30/03/2011 alterinfo.net  3 min #51343

 Deux fractions oligarchiques déchirent le pays

Côte d'Ivoire : Les armes, jusqu'où ?

Les plaidoiries de Vergès et Dumas n'y ont rein fait : Gbagbo a perdu ; après quatre mois d'atermoiement consternants, il est désormais attaqué par la force armée.

« Toutes les voies pacifiques pour amener Laurent Gbagbo à reconnaître sa défaite sont épuisées ». Le texte a été signé ce mardi 29 par Alassane Ouattara et Henri Konan Bédié, du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP). La veille, Ouattara avait envoyé paître le huitième émissaire de l'Union Africaine, qui proposait... des pourparlers.

Les troupes de la rébellion des Forces Nouvelles (FN), l'armée du Nord, fidèles soutiens de Ouattara, rebaptisées en Forces Républicaines de Code d'Ivoire, ont pris l'offensive lundi. Une progression rapide. Dès hier soir, les troupes avaient pris une série de villes importantes sur toute la largeur du pays : Bondoukou (est), près du Ghana, Abengourou (sud-est) à seulement 220 km d'Abidjan, Daloa (centre-ouest) et Duékoué (ouest), à 300 km de Pedro, l'important port (sud).

Laurent Gbagbo a demandé un « cessez-le-feu immédiat et l'ouverture du dialogue sous la médiation du haut représentant de l'Union Africaine». Dans le même temps, il appelle ses partisans aux armes, affirmant qu'Abidjan ne tombera jamais. Manifestement, Gbagbo mise tout encore sur la partition du pays.

Le bilan de ces quatre mois de crise est lourd : selon l'ONU, on compte 460 morts et un million de personnes déplacées.

Les questions s'accumulent, car Ouattara veut déloger Gbagbo du palais présidentiel mais il doit aussi gérer une situation politiquement, économiquement et socialement pourrie par dix ans de crise institutionnelle.Quels sont les forces et les appuis de Ouattara et de Gbagbo dans le sud du pays ? Cette avancée militaire va-t-elle se confirmer ? Tournera-telle à la guerre civile quand les soldats de Ouattara s'approcheront d'Abidjan ? Y-a-t-il une possible sortie honorable pour Gbagbo ? Une telle guerre urbaine, et dans cette ville d'Abidjan, est-elle possible ? L'unité de la Cote d'Ivoire est-elle vraiment en jeu ? Les armes circulent... Le pays peut-il plonger dans une longue guerre civile ? Qui pourra pacifier un jour la Côte d'Ivoire ?

L'ONU est massivement présente en Côte d'Ivoire, et spécialement à Abidjan. Les casques bleus vont-ils être attaqués ? Que feront-ils si la violence armée s'installe dans Abidjan, sous leurs yeux ? La France est là, aussi. Jusqu'à quelque stade de violence pourra-t-elle rester sur la réserve ? Le Conseil de Sécurité est saisi de la question ivoirienne. Doit-il considérer que l'affaire est interne à la Côte d'Ivoire, qui après un processus électoral très correct, définit son destin avec le recours aux armes ?

Chaque jour qui passe montre que le mandat donné par la résolution 1973 sur la Libye a été dépassée. L'interventionnisme international a affirmé son but, un appui aux rebelles pour un changement de régime, loin de « la responsabilité de protéger » la population civile. Ces choix ont-ils carbonisé cette notion si récente du droit international ? Pourra-t-elle à nouveau être évoquée comme motif d'une intervention armée internationale en Côte d'Ivoire, où les drames pour la population civile sont déjà une réalité ? Mais quelle action internationale si les combats s'installent dans les quartiers d'Abidjan ?

Nuit sur Abidjan

 alterinfo.net

 Commenter