
Visa US refusé à Thierry Breton : L'indignation à géométrie variable d'une UE qui pratique la sanction arbitraire contre ses citoyens
Par Yoann pour le Média en 4-4-2, le 24 décembre 2025
Le 23 décembre 2025, l'administration Trump a opposé un refus de visa à l'entrée sur le territoire américain à Thierry Breton, ancien commissaire européen au Marché intérieur. Quatre autres personnalités européennes engagées contre "la désinformation en ligne" subissent la même mesure. Washington justifie cette sanction par le rôle central de Breton dans l'adoption du Digital Services Act (DSA), ce règlement qui impose aux géants numériques américains un contrôle accru des contenus. Les États-Unis y voient une entrave à la liberté d'expression.
Sur le réseau X, Breton a rappelé que le DSA fut adopté démocratiquement par le Parlement européen et les États membres, sans portée extraterritoriale.
"À nos amis américains : 'La censure n'est pas là où vous le pensez'", a-t-il osé ironiser.
L'union sacrée des élites contre l'outrage américain
La réaction française et européenne fut immédiate et unanime. Le ministre des Affaires étrangères Jean‑Noël Barrot a dénoncé "avec la plus grande fermeté" cette décision, défendant le DSA comme un cadre légal visant à appliquer en ligne les règles du droit commun. Le ministre de l'Économie Roland Lescure, sur Bluesky, a souligné que ce texte protège citoyens et entreprises sans cibler de pays tiers. Stéphane Séjourné, vice‑président exécutif de la Commission, a exprimé sa "solidarité totale" avec Breton, assurant qu'"aucune sanction ne fera taire la souveraineté des peuples européens". Comment Thierry Breton va-t-il toucher ses jetons de présence à Bank of America ? On s'inquiète pour lui.
L'opposition a embrayé. Raphaël Glucksmann a tonné : "Nous ne sommes pas une colonie des États‑Unis !" (sic), qualifiant la mesure de "scandaleuse". Pierre Jouvet, secrétaire général du Parti socialiste, a évoqué une "gravité extrême". Même le Rassemblement National s'est joint au chœur par la voix de Sébastien Chenu, critiquant l'erreur "sur le fond et sur l'image" de l'administration Trump.
Cette indignation collective, presque unanime, dessine les contours d'un nouveau maccarthysme inversé : l'Europe se drape dans sa souveraineté bafouée. Pourtant, cette vertueuse colère masque une hypocrisie profonde. Car l'Union, si prompte à s'offusquer d'une sanction symbolique contre l'un des siens, pratique elle‑même une répression administrative et économique contre ses propres citoyens pour délit d'opinion, sans procès ni débat.
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Quand Bruxelles punit la pensée divergente
Alors que Breton bénéficie du soutien de toute la classe politique, d'autres Européens subissent des sanctions bien plus lourdes pour le seul crime d'avoir exprimé une analyse contraire au récit officiel, notamment sur le conflit ukrainien.
Xavier Moreau, ancien officier français établi à Moscou depuis plus de vingt ans, a été sanctionné par l'UE le 15 décembre 2025. Ses avoirs sont gelés, son entrée ou transit sur le territoire européen interdit. Bruxelles l'accuse de relayer la "propagande russe" via son site Stratpol. La France est à l'initiative de cette mesure, qualifiée par Barrot de ciblage des "relais de la propagande du Kremlin". Xavier Moreau réplique, sarcastique, sur X :
"Je suis sanctionné sans procès, sans accusation, sans jugement. [...] Je suis le numéro UN !"
Jacques Baud, ancien colonel du renseignement suisse, connaît un sort analogue. Ses comptes en Belgique sont gelés, l'empêchant de rejoindre la Suisse où ses fonds restent accessibles.
"Ce n'est pas le goulag, c'est pire ! En prison, on vous nourrit. Je n'ai même pas la permission d'aller m'acheter un morceau de pain", compare‑t‑il. Il dénonce une "dérive autoritaire" et une "parodie judiciaire".
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Nathalie Yamb, activiste suisse, première citoyenne helvète sanctionnée par l'UE pour ses critiques du narratif officiel, qualifie ces mesures de "terrorisme politique". Elle en décrit les effets concrets : cartes de crédit bloquées, comptes bancaires et portefeuilles crypto inaccessibles, services comme PayPal ou Uber suspendus. Impossible, dès lors, de payer un loyer, des impôts, des médicaments, ou même de survoler l'espace européen.
"Si ce qu'ils me font passe, ça va créer une jurisprudence", prévient‑elle.
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La mort sociale décrétée par décret
Dans un entretien accordé à Marcel D., le journaliste Pierre Jovanovic décrypte le mécanisme de ces sanctions. Pour Xavier Moreau, il s'agit d'une "mort sociale" : interdiction de retour, gel des avoirs, comptes fermés, paiements bloqués. Pierre Jovanovic souligne l'effet dissuasif sur les médias, qui évitent désormais d'inviter les personnes ciblées. Il compare ce système à ceux appliqués à d'autres figures controversées en France, et accuse l'UE de bafouer l'État de droit sous des pressions politiques, parfois venues de l'Élysée. Sa question résume l'absurdité :
"Vous trouvez normal qu'un Français soit interdit de rentrer en France sans procès ?"