20/12/2025 reseauinternational.net  6min #299493

 France : mobilisations agricoles en Ariège contre l'abattage pour dermatose

Mercosur : sous la pression des agriculteurs, Bruxelles recule

par Raphaël Besliu

Ursula von der Leyen a annoncé ce jeudi 18 décembre aux chefs d'État des 27, à Bruxelles, le report de la signature de l'accord UE-Mercosur. Initialement prévue ce samedi à Foz do Iguaçu, celle-ci est repoussée à janvier 2026, sans date fixe. Un report surprise qui traduit la nervosité des élites bruxelloises face à une colère du terrain devenue difficile à contenir.

Après plus de 25 ans de négociations, cet accord devait ouvrir largement les marchés sud-américains aux exportations européennes - voitures, machines, vins et spiritueux - vers l'Argentine, le Brésil, le Paraguay et l'Uruguay. Mais en contrepartie, une arrivée massive de denrées sud-américaines menace de fragiliser les filières locales : viande, sucre, riz, miel ou soja à bas prix, issus d'une concurrence jugée déloyale par les producteurs européens.

La France a affiché une position ferme dans ce dossier. «Le compte n'y est pas pour signer cet accord», a répété Emmanuel Macron jeudi.

Paris juge l'accord inacceptable en l'état, se posant en rempart face à une logique technocratique accusée de sacrifier les agriculteurs au nom d'un mondialisme destructeur. Ce sursis, obtenu par la France avec le soutien de l'opposition italienne, offre un répit temporaire aux éleveurs et aux cultivateurs.

🔴 ALERTE INFO
Colère des agriculteurs: Ursula von der Leyen annonce aux 27 le report de la signature de l'accord UE-Mercosur à janvier t.co  pic.twitter.com/0gGazfJh7l

- BFM (@BFMTV)  December 18, 2025

Lula cède face à la pression de Meloni : un revers politique pour les technocrates bruxellois

C'est l'Italie qui a contribué à faire basculer la situation. Quelques heures avant l'annonce de von der Leyen, Giorgia Meloni a passé un appel décisif à Lula. La Première ministre italienne a plaidé pour un report de la signature, et le président brésilien a accepté ce délai.

Pour la Commission européenne, ainsi que pour l'Allemagne et l'Espagne, ce report constitue un revers politique majeur. Ces acteurs, qui poussaient pour une signature immédiate à Foz do Iguaçu, se heurtent à l'absence de majorité qualifiée. Sans l'aval des 27 États membres, le veto français, appuyé par l'opposition italienne, a suffi à bloquer le processus.

Von der Leyen a dû reconnaître ce blocage lors du sommet. Cet épisode marque un revers significatif pour des élites bruxelloises régulièrement accusées d'imposer une orientation mondialiste au détriment des producteurs locaux.

Giorgia Meloni l'a demandé, le Brésil l'a écouté: le président Lula va soumettre aux pays du Mercosur une demande de report de la signature de l'accord commercial avec l'UE t.co  pic.twitter.com/cOBHQFEKRI

- BFM (@BFMTV)  December 18, 2025

Les agriculteurs mobilisés à Bruxelles : manifestations massives contre les technocraties européennes

Pendant que les chefs d'État se félicitaient de ce sursis obtenu au terme de tractations tendues, les agriculteurs français, rejoints par leurs homologues européens, faisaient entendre leur colère dans les rues de Bruxelles. Dès le matin, des feux de pneus et de poubelles brûlaient autour du quartier européen, signal d'une exaspération devenue incontrôlable.

Sept mille trois cents manifestants étaient officiellement autorisés, accompagnés d'une cinquantaine de tracteurs. Ils ont rapidement été rejoints par près de neuf cent cinquante engins supplémentaires, venus bloquer les principaux axes de circulation. Un mur de métal et de détermination.

La police, massivement déployée pour protéger les institutions européennes, a fait usage de canons à eau et de gaz lacrymogènes afin de disperser les manifestants, en réponse à des jets de projectiles.

Ces affrontements rappellent que les producteurs, soumis à une concurrence jugée déloyale des importations sud-américaines, ne comptent plus sur les discours institutionnels. La mobilisation exprime une colère populaire profonde, nourrie par le sentiment d'être sacrifiés au profit d'un modèle commercial mondialisé perçu comme destructeur.

Brussels on fire. European farmers are no joke. Ursula von der Leyen must be kicked out.  pic.twitter.com/R36S2HFvZo

- RadioGenoa (@RadioGenoa)  December 18, 2025

Au cœur de cette mobilisation, les agriculteurs français cristallisent la colère du terrain. En bloquant les rues avec leurs tracteurs, ils dénoncent un accord Mercosur perçu comme dévastateur pour leurs exploitations. Fiscalité sur les intrants, réforme de la PAC jugée pénalisante et importations sud-américaines traitées avec des substances interdites en Europe : autant de facteurs qui, selon eux, les conduisent dans une impasse économique.

«C'est de la concurrence déloyale, ils vont importer des produits traités avec des choses que nous, on n'a pas le droit d'utiliser», fustigeait Florence Pellissier, 47 ans, agricultrice de grande culture en Seine-et-Marne.

De l'autre côté de la frontière, les Belges partagent la même rage. «On est là pour dire non au Mercosur, surtout parce qu'aujourd'hui Ursula veut passer en force, elle veut imposer sa loi», protestait Maxime Mabille, producteur laitier belge.

Malgré l'usage de gaz lacrymogènes et les barricades dressées autour du quartier européen, une délégation d'agriculteurs a pu rencontrer Ursula von der Leyen. Pour beaucoup, toutefois, ce sursis ne dissipe pas le sentiment de trahison : les élites bruxelloises sont accusées de continuer à sacrifier les producteurs locaux sur l'autel du mondialisme.

«Notre fin = votre faim» : le cri de détresse des agriculteurs

Les pays du Mercosur - Brésil, Argentine et leurs voisins - produisent viande, sucre ou soja à des coûts imbattables parce qu'ils ne respectent ni les normes environnementales ni les exigences sociales que l'Europe impose à ses propres agriculteurs. Cette concurrence structurellement déloyale, validée par les technocrates bruxellois, menace directement la survie de milliers d'exploitations françaises.

La réforme de la PAC accentue encore ce déséquilibre. La Commission européenne dilue des subventions pourtant vitales et organise un nivellement par le bas, au nom d'un mondialisme qui sacrifie les producteurs locaux et fragilise la souveraineté agricole.

La colère du terrain s'intensifie d'autant plus que l'État français se montre incapable de gérer la dermatose nodulaire contagieuse, une maladie qui ravage les élevages bovins tandis que Paris tergiverse et laisse les exploitations affronter seules l'épidémie.

Face à cet abandon, les éleveurs brandissent des cercueils noirs frappés du slogan «Notre fin = votre faim». Un message sans détour, qui résonne comme un avertissement adressé à des élites déconnectées. Ce report de l'accord n'est pas une victoire, mais un simple sursis : sans rempart souverain, la résistance agricole française risque de céder sous l'assaut combiné de la bureaucratie bruxelloise et de l'inaction politique.

source :  Géopolitique Profonde

 reseauinternational.net