20/12/2025 francais.rt.com  5min #299526

Dossiers Epstein : des célébrités comme Bill Clinton en photo, des centaines de pages censurées, et le silence continue

© Ministère américain de la Justice Source: AP

Cette photo montre Jeffrey Epstein avec une personne sur ses genoux, prise lors d'une perquisition à son domicile sur l'île Little Saint James, dans les îles Vierges américaines.

Ce qui devait éclairer ne fait que renforcer le doute. Les autorités américaines ont commencé à dévoiler une partie des dossiers Epstein. Mais derrière les milliers de pages, peu de réponses concrètes, beaucoup d'ombres, et des images caviardées où apparaissent des figures de premier plan. Le scandale ne faiblit pas, la vérité reste fragmentaire.

Le 19 décembre, le ministère de la Justice des États-Unis a mis en ligne une nouvelle série de documents issus des enquêtes sur Jeffrey Epstein, en application de l'Epstein Files Transparency Act,  une loi adoptée en novembre par le Congrès et signée par le président Donald Trump. Cette législation oblige l'administration à rendre publics tous les documents non classifiés liés à Epstein et à son associée, Ghislaine Maxwell.

Cette première partie comprend plus de 3 300 fichiers. Plusieurs centaines de milliers d'autres sont attendus dans les semaines à venir. Parmi les pièces dévoilées : photographies, relevés d'appels, transcriptions d'interrogatoires, documents judiciaires, notes internes et rapports du FBI. De nombreuses images ont été prises dans les résidences d'Epstein à Manhattan et sur l'île de Little Saint James.

On y voit notamment des tables de massage, jouets sexuels, photographies de femmes nues, et même des livres sur l'esclavage sexuel ou des guides de massage pour nourrissons. Des photos ont également immortalisé des soirées organisées par Epstein, avec parfois des visages floutés pour protéger les victimes.

© Ministère américain de la Justice

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Si la loi interdit de masquer les noms des personnalités politiques, plusieurs documents-clés restent caviardés, comme les 119 pages d'un jugement ou la liste de 254 masseuses. Plus de 1 200 victimes ont été identifiées au cours du processus de relecture, selon le procureur général adjoint Todd Blanche, et leurs noms ont été systématiquement retirés.

Clinton exposé, Trump épargné

Parmi les documents rendus publics, de nombreuses photos mettent en scène l'ancien président Bill Clinton. On l'aperçoit dans un jacuzzi avec une femme au visage masqué, dans une piscine avec Ghislaine Maxwell, ou encore en compagnie de célébrités telles que Michael Jackson, Kevin Spacey, Diana Ross, Chris Tucker et Mick Jagger.

© Ministère américain de la Justice

© Ministère américain de la Justice

© Ministère américain de la Justice

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En revanche, la présence de Donald Trump dans les documents est très limitée. Seules quelques photos anciennes le montrent, notamment en 2000 à Mar-a-Lago. Aucune image compromettante, ni mention sensible, n'a été diffusée à ce jour. Pourtant, un document judiciaire évoque une scène des années 1990 où Jeffrey Epstein aurait présenté une fille de 14 ans à Donald Trump lors d'un événement privé. Aucun acte répréhensible ne lui est attribué dans le dossier.

L'administration Trump, par la voix de Todd Blanche, a salué cette divulgation comme un « exemple historique de transparence », affirmant que « jamais une administration n'avait rendu autant de documents publics dans une affaire aussi sensible ». Cette opération est aussi présentée comme une rupture avec les administrations démocrates précédentes, accusées par plusieurs élus de gauche comme de droite d'avoir freiné les enquêtes.

Opacité persistante et réactions critiques

Malgré la publication, les critiques se multiplient, y compris au Congrès. Plusieurs élus, dont Chuck Schumer, dénoncent une tentative de l'administration de « protéger certains hommes riches et puissants », en particulier Donald Trump. Le New York Times parle d'un sentiment généralisé de frustration face à une publication jugée incomplète et sélective.

Certaines révélations suscitent un malaise profond. Une plainte remontant à 1996 accuse Epstein d'avoir volé des photos de jeunes filles destinées à un projet artistique, avec la suspicion de trafic de matériel pédopornographique. D'autres documents concernent sa détention et sa mort en 2019, classée comme suicide mais toujours contestée. Des fichiers évoquent également la destruction ou la disparition d'enregistrements liés à ses activités.

À ce jour, Ghislaine Maxwell reste la seule personnalité condamnée dans cette affaire. Aucune nouvelle inculpation n'est attendue, a précisé Todd Blanche. Mais pour les victimes, l'attente reste longue et douloureuse. Marina Lacerda, l'une d'elles, a résumé le sentiment général : « Publiez simplement les fichiers. Et arrêtez de caviarder les noms qui n'ont pas besoin de l'être. »

L'administration américaine assure que de nouvelles vagues de documents seront rendues publiques prochainement. Mais sans accès complet à l'ensemble des pièces, la vérité sur les réseaux d'Epstein reste verrouillée. Et pour beaucoup, cette affaire illustre le fonctionnement opaque d'un système occidental qui protège ses élites, même au prix de la vérité.

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