23/09/2010 lesactualitesdudroit.20minutes-blogs.fr  4 min #43135

Les Us condamnent à mort une femme, patiente psy

Une femme, déficiente mentale, va être exécutée demain. Ou sont nos pétitionnaires professionnels ? Où est donc passée la ribambelle des outragés de la cause des femmes ?

Cette femme s'appelle Teresa Lewis, et elle âgée de 41 ans. Elle a été condamnée à mort pour avoir planifié en octobre 2002 le meurtre de son mari de son beau-fils en vue de toucher une prime d'assurance-vie de 250.000 dollars. En mai 2003, elle a plaidé coupable d'avoir engagé deux types pour commettre les meurtres en échange de ses faveurs, de celles de sa fille âgée de 16 ans, et d'un max de fric. Ce sont les deux types qui ont commis les assassinats, pas elle. Elle était présente lors des faits, et a fouillé les poches de son mari agonisant, avant d'appeler les secours.

L'un des deux meurtriers, Matthew Shallenberger, a déclaré qu'il avait tout orchestré et que les meurtres avaient été son idée et son exécution. Il a expliqué qu'il avait manipulé Teresa Lewis en lui faisant croire qu'il était amoureux. Les deux assassins ont été condamnés à la perpétuité. Teresa a écopé de la peine de mort.

Amnesty s'est occupé de l'affaire car lors du procès il apparu que Teresa Lewis n'avait pas toute sa tête. L'ONG a missionné des experts médicaux qui ont conclu que Teresa souffrait d'un quotient intellectuel de 72, soit la limite de la débilité. Ils ont aussi diagnostiqué « un trouble de la personnalité dépendante et une dépendance aux analgésiques, deux problèmes dont elle souffrait déjà avant le double homicide, ce qui remet encore plus en cause l'idée qu'elle puisse avoir planifié ces meurtres ».

Il en ressort des éléments très précis.

- Teresa est une déficiente mentale, au seuil de la débilité, et elle était dépendante aux médicaments à l'époque des faits.

- L'instigateur du crime a reconnu avoir manipulé Teresa avec de grands projets de vie, abusant de sa faiblesse

- Il a été condamné à la perpétuité, alors que Teresa, qui n'est qu'exécutante a été condamnée à mort.

- Cette femme n'ayant pas sa conscience ne peut être reconnue coupable. Elle s'est faite séduire par des crapules, et son rôle se limite a avoir ouvert la porte du lieu où a eu lieu le crime.

Vendredi dernier, Bob McDonnell, gouverneur de Virginie, a refusé de suspendre l'exécution, affirmant n'avoir trouvé « aucune raison suffisante pour accorder sa clémence ». Hier, la Cour Suprême a rejeté le recours formé par son avocat, et l'exécution de Teresa Lewis est programmée pour vendredi.

En Virginie, ce sont des cinglés de la peine de mort. Mais pour trouver une femme exécutée, il faut quand même remonter à 1912. Petite forme, les gars ? Sur le territoire de la grande civilisation US, la dernière exécution d'une femme remonte à 2005, au Texas. Et à ce jour, plus de 3.200 personnes, dont 53 femmes, attendent leur exécution.

Alors ? Les choses ne sont pas si compliquées.

Les Etats-Unis défendent la civilisation quand ça les intéresse. Quel est le pays assez crapule pour condamner à mort une femme, déficiente mentale au seuil de la débilité, et alors que les investigateurs du crime ont été moins sévèrement punis ? Ne cherchez pas : ce n'est pas l'Iran, mais les Etats-Unis. Pour exécuter une femme, souffrant de retard mental grave, il faut avoir en soi le goût du sang, comme les salauds.

La Cour Suprême des Etats-Unis n'a de suprême que le nom. C'est une juridiction locale, assez servile, qui défend un droit barbare, et refuse les normes du droit international. Elle reste l'un des fiefs de ce conservatisme putride qui mine les US, jamais guéris de leurs maladies infantiles. Le jour où la Cour suprême appliquera les normes du droit international, elle pourra inspirer le respect. Pour le moment, ça reste une affaire d'autoritarisme. D'ailleurs, ils la peignent en blanc pour lui donner un côté « chevalier preux ».

Enfin, je dois lancer un avis d'alerte pour la joyeuse brochette de crétins auto-allumés qui s'excitaient dans le soleil du Trocadéro à propos des pratiques véreuses de la justice iranienne, tous ces imbéciles heureux qui ont sombrés corps et biens dans l'océan de leur prétention et n'ont pas un mot à dire pour la mort de Teresa. Je ne cite pas de nom, car ils nous saoulent tous les jours, notamment dans les colonnes de Libé. Ce droit-de-l'hommisme exaspérant qui a fait tant de mal aux droits de l'homme.

La Cour suprême des US, une fois le décor enlevé

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