Ce jeudi 11 décembre 2025, un groupe de plusieurs centaines d'agriculteurs et de citoyens ont créé un barrage près de la ferme de Mouriscou dans l'Ariège (commune des Bordes-sur-Arize) pour s'opposer à l'abattage forcé de 208 vaches, dont une seule a été diagnostiquée comme étant atteinte de dermatose nodulaire contagieuse (DNC). Nos confrères de Tocsin ont fait plusieurs émissions tout au long de la journée pour suivre en direct l'évolution des événements par le biais de personnes se trouvant sur place.
Un arsenal disproportionné face aux opposants
Pour forcer le barrage, installé très tôt le matin, la Préfecture de l'Ariège a déployé des moyens impressionnants, pour ne pas dire disproportionnés. Même s'il est difficile d'avoir des chiffres exacts, il semblerait qu'une quinzaine de véhicules blindés de la gendarmerie nationale (dont des Centaures), plusieurs cars de CRS, ainsi qu'un hélicoptère étaient mobilisés. Le préfet avait déclaré qu'il n'y aurait aucune négociation possible.
L'après-midi a été plutôt calme, mais la situation s'est tendue en soirée, alors que les forces de l'ordre se rapprochaient de la ferme. Nous vous proposons de visionner l'avant-dernier direct de Tocsin, diffusé en début de soirée, après que les opposants aient subi des tirs de grenades lacrymogènes.
Durant ce direct, un tir tendu de LBD a eu lieu à 25 mètres des manifestants, touchant une personne au niveau du fessier. L'ancien policier Alexandre Langlois, présent dans le studio de Tocsin, a rappelé que les tirs tendus de LBD, qui peuvent engendrer de graves dommages corporels, ne sont normalement autorisés qu'en cas de défense et non pour l'attaque. Or, les images filmées en direct montraient des manifestants calmes et pacifistes.
Manipulation de l'information
Quelques instants plus tard, Alexandre Langlois a lu un communiqué du préfet de l'Ariège qui venait d'être diffusé. Celui-ci indiquait que les forces de l'ordre subissaient des jets de projectiles et de cocktails Molotov, ce que les images du direct contredisaient totalement.
Au cours de la soirée, les manifestants ont au contraire tenté d'ouvrir le dialogue avec les forces de l'ordre en leur disant qu'ils étaient dans le même camp. «Vous faites crever le monde agricole, alors qu'on est frères», a notamment essayé de leur faire comprendre Pierre-Guillaume Mercadal, un éleveur de cochons laineux du Tarn-et-Garonne, venu soutenir ses collègues de l'Ariège. «Si on perd la souveraineté alimentaire, on est fini, vous le savez. (...) Et après, ils vont vous liquider vous, ils vous remplaceront par une police d'État européenne comme ils ont fait aux États-Unis, vous le savez très bien. Je n'ai pas de haine envers vous, mais vous vous rendez complices, les gars (...)».
Après plusieurs minutes de dialogue dans le vide, les manifestants ont fini par poser un genou à terre devant le premier rang des forces de l'ordre. Petit miracle: un gendarme mobile, puis six à huit autres (selon les sources) ont fini par relever leurs casques et déposer leurs boucliers. Mais les autres sont restés imperturbables. Et l'assaut final a été déclenché quasiment dans la foulée.
L'un des éleveurs a fini par céder
Pendant ce temps, les deux frères associés dans le GAEC étaient en train de se déchirer, l'un préférant céder face aux pressions et l'autre refusant de le faire. Le dernier direct de Tocsin confirmera cette information, soulignant que le frère prêt à céder est celui qui était majoritaire dans l'entreprise. Les manifestants ont donc choisi de renoncer à leur action, afin de ne pas envenimer davantage cette situation familiale très douloureuse.
Les 208 vaches, déjà complètement gazées lors de l'assaut des forces de l'ordre, ont donc été abattues ce vendredi 12 décembre au matin, laissant une famille, de nombreux paysans et de nombreux citoyens en deuil.
D'après les informations de terrain récupérées par la journaliste Alice Popieul, qui a enquêté sur le sujet de la DNC pour le magazine Nexus , quelques 3 000 bovins auraient ainsi été abattus en France entre la fin juin et la mi-novembre 2025.
Nous vous proposons également de visionner le témoignage poignant de l'agricultrice Kyria Gay, présente ce jeudi à la ferme de Mouriscou.
Nous reviendrons dans un prochain article sur la politique sanitaire aberrante mise en place par le gouvernement français concernant la dermatose nodulaire bovine.


