02/02/2011 4 articles tlaxcala-int.org  4min #48705

 Moubarak : A ton tour !

« moubarak aux poubelles de l'histoire » : Place Tahrir, lundi

Karin Leukefeld کارین لویکفلد
Traduit par Michèle Mialane
Edité par Fausto Giudice

Les manifestants égyptiens ne veulent pas d’une réforme du régime sous contrôle de l’armée, mais le départ du Président et - enfin ! - des élections démocratiques 

Mardi Place Tahrir, plus de 2 millions de Cairotes ont réclamé le départ du dictateur

Personne ne se laisse clore le bec lundi sur la place Tahrir au Caire ; « Nasser, Nasser » crie un homme en complet veston qui franchit à grands pas le barrage de l’armée et bandit un portrait de l’ex-chef d’État égyptien. « Bravo », lui crie une dame plus très jeune en passant son bras sous celui de son amie, qui porte sur l’épaule un pliant d’un jaune éclatant. Les jeunes soldats suivent des yeux à la dérobée, sous leurs grands casques, les deux dames en cheveux blancs qui passent devant eux en direction du centre de la place. Depuis une semaine Nelly et Ragaa retrouvent tous les jours des amis sur la place Tahrir et n’ont pas l’intention d’y renoncer tant que le Président Hosni Moubarak n’aura pas abdiqué. « Il faut dissoudre le Parlement et aussi le PND, le Parti National Démocrate », dit Nelly, maintenant bien installée sur son pliant. « Il ne s’agit pas seulement de faire partir Moubarak, mais de détruire tout le système », exige la dame en cheveux gris, qui déclare avoir « plus de 60 ans. » La clique de Moubarak est, selon elle, trop compromise avec l’appareil policier et les affairistes Il faut aux Égyptiens une période de transition, non seulement pour préparer « des élections libres et démocratiques » mais aussi pour la tenue de débats. « Pendant trente ans, toutes les discussions politiques ont été systématiquement réprimées », explique Nelly et Ragaa ajoute : « Dites à Madame Merkel qu’avec son aide Moubarak a pillé et opprimé l’Égypte. Maintenant c’est fini. »

Les gens « ont la rage », constate-t-elle et elle nous traduit ce qu’un homme exaspéré hurle. Il est du même village que Moubarak et il vit comme un mendiant, s’emporte-t-il en montrant sa galabyia (djellaba), qui de toute évidence n’a pas été lavée depuis longtemps. Ragaa continue à traduire : « Les élections étaient truquées, le monde entier le savait et personne n’a rien dit ». La police tabasse et humilie les gens. « J’espère seulement que l’armée ne se placera pas du mauvais côté, poursuit l’homme, qui dit s’appeler Abdallah Fawzi Saad. Il brandit une pancarte portant les mots : « Pas de violence, pas de pillages, pas d’incendies » et assure qu’il restera une nuit encore sur la place.

Au septième jour des manifestations, l’armée a totalement isolé la place Tahrir du reste de la ville. Certes le Président n’envoie aucun signal indiquant qu’il est disposé à donner satisfaction aux exigences des Égyptiens déchaînés, mais la tendance dure des premiers jours, où la police a tué plus de 150 personnes sur l’ensemble du pays semble stoppée. Le couvre-feu a été porté lundi à 17 heures par jour (une de plus). Les banques et la Bourse restent également fermées et le pays a été déconnecté de l’Internet. Certes Moubarak, pour la première fois en 30 ans de présidence, a nommé un vice-Président, Omar Suleiman, le chef des services secrets, ainsi qu’un nouveau Premier Ministre, le général Mahmoud Wagdi. Mais les manifestants du Tahrir ne veulent pas de militaires au gouvernement.Une groupe de femmes manifeste dans un coin ; elles portent toutes des foulards, sur un de leurs calicots on lit : « Nous voulons une Constitution démocratique ». Elles n’appartiennent à aucune organisation, affirme la femme qui le porte, et elles viennent « de toutes les couches sociales égyptiennes. » Moubarak et son armée doivent partir, Mohammed El Baradei peut gouverner pendant la période de transition, dit-elle. « Pas devenir Président, seulement jusqu’aux nouvelles élections. Et il faut qu’elles soient démocratiques. »

Ailleurs sur la place des hommes se sont prosternés pour la prière de midi ; un peu à l’écart quelques femmes prient aussi. Des hommes distribuent de l’eau et de la nourriture aux manifestants ; sur un mur un homme est assis, l’air fatigué; il tient à la main une pancarte avec ces mots : « Nous méritons une vie meilleure. » Sur la plate-forme d’un camion incendié, des manifestants ont empilé des sacs d’ordures, tout en haut trône une affiche avec une caricature du Président, à qui de longues oreilles donnent l’aspect d’un diable. « Il a fait assassiner nos enfants à Suez », dit un homme en colère en montrant l’affiche. « Sa place est dans les poubelles de l’Histoire et nous l’y ferons descendre. »


Courtesy of  Tlaxcala
Source:  jungewelt.de
Publication date of original article: 01/02/2011
URL of this page:  tlaxcala-int.org

 tlaxcala-int.org

Articles enfants plus récents en premier
03/02/2011 alterinfo.net  5min #48803

 « moubarak aux poubelles de l'histoire » : Place Tahrir, lundi

Egypte: Si nous perdons la bataille, chacun de nous sera arrêté, harcelé, torturé

Le Caire, 3 février 2011. Place Tahrir, depuis presque vingt longues heures, quelques milliers de manifestants pacifiques répondent à des attaques d'une rare violence. Comme prévu, des blessés. 1500 selon Al Jazeera. Il y a aussi des morts, 5 selon la même source.

Des médecins volontaires recousent des oreilles déchirées, des crânes ouverts, des cuisses déchiquetées.