
par Al-Manar
Cette semaine, le chef d'état-major de l'armée d'occupation israélienne, Eyal Zamir, a adressé une lettre d'avertissement exceptionnelle au Premier ministre Benjamin Netanyahou et au ministre de la Guerre Yisrael Katz, les mettant en garde contre l'aggravation de la crise des effectifs au sein de l'armée. Il a qualifié la situation de «grave» et a exigé que la législation nécessaire soit adoptée avant le 1er janvier.
Selon la chaîne israélienne Channel 12, cette lettre ne s'inscrivait pas dans le cadre d'une correspondance de routine, mais faisait suite à la démission de centaines de militaires de carrière en signe de protestation contre une loi relative à leurs conditions d'engagement.
Dans sa lettre, Zamir a écrit : «La situation actuelle est source de réel danger. Les militaires de carrière et leur motivation à poursuivre leur service sont gravement menacés». Il a appelé le Premier ministre et le ministre de la Guerre à «contribuer à la résolution de ce problème afin que nous ne perdions pas de bons soldats de carrière».
Ce message fait suite à une série de réunions tenues par le chef d'état-major avec les commandants sur le terrain, le personnel en service actif et leurs familles, dans un contexte de crise croissante au sein de l'armée, coïncidant avec une augmentation de la charge de travail.
À cela s'ajoute, selon le rapport, une campagne de délégitimation orchestrée de l'extérieur de l'institution militaire, ainsi qu'une loi exemptant certaines personnes du service militaire, ce qui complique encore davantage la situation.
Des chiffres révèlent l'ampleur de la crise
Il y a environ deux semaines, des données présentées au chef d'état-major et aux autorités politiques ont révélé l'ampleur de la crise des effectifs, qualifiée de la plus importante et de la plus grave depuis les années 1980.
Dans diverses unités, on constate une pénurie d'environ 1300 officiers, du grade de lieutenant à celui de capitaine. L'armée est incapable de combler ce manque ou de les remplacer par du personnel de même calibre. Le manque pour le seul grade de commandant atteint environ 300 officiers.
Le projet Ofek sous pression
Le projet Ofek, destiné à former les futurs officiers et commandants de réserve au sein de l'armée, connaît un net déclin. En 2021, 800 officiers ont signé un engagement de sept ans, mais après quatre ans, seuls 500 étaient encore en service, tandis que 300 ont quitté l'armée et demandé à mettre fin à leur engagement.
Le rapport indique que «ce déclin ne se limite pas aux forces régulières et de réserve, mais touche le cœur même de l'armée : les militaires de carrière».
Des sources militaires attribuent ce déclin à plusieurs facteurs, notamment la rhétorique incendiaire à l'encontre des militaires de carrière et la délégitimation de leur service, l'utilisation de termes désobligeants tels que «détourneurs de fonds publics» et «pilleurs du trésor public», la détérioration des conditions de service orchestrée par le ministère des Finances, le processus de recrutement au sein de l'armée et des indicateurs inquiétants issus d'enquêtes internes.
Des sources au sein de l'armée ont averti que «ces chiffres constituent une véritable menace pour la sécurité nationale». D'après des enquêtes internes menées auprès des militaires de carrière, la volonté de poursuivre son service parmi les sous-officiers a diminué, passant de 83% en 2018 à 63% en 2025. Chez les officiers, ce taux a chuté de 58% en 2018 à 37% en 2025.
Sur le plan personnel, 70% des militaires de carrière ont indiqué que «les exigences de leur service avaient un impact significatif sur leur famille. Une augmentation de 20% du taux de divorce a également été constatée parmi eux».
Le gouvernement israélien a approuvé 280 000 ordres de mobilisation des réservistes pour l'année à venir, dont la plupart devraient être utilisés. Par conséquent, les réservistes devraient effectuer entre 60 et 70 jours de service par an, un chiffre qui pourrait augmenter en cas de détérioration de la situation sécuritaire.
Selon les estimations militaires, lors de la constitution des forces de réserve pour l'année à venir, environ 30% du personnel de carrière et de réserve pourraient être absents, ce qui compliquera la capacité de l'armée à mener à bien ses missions.
La chaîne 12 conclut que «l'armée est actuellement engagée dans une véritable bataille de confinement» face à une crise généralisée affectant la sécurité nationale, tandis que des appels sont lancés au gouvernement pour qu'il prenne des mesures afin d'empêcher que cette situation ne s'aggrave.
source : Al-Manar