
© X / MoD Somalia
Ahmed Moallim Fiqi, ministre de la Défense somalien
Le ministre somalien de la Défense a dénoncé les propos du président américain qualifiant l'État africain de «sale, immonde, répugnant et rongé par le crime», et a défendu la «résilience face à l'adversité» du peuple somalien.
La Somalie a officiellement réagi aux déclarations du président américain, qui a qualifié le pays de « sale, immonde, répugnant et rongé par le crime » lors d'un rassemblement politique en Pennsylvanie, le 9 décembre.
Dans un message adressé à l'agence Reuters, le ministre somalien de la Défense, Ahmed Moallim Fiqi, a appelé Donald Trump à se concentrer sur les promesses faites au peuple américain plutôt que de multiplier les insultes à l'égard d'un État souverain.
Trump préfère des migrants norvégiens à des migrants somaliens
Trump devait initialement aborder la situation économique, mais son discours a viré à une violente diatribe dénonçant l'immigration en provenance des pays du « tiers monde ».
Le président américain a relancé une rhétorique anti-immigration déjà utilisée lors de son premier mandat, affirmant que les États-Unis n'avaient pas vocation à accueillir des migrants issus de « pays de m*rde » comme la Somalie, « des endroits qui sont un désastre », a-t-il lancé.
« La seule chose qu'ils savent faire, c'est la chasse aux navires », a-t-il ajouté, faisant manifestement référence à la piraterie qui sévit au large des côtes somaliennes. « Pourquoi ne pourrions-nous pas avoir des gens de Norvège, de Suède ? », a demandé Trump à la foule présente au rassemblement.
Les Somaliens, un peuple connu pour sa « résilience face à l'adversité »
Dans sa réponse à Trump, le ministre somalien de la Défense a déclaré que les Somaliens n'accepteraient pas d'être dénigrés. Tout en exprimant sa gratitude pour le soutien militaire américain contre les groupes liés à Al-Qaïda en Somalie, il a souligné son rejet de la représentation des Somaliens véhiculée par le président américain.
Le peuple somalien est connu dans le monde entier pour son travail acharné, a-t-il affirmé. « Il est réputé pour sa résilience face à l'adversité. Il a dû faire face à des épreuves et à de nombreux ennemis, notamment ceux qui nient son existence, le tuent, l'humilient et l'insultent. »
Attaques répétées contre les Somaliens et l'élue démocrate Ilhan Omar
Au cours des dernières semaines, les attaques de Donald Trump contre la communauté somalienne-américaine se sont intensifiées, notamment au Minnesota, qui abrite la plus importante diaspora somalienne des États-Unis. Ces propos ont fait suite à la fusillade qui a coûté la vie à deux soldats de la Garde nationale près de la Maison Blanche le mois dernier. Le fait qu'un ressortissant afghan ait été inculpé pour ce meurtre n'a pas empêché le président américain d'affirmer que des « bandes » de réfugiés somaliens terrorisaient la population de cet « État autrefois prospère », où des milliards de dollars seraient détournés.
La semaine dernière, Donald Trump a qualifié les Somaliens, ainsi que l'élue démocrate Ilhan Omar, de « déchets », les exhortant à retourner dans leur pays d'origine, au motif qu'ils « n'apportent rien » à la société américaine.
Ilhan Omar, qui représente le 5ᵉ district du Minnesota et appartient au « Squad », groupe de démocrates progressistes régulièrement en conflit avec les républicains, a dénoncé la rhétorique de Trump comme une « obsession malsaine » à son encontre. S'exprimant le 10 décembre sur les ondes de la radio de l'American University, elle a affirmé que les Somaliens continuaient de faire preuve de résilience, de prospérer et de rester reconnaissants des opportunités offertes aux États-Unis.
Des manifestations à Mogadiscio contre les insultes de Trump
Plusieurs dizaines de jeunes Somaliens sont descendus dans les rues de la capitale, Mogadiscio, le 12 décembre, pour dénoncer les propos racistes du président américain et brandir des banderoles à l'effigie d'Ilhan Omar. Cité par Africanews, le manifestant Ridwan Mohamud a déclaré : « Nous sommes dans la rue pour dénoncer les propos méprisants de Trump. Nous ne sommes pas des ordures, c'est lui qui l'est. Après ses échecs politiques, il cherche simplement à détourner l'attention ».
Un autre manifestant, Fadumo Ahmed, a affirmé : « Trump a piétiné notre dignité », ajoutant : « Nous refusons les mots qu'il nous a jetés à la figure. Nous sommes Somaliens, fiers de notre identité. »