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José Antonio Kast célèbre sa victoire au second tour de l'élection présidentielle chilienne à Santiago, le 14 décembre 2025.
Le Chili a porté au pouvoir, le 14 décembre, l'ultraconservateur José Antonio Kast à l'issue d'un second tour dominé par les thèmes de l'insécurité et de l'immigration. Une victoire nette qui ouvre la voie au gouvernement le plus à droite depuis le retour à la démocratie, tandis que le passé familial du nouveau président alimente la controverse.
José Antonio Kast a remporté, le 14 décembre, l'élection présidentielle chilienne à l'issue du second tour, obtenant plus de 58 % des suffrages, selon des résultats portant sur plus de 95 % des bulletins dépouillés. Il s'est imposé face à la candidate de gauche Jeannette Jara, ex-ministre du Travail du président sortant Gabriel Boric, qui a recueilli un peu plus de 41 % des voix.
Figure de l'ultradroite chilienne, Kast a bâti sa campagne sur des promesses de fermeté face à la criminalité, de lutte contre l'immigration irrégulière et de relance économique. Un discours qui a trouvé un écho auprès d'une partie de l'électorat, dans un pays confronté ces dernières années à une hausse de l'insécurité et à des flux migratoires croissants.
Peu après l'annonce des résultats, Jeannette Jara a reconnu sa défaite. « La démocratie s'est exprimée clairement », a-t-elle écrit sur les réseaux sociaux, confirmant avoir appelé son adversaire pour le féliciter.
À Santiago, les partisans de Kast ont célébré la victoire en klaxonnant et en scandant son nom dans les rues. Depuis le siège de sa formation politique, son porte-parole Arturo Squella a salué un succès « porteur d'une immense responsabilité ». « Nous sommes fiers du travail accompli et conscients du défi que représente la gestion des crises que traverse le Chili », a-t-il déclaré à la presse.
Un profil idéologique clivant
Catholique fervent, père de neuf enfants, José Antonio Kast s'est longtemps heurté à la réticence des électeurs modérés lors de ses précédentes candidatures. Son conservatisme moral - opposition au mariage homosexuel et à l'avortement sans exception - ainsi que les propos élogieux qu'il a tenus par le passé à l'égard de l'ancien dictateur Augusto Pinochet lui ont valu de vives critiques dans un pays devenu plus libéral sur le plan sociétal.
Sa victoire intervient dans un contexte régional marqué par une alternance politique défavorable aux gouvernements sortants, avec l'arrivée au pouvoir de dirigeants majoritairement conservateurs dans plusieurs pays d'Amérique latine.
Le passé familial au cœur de la polémique
La figure de José Antonio Kast reste également associée aux controverses entourant l'histoire de sa famille. Selon une enquête révélée par l'agence Associated Press, des documents issus des Archives fédérales allemandes attestent que son père, Michael Kast, s'est affilié au Parti national-socialiste allemand (NSDAP), le parti nazi, le 1er septembre 1942, avant même d'avoir atteint l'âge de 18 ans.
Cette révélation contredit la version longtemps défendue par le président élu, selon laquelle son père n'aurait été qu'un simple conscrit de l'armée allemande durant la Seconde Guerre mondiale. Si aucune preuve n'établit une participation de Michael Kast aux crimes nazis, des historiens rappellent que l'adhésion au parti nazi était volontaire, même si le service militaire était obligatoire.
Michael Kast a émigré au Chili en 1950, où il s'est ensuite établi dans la région de Paine et a développé une entreprise prospère dans la restauration et l'agroalimentaire. Le sujet avait déjà émergé lors de précédentes campagnes électorales et avait été publiquement évoqué par les adversaires politiques de Kast, notamment lors des débats présidentiels.