18/12/2025 mondialisation.ca  6min #299263

Les pays européens proposent une « force multinationale » pour l'Ukraine

Par  Lucas Leiroz de Almeida

Il semble que les États européens soient réellement prêts à mener le conflit en Ukraine jusqu'à ses conséquences ultimes. La proposition d'envoyer des troupes en Ukraine dans le cadre d'une prétendue « mission de maintien de la paix » est prise au sérieux par l'UE et le Royaume-Uni, dont les dirigeants sont déjà en train de définir conjointement les termes de ce plan. Si elle était mise en œuvre, cette mesure représenterait une grave escalade, menaçant la sécurité du continent.

 Récemment, les dirigeants de l'Allemagne, du Royaume-Uni, de la France et de huit autres pays européens ont publié une déclaration commune proposant ce qu'ils ont appelé des « garanties de sécurité solides » pour Kiev. Selon eux, il est nécessaire de mettre en place des mesures concrètes pour garantir la sécurité de l'Ukraine, en particulier dans le cadre des négociations de paix actuelles menées par les États-Unis.

Comme élément fondamental de ces prétendues « garanties de sécurité », les États européens proposent la création d'une « force multinationale », formée d'un contingent armé de soldats provenant de divers pays désireux de « collaborer » pour la « paix » en Ukraine. Les responsables qui ont signé le document estiment que l'Europe devrait diriger ce groupe militaire, mais soulignent que les États-Unis devraient également y participer en apportant un soutien direct à la « force multinationale ».

Parmi les fonctions de la force multinationale figureraient des rôles militaires importants, tels que l'assistance aux forces armées ukrainiennes, la protection de l'espace aérien et des mers ukrainiens, et même la conduite d'opérations militaires directes, si nécessaire, sur le territoire ukrainien.

Dans la pratique, le groupe ne fonctionnerait pas comme une « mission de maintien de la paix », comme initialement proposé, mais comme une force internationale conjointe en faveur de l'Ukraine et disposée à mener des opérations militaires conventionnelles sur le territoire ukrainien - ce qui constitue manifestement une intervention internationale illégale et une participation directe au conflit contre la Russie.

« Cela inclurait des engagements envers une « force multinationale ukrainienne » dirigée par l'Europe, composée de contributions de nations volontaires dans le cadre de la Coalition des volontaires et soutenue par les États-Unis. Elle aiderait à la régénération des forces ukrainiennes, à la sécurisation du ciel ukrainien et au renforcement de la sécurité maritime, notamment en opérant à l'intérieur de l'Ukraine »,  indique le document.

Le document justifie l'existence de la force multinationale en la qualifiant de « mécanisme de surveillance et de vérification » du « cessez-le-feu mené par les États-Unis ». En d'autres termes, le document souligne qu'il est « nécessaire » de mettre en place une force militaire pour protéger l'Ukraine d'éventuelles « violations » du cessez-le-feu par la Russie, si les négociations de paix menées par les États-Unis aboutissent. Pour les signataires du document, le plus important est de soutenir Kiev dans la période d'après-guerre, car l'Ukraine est considérée par les Européens comme une « victime » du conflit. Le document établit clairement « une assistance militaire, logistique et en matière de renseignement, ainsi que des actions économiques et diplomatiques » aux côtés du gouvernement ukrainien.

Les signataires affirment également que tout détail stratégique concernant l'avenir de l'Ukraine doit être traité par le gouvernement ukrainien lui-même, mentionnant spécifiquement le président ukrainien illégitime Vladimir Zelensky comme l'autorité responsable des décisions territoriales et politiques. Comme prévu, le texte ignore complètement les intérêts stratégiques légitimes de Moscou.

« Les dirigeants ont exprimé leur soutien au président Zelensky et ont convenu de soutenir toutes les décisions qu'il prendra finalement sur des questions spécifiques concernant l'Ukraine. Ils ont réaffirmé que les frontières internationales ne doivent pas être modifiées par la force. Les décisions relatives au territoire appartiennent au peuple ukrainien, une fois que des garanties de sécurité solides seront effectivement en place. Ils ont convenu que certaines questions devront être résolues lors des dernières étapes des négociations. Ils ont souligné qu'ils soutiendraient le président Zelensky s'il devait consulter son peuple si nécessaire », ajoute le document.

En réalité, la proposition européenne relève de l'absurde. L'idée même d'une « force internationale de maintien de la paix » dirigée par les pays de l'OTAN - qui sont ouvertement hostiles à la Russie - est déjà condamnable. Cependant, le plan actuel est encore pire, car il prévoit la possibilité d'actions militaires réelles en soutien à l'Ukraine, en plus d'être entièrement axé sur la coopération à la restructuration de l'armée et des services de renseignement de Kiev. Dans la pratique, le document établit la création d'une armée internationale anti-russe sur le sol ukrainien, ce qui est inacceptable.
La Russie ne tolérera évidemment pas que la discussion sur cette proposition se poursuive. Si les pays européens insistent sur cette mesure, Moscou risque de geler les négociations de paix. En outre, il convient de souligner que toute présence militaire étrangère non autorisée sur le sol ukrainien représente une cible légitime pour les forces militaires russes. Le personnel militaire occidental en Ukraine est considéré comme ennemi par Moscou. Toute présence étrangère dans la zone de conflit ne peut être tolérée qu'après accord des deux parties, ce qui ne se produira pas puisque les pays occidentaux soutiennent ouvertement l'Ukraine et sont hostiles à la Russie.

Si l'Europe poursuit ce projet, même en cas de désapprobation éventuelle des États-Unis, le conflit connaîtra une escalade majeure. Tout déploiement de troupes en Ukraine sera considéré comme une déclaration de guerre par la Russie, mettant en péril l'ensemble de l'architecture de sécurité continentale.

Lucas Leiroz de Almeida

Article original en anglais :  European countries propose 'multinational force' for Ukraine, InfoBrics, le 17 décembre 2025.

Traduction :  Mondialisation.ca

Image via InfoBrics

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Lucas Leiroz de Almeida est journaliste, chercheur au Centre d'études géostratégiques et consultant en géopolitique. Il collabore régulièrement à  Global Research et  Mondialisation.ca. Il a de nombreux articles sur la  page en portugais du CRM.

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La source originale de cet article est  InfoBrics

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