22/12/2025 legrandsoir.info  5min #299684

Macron, la culture, Airbus et le salon du livre de Montgiscard (31)

Maxime VIVAS

Au mois de juillet 2025, Irina Bokova (Bulgarie) ex-directrice de l'UNESCO et l'Orchestre symphonique de Philadelphie (Etats-Unis) n'avaient pas tiqué en me côtoyant à Pékin, pour recevoir avec moi un des trois premiers « Orchid awards » qui récompensent des organisations ou personnes étrangères qui ont oeuvré pour le rapprochement culturel entre les peuples. Cet événement international était connu jusqu'à Montgiscard, petit village au sud de Toulouse, l'édition locale de La Dépêche du Midi y ayant consacré un article.

Au mois de décembre 2025, le président français Emmanuel Macron s'est rendu en Chine pour une visite d'Etat. Il était accompagné de six ministres dont la ministre de la culture, ainsi que de 35 dirigeants de grandes entreprises telles qu'Airbus (26 000 emplois dans notre région, 1100 Airbus qui volent en Chine, 500 commandes en cours, deux usines d'assemblage en Chine).

Le président français a été accueilli par le ministre des Affaires étrangères Wang Yi qui avait,  le 21 mars 2021 en conférence de presse internationale, recommandé la lecture du livre qui me vaut d'être refusé au salon du livre 2026 de Montgiscard.

(Ci-dessous, en espéranto, une de ses nombreuses traductions).

Depuis mon premier livre, un roman "Paris Brune", (éditions Le Temps des Cerises, prix Roger Vailland 1997), j'étais régulièrement invité dans des salons du livre à travers notre pays.

Depuis mon livre "Ouïghours, pour en finir avec les fake news" (décembre 2020, éditions La Route de la soie), je suis exclu de tous les salons du livre.

Le second : « Ouïghours, l'horreur était dans nos médias » (février 2024, éditions Delga) n'a rien arrangé.

Depuis des mois, opiniâtre et patient, je tente un retour auprès d'un important salon près de chez moi (à Montgiscard, commune du Lauragais qui fait partie de « Toulouse Métropole »).

Le salon a lieu en janvier 2026. Si j'avais été condamné par un tribunal pour écrits mensongers, atteinte aux bonnes moeurs, j'aurais purgé largement ma peine au bout de cinq ans. J'ai donc cru possible de m'aventurer sur mes terres, à quelques petits kilomètres de chez moi, en direction d'un salon du livre dont le premier président (son fondateur), son vice-président, sont des amis.

Un salon où j'ai mes habitudes et où je croise des connaissances qui me confièrent naguère la présidence d'un concours de nouvelles qui attirait des plumes, jusqu'au delà de nos frontières.

Mais patatras, un des organisateurs m'apprend que la majorité du comité organisateur (composé de vingt membres) me refuse à cause de mon « soutien au génocide ouïghour » (!).

J'ai demandé à les rencontrer. Refus.

J'ai proposé d'inviter à déjeuner la présidente du salon. Accord. Je lui ai laissé fixer la date..

Et puis, le 19 décembre, elle m'annonce qu'ils se sont « laissés déborder par les emplois du temps respectifs » et ils n'ont pu trouver une date. Mais, que je me rassure : « On le programmera plus tard ».

Comprendre qu'on parlera de ma présence au salon du livre, APRES le salon du livre.

En effet le programme et la liste des auteurs invités sont déjà publiés. Sans moi et donc sans mes livres.

Bien sûr, c'est une censure, sans même avoir vu, lu ou entendu la personne censurée. Un cénacle anonyme a décidé ce que les visiteurs du salon ne doivent pas lire, mais qui se lit un peu partout dans le monde.

La censure, pour délit d'opinion, est en vogue actuellement. Qu'il s'agisse de Gaza (Blanche Gardin) ou de la Chine, il ne fait pas bon s'éloigner de la doxa.

La question est de savoir si l'on doit s'y soumettre.

J'informe ici les organisateurs du salon (où je garde des amis) que je les laisse réussir cette manifestation, que je leur souhaite plein succès et que je reste disposé, même hors délai, à parler avec eux, quand ils auront le temps car, ai-je lu dans l'édito du salon, « c'est de la diversité, de l'ouverture au monde et du frottement des idées que peut naître une meilleure compréhension de la course du monde ».

Bien dit !

En attendant, je ne puis ni ne dois me taire plus avant sur ce sujet qui revêt, bien au-delà de ma personne, une certaine importance.

Maxime VIVAS

PS. La présence de Raphaël Enthoven au festival du Livre de Besançon en septembre a été un temps remise en cause après qu'il eut dit à propos de l'hécatombe des journalistes à Gaza : « Il n'y a AUCUN journaliste à Gaza. Uniquement des tueurs, des combattants ou des preneurs d'otages avec une carte de presse. » Finalement, il a été le bienvenu. Je n'en suis pas choqué. C'est la loi qui doit fixer les limites de la liberté des écrivains et non des aréopages auto-désignés.

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