15/03/2011 wsws.org  6min #50772

 Plus de 50.000 manifestent à Montréal contre les compressions budgétaires

Face aux compressions de Charestles travailleurs doivent lancer une lutte politique contre les libéraux et le Pq

Les travailleurs doivent lancer une lutte politique contre les libéraux et le PQ/h2>
Déclaration du Parti de l'égalité socialiste
15 mars 2010

L'Alliance sociale, une coalition de centrales syndicales et d'organisations étudiantes, et la Coalition opposée à la tarification et à la privatisation des services publics, un regroupement de syndicats et d'organisations communautaires, organisent aujourd'hui une manifestation de tout le Québec pour demander au gouvernement libéral de droite de « se fixer des cibles réalistes de réduction du déficit » et, pour ce faire, de hausser modestement les impôts pour les entreprises et les revenus élevés.

Ces demandes ont un caractère entièrement démagogique et rituel. Qui croit sérieusement que le Parti libéral de Jean Charest ou le Parti québécois de Pauline Marois vont un jour les mettre en oeuvre ? Et qui croit sérieusement que les appareils syndicaux vont organiser le type de lutte nécessaire pour défendre les salaires, les emplois et le niveau de vie des travailleurs contre l'assaut mondial des banques et des grandes entreprises.

Alors que les syndicats ont été autrefois associés aux grandes luttes sociales et aux gains importants de la classe ouvrière, ils ont été transformés dans les trente dernières années en appendices de la grande entreprise, sabotant les luttes des travailleurs et subordonnant politiquement la classe ouvrière au PQ, ce parti de la grande entreprise. Personne ne devrait oublier le rôle que les syndicats ont joué pour imposer les compressions massives des dépenses sociales imposées par le gouvernement péquiste de Lucien Bouchard et Bernard Landry au nom du déficit zéro. Les syndicats ont déjà capitulé devant les plans de compressions budgétaires de Charest. Lors des dernières négociations du secteur public, ils ont accepté une entente de cinq ans, y compris des augmentations de salaire sous le taux de l'inflation et la diminution du nombre des travailleurs, et le reste. Et ils cachent délibérément aux travailleurs que le PQ critique le gouvernement Charest de la droite pour ne pas couper assez rapidement dans les dépenses sociales.

Le Parti de l'égalité socialiste soutient que, pour défendre leurs emplois et leurs droits fondamentaux, les travailleurs doivent organiser leurs luttes sur une nouvelle base, radicalement différente, basée sur les conceptions suivantes :

La classe ouvrière fait face à une lutte politique. En s'opposant aux compressions de Charest, les travailleurs du Québec ne défient pas les politiques d'un gouvernement en particulier, mais la stratégie de classe de toute la bourgeoisie. Au Canada et de par le monde, la grande entreprise est déterminée à faire payer les travailleurs pour la crise du capitalisme en détruisant ce qui reste de l'État-Providence et en criminalisant les travailleurs qui veulent se défendre.

En Grande-Bretagne, le gouvernement a annoncé des coupes de plus de 100 milliards de dollars et veut abolir des centaines de milliers de postes. En France, l'âge de retraite vient d'être repoussé. En Grèce, au Portugal, en Espagne et en Irlande, les gouvernements imposent des attaques draconiennes aux travailleurs à la demande des grandes banques internationales. Aux États-Unis, l'administration du Wisconsin fait face actuellement à une véritable révolte des travailleurs mobilisés par centaine de milliers contre les compressions et une loi qui abolit le droit des travailleurs à négocier collectivement leurs conditions de travail.

