un accès potentiel aux comptes privés, sous couvert de conformité. Ce "laboratoire" australien illustre avec une clarté brutale comment une mesure présentée comme protectrice devient le vecteur d'une intrusion étatique généralisée.
Le cœur du problème : l'instauration rampante d'un identifiant biométrique universel
L'enjeu dépasse donc largement la régulation des écrans juvéniles. Il s'agit de l'introduction insidieuse, par la petite porte, d'une obligation d'identification biométrique pour exercer un droit fondamental : celui de s'exprimer et de communiquer en ligne. La fin de l'anonymat signerait l'asphyxie de la parole dissidente et le recul des espaces de débat protégés.
Les dangers sont multiples et tangibles : pénalisation des lanceurs d'alerte et des minorités politiques, mise en place d'une surveillance de masse propice à la répression, renforcement des biais algorithmiques, et vulnérabilité accrue face aux cyberattaques. La perspective est celle d'une extension progressive du contrôle : après les réseaux sociaux, demain les forums, les sites d'information, puis l'ensemble de l'espace numérique ? En France, où les débats sur la reconnaissance faciale s'étaient intensifiés à la faveur des Jeux Olympiques, ce projet pourrait précipiter l'avènement d'un passe numérique obligatoire, sapant les fondements mêmes de nos libertés publiques.
À l'heure des bilans, notre cher président semble vouloir graver dans le marbre numérique un héritage sécuritaire. Le prix à payer pour cette prétendue protection serait l'abandon d'une part essentielle de notre vie privée et de notre liberté d'expression. Refusons que le modèle australien, dystopique, devienne la norme française. La défense de la démocratie à l'ère numérique commence par le refus de ce troc insidieux.