RAMALLAH (Territoires palestiniens) - L'Autorité palestinienne a annoncé jeudi l'interdiction des manifestations liées aux soulèvements en Egypte et en Tunisie, après avoir empêché plusieurs rassemblements, invoquant la "non-ingérence dans les affaires de "pays frères".
D’après Agences
Bande de Gaza : rassemblements de manifestants palestiniens hostiles au dictateur Hosni Moubarak - Photo : Reuters
Cette notification officielle intervient après des condamnations de la répression policière de ces mouvements de solidarité en Cisjordanie par l'organisation de défense des droits de l'Homme Human Rights Watch (HRW), basée à New York, qui a appelé "les Etats-Unis et l'Union européenne à suspendre l'aide aux forces de sécurité de l'Autorité palestinienne".
"Les institutions de sécurité palestiniennes affirment avoir interdit les rassemblements liés aux événements dans ces deux pays frères", indique dans un communiqué le porte-parole de ces services, Adnane al-Damiri, réagissant à "des rapports d'organisations américaines".
Les instances dirigeantes palestiniennes "interdisent toute ingérence dans les affaires intérieures des Etats, qu'ils soient arabes ou étrangers, et respectent la volonté des peuples à décider de leur destin", a-t-il assuré.
"Nous sommes surpris par l'intérêt suscité par des phénomènes mineurs en Palestine et leur exagération par des rapports sans fondement pour entraîner la Palestine et l'Autorité nationale dans des conflits régionaux", a-t-il ajouté.
La police palestinienne a de nouveau réprimé mercredi soir une manifestation de soutien au soulèvement en Egypte à Ramallah, selon les organisateurs et HRW.
Les organisateurs ont indiqué dans la nuit de mercredi à jeudi à l'AFP que la manifestation, regroupant selon eux près de 200 personnes, averties par Facebook, Twitter et SMS, sur la principale place de Ramallah, avait aussitôt été interrompue par les services de sécurité palestiniens.
Deux hommes ont été arrêtés et les manifestants chassés par la police à coup de matraque, ont affirmé les organisateurs, qui ont appelé à un nouveau rassemblement samedi à Ramallah en solidarité avec la Tunisie et l'Egypte.
HRW a fait état d'interpellations et de "coups de poing et de pied portés par la police aux manifestants", ainsi qu'à un de ses collaborateurs.
Des sources de sécurité palestiniennes se sont bornées à affirmer que seule une vingtaine de personnes participaient à la manifestation, non autorisée, sans commenter les accusations de brutalité.
En revanche, quelque 200 étudiants palestiniens se sont rassemblés jeudi à Gaza, contrôlé par le mouvement islamiste Hamas, devant le bâtiment de la représentation diplomatique égyptienne.
Dans un communiqué, ils ont pressé "l'ONU d'assumer ses responsabilités pour arrêter le massacre qui se poursuit contre les manifestants place Tahrir", au Caire, épicentre de la contestation en Egypte.
Le 31 janvier, les forces de sécurité du Hamas avaient dispersé sans ménagement un rassemblement à Gaza de jeunes et de femmes en solidarité avec le mouvement égyptien, selon HRW et des participants.
Des commentateurs ont attribué l'apparente nervosité de l'Autorité palestinienne face à ces manifestations au souvenir douloureux de l'invasion du Koweït en août 1990, pendant laquelle les Palestiniens s'étaient rangés du côté de l'Irak. Ils avaient ensuite dû subir les représailles, en particulier financières, des pétromonarchies arabes.