L'affirmation qu'il n'y a pas d'argent est un mensonge. L'élite dirigeante exige la destruction des services sociaux et publics au nom de la réduction des déficits budgétaires massifs. Mais la société est en fait plus riche aujourd'hui que jamais à cause de la productivité accrue du travail résultant de la révolution en informatique et télécommunications. Ce qui empêche cette richesse d'être utilisée non seulement pour maintenir, mais aussi étendre les services publics, c'est l'organisation capitaliste de la vie socio-économique, où la production et l'emploi sont subordonnés aux profits de la grande entreprise. Au cours des trois dernières décennies, les revenus des riches ont gonflé suite à une forte hausse dans l'exploitation des travailleurs. Entretemps, des gouvernements libéraux, péquistes et conservateurs, aux niveaux fédéral et provincial, ont réduit radicalement l'impôt sur l'entreprise, le revenu et les gains en capitaux.

Les travailleurs ont besoin de nouvelles organisations de lutte, basées sur un programme socialiste et internationaliste.

Partout dans le monde, les travailleurs font face à la réalité que les syndicats et les soi-disant partis de gauche (les partis sociaux-démocrates et communistes staliniens) les ont trahis, collaborant étroitement avec la grande entreprise pour démanteler les services publics et imposer des baisses de salaires et des suppressions d'emplois. L'orientation nationaliste et réformiste de ces organisations est à la base de cette transformation : elles acceptent la permanence du système capitaliste et prêtent allégeance à l'État national.

Au Québec, les syndicats se sont intégrés à la direction patronale et à l'élite dirigeante à travers toute une série de comités tripartites et institutions corporatistes, comme le Fonds de solidarité. Si les bureaucrates syndicaux sont récemment sortis de leur torpeur pour s'opposer à la « montée de la droite » au Québec, c'est parce que les Péladeau, l'ADQ et d'autres préconisent de mettre fin ou de rabaisser le rôle de ces relations tripartites, menaçant ainsi les privilèges des bureaucrates syndicaux.

Mais l'opposition des syndicats à la « montée de la droite » est fondamentalement différente de celle des travailleurs et elle lui est complètement opposée. Les syndicats lancent un appel aux libéraux et au PQ sur la base du rôle qu'ils jouent pour maintenir la « paix sociale » au Québec, et pour développer et faire respecter le « consensus national » de la bourgeoisie. Si les travailleurs du Journal de Montréal ont été laissés seuls à se battre, c'est parce que les syndicats savent que l'organisation d'une lutte ouvrière de masse, qui aurait fait arrêter l'impression du Journal et qui aurait défié l'assaut des tribunaux sur les travailleurs, les aurait menés tout droit en confrontation avec l'ensemble de l'élite québécoise et, selon leur point de vue, « aurait poussé Charest et Marois dans les bras de Péladeau et de la droite ». En fait, les différences entre le PQ, les libéraux et l'ADQ sont tactiques : ils cherchent tous le meilleur moyen d'imposer la crise capitaliste à la classe ouvrière.

Il en sera de même dans la lutte contre les coupes budgétaires. Les syndicats vont étouffer toute lutte qui dépasse les dénonciations rituelles et ultimement futiles du gouvernement libéral. Car une lutte véritable se transformerait inévitablement en mouvement politique et social de masse et en menace pour tout l'establishment capitaliste.

Les travailleurs et les jeunes du Québec doivent rompre la camisole de force politique imposée par la bureaucratie syndicale en développant de nouvelles organisations de lutte indépendantes de son contrôle. Ils doivent lutter pour un mouvement politique indépendant de la classe ouvrière, qui mette de l'avant un programme socialiste visant à résoudre la crise économique aux dépens de la grande entreprise et à développer une lutte commune avec les travailleurs partout au Canada, ainsi qu'aux États-Unis et autour du monde. Le nationalisme québécois s'est avéré être un piège, un moyen de subordonner les travailleurs du Québec à la grande entreprise et de séparer leurs luttes de celles lancées par les travailleurs ailleurs au Canada et à l'échelle internationale.

Nous appelons tous les travailleurs et les jeunes à venir à notre assemblée publique jeudi prochain (voir ci-dessous), à lire notre site web quotidien, le wsws.org, et à se joindre à nous pour construire le Parti de l'égalité socialiste, la section canadienne de la Quatrième Internationale.

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