04/02/2011 alterinfo.net  5min #48865

 Alliot-marie épinglée pour des largesses d'un riche Tunisien

Jusqu'où la ministre des Affaires étrangères peut-elle se moquer du monde ?

Incroyable révélation à la Une  de Mediapart ce matin : « Le jet privé qui a profité à Michèle Alliot-Marie en Tunisie a été contrôlé une dizaine de jours plus tard par la police italienne : elle croyait qu'il transportait Ben Ali lors de sa fuite ! L'avion est la propriété d'une société créée par Belhassen Trabelsi, beau-frère du dictateur tunisien et désormais sous le coup d'un mandat d'arrêt international. » Rappelons la sotte défense de la non moins sotte ministre, résumée  par 20 minutes : « La ministre des Affaires étrangères l'a assuré a plusieurs reprises, elle «a toujours payé (ses) vacances», vols et hôtels compris. Mam aurait même indiqué au Monde daté de ce jeudi posséder les factures qui le prouvent. Reste qu'elle ne les a toujours pas montrées*. Le Canard enchaîné, qui a révélé l'affaire, indique avoir cherché en vain à savoir qui avait réglé la facture de l'hôtel de Tabarka où ont séjourné la ministre et sa famille. Hôtel qui appartient à Aziz Miled. » Ledit homme d'affaires censé, d'après Alliot-Marie, être « surtout une victime du clan Ben Ali ». Mais le quotidien gratuit rappelle que « Aziz Miled a cosigné l'an passé une tribune appelant le président Ben Ali à se présenter à l'élection de 2014 et il figure sur la liste des personnes dont la Suisse a gelé les avoirs après la fuite de Ben Ali, le 14 janvier. » Et voilà donc qu'on sait désormais qu'il utilisait un jet appartenant au beau-frère ben Ali ! Mentionnons enfin, pour la bonne bouche, le plus nul de tous les mensonges de Mam, parce qu'aisément vérifiable : « Il n'y avait aucune répression et même le suicide, qui était à l'origine alors là pour le coup des événements, s'est produit... à la fin de mon séjour.» C'est ce qu'a affirmé Mam au JT de France 2 mercredi soir, répondant aux critiques sur son choix d'aller passer des vacances en Tunisie, elle, ministre des Affaires étrangères, alors que le pays était déjà en proie à des troubles. Là, les faits contredisent clairement sa version. Mohamed Bouazizi, le jeune vendeur ambulant et diplômé au chômage, s'est immolé par le feu le 17 décembre dernier, devant la préfecture de la ville de Sidi Bouzid. Or, Michèle Alliot-Marie et sa famille se sont rendus en Tunisie entre Noël et le Premier de l'an. » Que peut-il bien se passer dans la tête de la ministre lorsqu'elle va affirmer devant des millions de téléspectateurs un mensonge énorme dont elle sait pertinemment qu'il sera aussitôt contredit ? Un sentiment d'impunité tellement puissant qu'elle s'imagine invulnérable quoi qu'elle puisse dire ? Elle a bien sûr quelques raisons de le croire puisque, comme nous l'écrivions hier sur notre Kiosque permanent ( message subliminal), personne ne démissionne jamais en Sarkozie (à deux exceptions près, concernant les secrétaires d'Etat fusibles, Christian Blanc et Alain Joyandet, pris la main dans le sac de dilapidation d'argent public - pour des cigares et l'utilisation d'un avion privé, avec une sombre histoire de permis de construire frauduleux pour le deuxième). Notre confrère Laurent Neumann n'écrit d'ailleurs pas autre chose  dans Marianne : « Pourquoi démissionnerait-elle alors que tant de ministres avant elle, pris la main dans le pot de confiture, ne l'ont pas fait ? (...) Seulement voilà, quelle que soit la gravité de l'atteinte à la morale républicaine, sous Nicolas Sarkozy, un ministre, ça ne démissionne jamais ! Ça laisse passer l'orage, comme si de rien n'était. En toute impunité... » Mais il suffit : acculons Mam à partir, que la présidente du mouvement satellite de l'UMP, Le chêne, cesse de nous prendre pour des glands !
* Le coup du « J'ai toutes les factures » sans jamais ensuite les produire a été utilisé par Sarkozy lui-même, alors qu'il était convaincu de corruption dans  l'affaire de son appartement de l'île de la Jatte, qui aurait dû, dans une démocratie normale, l'empêcher de se présenter à la présidentielle. Mais le procureur « indépendant » Philippe Courroye s'était chargé  de l'étouffer. Le même Courroye-de-transmission qui s'est ensuite illustré dans le scandale Bettencourt, avec la  complicité (entre autres) de... Mam, menteuse un jour, menteuse toujours !

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