03/02/2011 info-palestine.net  7min #48768

 Manœuvres américaines contre la révolution égyptienne

Moubarak fait donner ses nervis / shame on you, Mister Obama !

Moubarak s'accroche avec arrogance. Il reste malgré les Égyptiens. Il reste avec l'appui des Américains.

K. Selim/K. Habib - Le Quotidien d’Oran

Moubarak fait donner ses nervis

par Kharroubi Habib

Moubarak a décidé de s'accrocher au pouvoir, même au prix d'une guerre civile dans son pays. Non content de défier le peuple qui exige son départ en lui annonçant qu'il ne démissionnera pas, il a commis le crime de rameuter les partisans qui lui restent pour les envoyer contre les manifestants hostiles à sa décision. L'intervention de ces briseurs de manifestations vise à créer une situation obligeant l'armée, jusque-là apparemment neutre, à intervenir pour faire cesser les affrontements et, du même coup, mettre un terme aux manifestations populaires hostiles au maintien au pouvoir de Moubarak. Le vieux dictateur a ainsi joué son ultime va-tout.

Il faut dire qu'il y a été encouragé par les prises de position des principales puissances internationales, dont principalement les États-Unis. Toutes se sont limitées à prodiguer « le conseil » d'organiser « une transition ordonnée ». Vague conseil que Moubarak n'a pas interprété comme son lâchage par ces puissances et donc conforté dans son refus de démission.

Le peuple égyptien ne se laissera pas intimider par la provocation organisée et manipulée par Moubarak et son camp. Ce qui augure que la situation dans le pays va devenir incontrôlable. L'armée, qui a publiquement admis la légitimité des revendications populaires et donc implicitement le départ du président contesté, ne peut laisser faire celui-ci jusqu'à provoquer la guerre civile au sein du peuple égyptien. Il en va de même pour ces puissances étrangères qui expriment la même appréciation sur ces revendications populaires, mais dont le silence sur le sort de Moubarak a redonné de l'espérance à ses partisans.

Il est temps que le vieux dictateur soit ramené au sens des réalités, dont celle qui montre qu'il n'a plus aucune légitimité à rester au pouvoir, fût-ce une journée encore.

A moins que les pressantes pressions d'Israël tant à destination de l'armée égyptienne que des chancelleries américaine et européennes, faisant valoir que le maintien du dictateur est la seule solution pour l'Égypte, aient porté leurs fruits. Et c'est bien ce que semble indiquer la liberté de manœuvre dont disposent Moubarak et ses partisans.

De relativement pacifique, la révolte du peuple égyptien menace de se transformer en tragique confrontation uniquement parce qu'un vieux dictateur déconnecté de son peuple s'accroche au pouvoir, encouragé par le comportement d'une armée et de puissances étrangères ayant opté entre lui et son peuple pour l'équidistance dans l'appui.

Il est vrai que le soulèvement populaire dont l'Égypte est le théâtre s'inscrit en contradiction avec les intérêts dont cette armée est partie prenante et ceux en Égypte et dans la région de ces puissances étrangères. Que son reflux et son extinction soient le résultat de la descente dans la rue des nervis stipendiés par Moubarak, son parti et son gouvernement ne seraient pas pour les « horrifier ». Au peuple égyptien et à l'opposition de démontrer que les soubresauts d'un dictateur et d'un régime en fin de parcours ne les feront pas renoncer à leur révolution.

 Analyse


Shame on you, Mister Obama !

par K. Selim

Moubarak s'accroche avec arrogance. Il reste malgré les Égyptiens. Il reste avec l'appui des Américains. La stratégie du chaos mise en œuvre, avec l'appui implicite et hypocrite de l'armée égyptienne sur Maydan At-Tahrir, en est la traduction immédiate. Sous les yeux de millions de téléspectateurs, des hordes de voyous, les tristement célèbres « baltaguiya », encadrées par des policiers en civil et des membres du PND, le parti au pouvoir, attaquent des manifestants pacifiques.

En échange d'une promesse de ne pas se représenter aux élections présidentielles de septembre prochain, le président a assuré qu'il s'emploierait à rétablir l'ordre et à mettre un terme aux désordres. C'est désormais fait, en direct, avec une attaque violente de voyous armés de sabres et parfois montés sur des chevaux et des dromadaires.

L'orchestration de la violente autour de la place At-Tahrir est le signe que l'Égypte est mise dans une nouvelle phase. Très dangereuse. Elle est la conséquence directe du message équivoque de Barack Obama.

L'intervention d'hier du président américain a été naturellement interprétée par le régime Moubarak comme un feu vert pour gérer à sa façon le soulèvement populaire. Il s'agit d'un soutien direct à un régime contesté par des millions de manifestants.

Le mouvement des Égyptiens vers la liberté - et donc la souveraineté - a créé de grandes contorsions dans la communication d'une administration américaine coincée dans son discours verbal pro-démocratique et la prévalence des intérêts israéliens. Cela a donné un message public équivoque, mais les manœuvres étaient plus significatives de l'orientation réelle des États-Unis.

L'arrivée au Caire de l'ambassadeur Wisner, un homme clé au cœur du dispositif du pouvoir américain, est un signe clair. Ce personnage, à la croisée des services secrets, de l'administration et du grand business, est l'architecte depuis plusieurs années des conspirations américaines contre les peuples. Présenté comme l'officier traitant de Hosni Moubarak et de Omar Souleimane, l'homme-orchestre des coups tordus de haut niveau est donc chargé d'organiser une transition favorable à l'allié israélien.

Le recours aux séides du PND et de ceux de la police secrète pour terroriser la population avec la complicité de l'armée a été décidé au lendemain de l'arrivée de ce très emblématique personnage. Ce n'est certainement pas un hasard. L'après-Moubarak est géré directement par l'establishment américain. Il s'agit de maintenir Moubarak contre l'avis de la population et de donner du temps au régime pour susciter des fissures et des divisions dans l'opposition qui fait bloc.

L'attaque lancée hier contre les manifestants pacifiques réunis à la Place At-Tahrir vise à casser la contestation et à amener les Égyptiens à composer avec un régime dont la seule force est celle des intérêts des ploutocrates et de ceux de puissances extérieures.

L'attaque sauvage de la Place de la Libération et les tentatives en cours au moment de la rédaction de ces lignes pour incendier le Musée du Caire ne sont pas sans rappeler l'incendie du Reichstag qui avait permis aux nazis de décréter l'état d'exception et de suspendre les libertés.

L'Occident et les régimes veulent maintenir la Tunisie comme une exception. Les Américains et les Occidentaux envoient un message aux peuples arabes : il accepte un peu de changement, il n'accepte pas des changements profonds qui bouleversent l'ordre établi. C'est d'une grande clarté en Égypte.

Shame on you, Mister Obama !

 Éditorial

De K. Selim : 

 Bougez, si vous ne voulez pas être bougés !
 En Égypte, la « Tunisie est la solution »
 Au-delà de l'imaginable
 Le rose et le pire
 Le mérite du peuple tunisien
 Lorsqu'un jour le peuple veut vivre
 Disgrâces

De K. Habib : 

 Moubarak au pied du mur
 L'armée arbitre du bras de fer en Tunisie ?
 La matraque jusqu'à quand ?
 Algérie : L'explosion sociale couve
 Suspension de Dahlane : un signal pour de multiples destinations
 En finir avec le flou sur les frontières de l'Etat palestinien

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