17/12/2025 ssofidelis.substack.com  4min #299237

L'entre-soi mène rarement au dialogue. L'échec diplomatique de Trump en Ukraine

Witkoff et Kushner rencontrent Zelensky et les Européens

Par  Larry Johnson, le 17 décembre 2025

Pour mettre fin à un conflit via la diplomatie et la négociation, il est essentiel que les deux parties communiquent sans intermédiaire. Le recours aux médiateurs est généralement voué à l'échec. Rappelez-vous ce sommet de paix de Charm el-Cheikh organisé par Trump. L'événement, aussi appelé "sommet de paix de Gaza" ou "sommet international de paix", était coprésidé par le président Donald Trump et le président égyptien Abdel Fattah el-Sisi. Il a réuni des représentants d'une trentaine de pays pour approuver et célébrer ce que les médias et Donald Trump ont décrit comme un accord de cessez-le-feu négocié par les États-Unis, mettant prétendument fin à la guerre de Gaza. Cependant, ni les responsables israéliens ni les responsables palestiniens n'y ont participé, et l'accord n'a en réalité fait que modérer le rythme des massacres. L'accord a certes permis la libération des otages détenus par le Hamas, mais il n'a pas mené à la création d'un État palestinien viable.

Aujourd'hui, Trump tente de réitérer ce tour de passe-passe avec les Russes et les Ukrainiens. Mais au lieu de réunir les deux adversaires dans la même pièce pour conclure un accord, l'équipe de Trump se livre à une diplomatie erratique pour le moins douteuse. Yves Smith, fondateur du site Naked Capitalism, décrit avec perspicacité et justesse les manœuvres de Trump pour conclure un accord avec la Russie et l'Ukraine. En envoyant ses émissaires rencontrer Zelensky et ses parrains européens sans la présence des Russes, Trump se livre à un exercice délirant et autocentré, occultant la supériorité militaire de la Russie sur le terrain et ses revendications territoriales.

Au cours de sa dernière série de manœuvres irresponsables, le chancelier allemand Friedrich Merz a organisé une session de négociations à Berlin qui a débuté le 14 décembre, et à laquelle ont participé le président ukrainien Volodymyr Zelensky, les envoyés américains Steve Witkoff (envoyé spécial de Trump) et Jared Kushner, ainsi que des émissaires européens du Royaume-Uni, de France, d'Italie et plus encore, sans oublier les représentants de l'OTAN et de l'UE. En théorie, ces réunions étaient censées finaliser les détails d'une proposition de paix soutenue par les États-Unis pour mettre fin à la guerre menée par la Russie en Ukraine.

Les réunions se sont poursuivies dans la soirée du 15 décembre et auraient donné lieu à des négociations approfondies entre les États-Unis et l'Ukraine sur un plan de paix révisé. L'Ukraine aurait proposé de renoncer à son ambition d'adhérer à l'OTAN en échange de solides garanties de sécurité. Bien que les responsables américains aient fait état de "progrès significatifs" (résolution d'environ 90 % des questions), y compris de garanties de sécurité "de type article 5" sans déploiement de troupes américaines, Zelensky a clairement laissé entendre, dans des déclarations publiques ultérieures, que l'Ukraine ne céderait pas un pouce de son territoire à la Russie.

Les perspectives d'une proposition viable acceptable pour la Russie se sont évaporées dans la soirée du 15 décembre, lorsque les dirigeants européens pro-guerre ont approuvé une "force multinationale" (une force de "maintien de la paix" dirigée par l'Europe), des garanties juridiquement contraignantes pour défendre l'Ukraine contre de futures attaques, un soutien du renseignement et de la logistique, ainsi qu'une aide à la reprise économique (incluant l'utilisation des avoirs russes gelés). Pour la Russie, ces propositions sont rédhibitoires.

Bien que Zelensky ait qualifié les échanges de "productifs", avec des accords sur la sécurité, la supervision du cessez-le-feu et la reconstruction en passe d'être finalisés - et qui pourraient être présentés à la Russie dans les jours à venir -, cette réunion berlinoise n'a fait que confirmer la tendance des États-Unis, de l'Ukraine et de l'Europe à négocier entre eux. Si elle est un jour présentée aux Russes, la proposition élaborée par Zelensky et ses facilitateurs européens est d'emblée vouée à l'échec.

Les conditions de la Russie sont en effet claires et non négociables : retrait de l'ensemble des forces ukrainiennes de Kherson, Zaporijia, Donetsk et Louhansk, renoncement à l'adhésion à l'OTAN et organisation de nouvelles élections en Ukraine. Si la Russie souhaite un véritable accord de paix avec l'Occident, en particulier avec les États-Unis, elle devra veiller à ce qu'un traité soit ratifié par le Sénat américain. Sinon, l'accord n'aura aucun poids auprès des politiciens américains, encore convaincus que la Russie demeure un ennemi implacable.

J'ai réalisé une interview de Danny Davis la semaine dernière pour ma chaîne Counter Currents, que vous trouverez sans doute très instructive.

Traduit par  Spirit of Free Speech

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J'ai également échangé aujourd'hui avec deux de mes amis : le Suédois Hakan Bergmark et le Brésilien Marcello, qui vit en Italie.

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